J'exposais hier le contexte légal et règlementaire dans lequel la commune se doit de traiter le difficile dossier de l'urbanisation du "Bois sacré". Je l'évoque dans le titre que j'ai donné à ces articles : je ne pourrai jamais ne pas respecter la loi. Mais, ainsi que je le note aussi, le maintien d'une qualité de vie pour mes concitoyens est tout aussi important. Et il faut donc concilier les deux.
Nous n'avons que trop appris à connaître et à - très difficilement ! - gérer les incidences de l'urbanisation intense dans des quartiers dont la configuration géographique et les aménagements existants ne permettent pas d'absorber l'apport d'importantes populations nouvelles sans nuisances et dégradations majeures de la qualité de vie, non seulement pour les anciens habitants, mais aussi pour les nouveaux venus eux-mêmes : Vignelongue, Gai Versant, Mouissèques, etc. Un vaste programme comme celui qui fait l'objet d'une demande de permis de construire au Bois sacré doit ainsi être étudié et les décisions mesurées à l'aune du droit de l'urbanisme, bien sûr, mais aussi à la lumière des expériences fâcheuses que l'on a connues dans ces autres quartiers. Et, d'ailleurs, les habitants, notamment regroupés au sein de très importants et dynamiques comités d'intérêt local, comme ceux des Mouissèques et de Balaguier, voisins immédiats du site, en ont pleinement conscience et, attachés comme moi à la démocratie participative, ont depuis des mois manifesté l'inquiétude qui est la leur.
URBANISATION NON MAITRISÉE : NE PAS REPRODUIRE LES ERREURS
En clair, il ne faut pas reproduire les erreurs d'un passé récent. Et ça doit passer par une évaluation objective et complète des impacts possibles d'un tel projet. Et de la résolution préalable des difficultés, dans toutes leurs dimensions, qu'un tel programme peut entrainer.
Certaines apparaissent à l'évidence. Déjà très compliquée à certaines heures, et en particulier à certaines périodes de l'année, la circulation automobile depuis la corniche vers le nord de la commune, voie unique et obligée pour quitter la ville vers Toulon ou Marseille en passant par le goulet du port, va, sauf à ce qu'une étude n'atteste du contraire - mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, être durement densifiée.
DE LÉGITIMES QUESTIONS SUR LA CIRCULATION ROUTIÈRE
Plus de 350 nouveaux logements, c'est à coup sûr plusieurs milliers de véhicules supplémentaires immanquablement coincés aux endroits de ralentissement contraint comme les débouchés des voies Jacques-Casanova, Maurice-Blanc, le giratoire Toussaint-Merle, ou encore les angles des voiries du port. Je ne vois pas comment la loi pourrait permettre de délivrer un permis de construire sans résolution préalable de ces difficultés qui surgiront à coup sûr dès le début d'un chantier qui devrait générer d'importants mouvements de poids lourds.
Et on ne peut guère compter, même si chacun le souhaite, sur un usage accru des transports collectifs pour dédensifier la circulation routière : ce site littoral n'est desservi ni par des bus ni par des bateaux-bus.
ANALYSER TOUS LES IMPACTS ET APPORTER DES SOLUTIONS PRÉALABLES
Outre cette difficulté évidente, se posent d'autres problèmes pour lesquels des études complètes doivent être produites, apportant toutes les réponses aux questions qui se posent à l'esprit de tous. Ainsi, lorsqu'on sait que tous les travaux sur le bassin versant de la Rade - et nous y sommes - sont encadrés de telle sorte qu'en aucun moment on n'observe plus de 0,52 microgrammes de matières en suspension, il faut être assuré que ni le chantier ni, ensuite, les aménagements qui auront réduit l'absorption des eaux de ruissellement par la minéralisation des surfaces ne génèreront des déversements de matières dans la mer.
De même, il faut être assuré que les milliers de mètres cubes de déblais probablement pollués (nous sommes là sur un ancien dépôt d'hydrocarbures) qui vont naturellement devoir être emportés vont l'être dans des conditions sécurisés car il s'agit bien de traverser une zone urbaine dense. Et il faut aussi, car on est dans un site à la fois pollué et revenu à l'état sauvage après des décennies d'abandon, lieu de promenade pour les riverains actuels, être assuré que toutes les études d'impact sur la faune, la flore, les actuels usagers et les futurs résidents, auront bien été réalisées et toutes les solutions de précaution sur la préservation des espèces et la santé des personnes apportées. Et je pourrais encore évoquer les légitimes inquiétudes sur les services nécessaires à offrir à une nouvelle population, le bruit, l'insertion paysagère, l'impact visuel depuis la mer, le maintien des usages des riverains, voire même les éventuelles réalités archéologiques, car l'une des hypothèses avancées par les historiens pour expliquer la dénomination de "Bois sacré" serait que cette zone boisée aurait jadis servi de lieu de sépulture pour les victimes des épidémies.
UN PASSAGE OBLIGÉ : TRAVAILLER TRÈS EN AMONT ET AVEC LES HABITANTS
Je le répète. Loin de moi l'idée de ne pas chercher à atteindre les objectifs de production de logements que la Loi impose à La Seyne comme à toutes les communes déficitaires, mais ça doit se faire en compatibilité avec la qualité de vie des habitants d'aujourd'hui et des futurs résidents
Je suis certain, pour avoir déjà travaillé en harmonie avec le constructeur qui a déposé le permis de construire sur d'autres projets désormais bien intégrés à leur quartier et à la ville, qu'il est possible d'avancer avec sérieux, en travaillant avec les porteurs du dossier et des représentants des populations environnantes, pour diagnostiquer parfaitement tous les impacts et apporter des solutions certaines et durables.
C'est ce que je demande aux élus et services de la commune et de l'État en charge du suivi de ce dossier. J'ai confiance en tous les acteurs.