11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 06:04

http://www.blog-city.info/fr/img1/13141_maglev-train.gifJe les comprends, mes collègues maires des communes varoises dont les populations s'inquiètent depuis des mois de voir une Ligne à Grande Vitesse (LGV) traverser leurs vignobles d'appellations contrôlées, leurs équipements urbains, ou leurs nappes et réservoirs d'eau naturelle.

Pourtant, on ne peut pas en rester là. La population de Provence Alpes Côte d'Azur a quintuplé depuis la réalisation, en 1860, de la ligne ferroviaire Marseille-Toulon-Nice. On prédit un million d'habitants de plus en 2040. Les réseaux routiers sont saturés et les usagers de la route, dans notre région, perdent en moyenne 7 jours par an dans les encombrements, nombre qui atteindra 10 jours dans dix ans. Le taux d'accidents de la route est en PACA une fois et demie supérieur à la moyenne nationale. On crée de nouvelles voies sur les autoroutes et certains s'accordent à dire qu'il faudrait doubler l'A8 reliant Aix à l'Italie. On sait que le gain de fluidité obtenu avec le tunnel de Toulon et l'élargissement de l'A57 vers l'Est sera réduit à néant sept à dix ans après leurs réalisations. De toute façon, les funestes capitalistes de Vinci-Escota menacent de ne pas en finir la réalisation, dont il était convenu qu'ils assument le surcoût en contrepartie d'un allongement de la durée de leur concession autoroutière, si les parlementaires donnaient suite à leur projet de limiter à 80% la déductibilité des intérêts des emprunts des entreprises.

Et question écologie, la situation est catastrophique. Marseille est la ville la plus polluée de France, nos trois agglomérations littorales sont parmi les plus polluées d'Europe, et, faute d'intervention pour améliorer le bilan carbone, un risque d'astreinte nous pend au nez du fait d'un contentieux européen pour la qualité de l'air.

Chacun s'accorde à dire que la solution passe par le ferroviaire. Et pas seulement les institutions : un sondage réalisé pour le compte de Réseau Ferré de France (RFF) révèle que 80% des habitants de PACA sont favorables à une ligne à grande vitesse... pour peu que le train ne passe pas dans leur jardin ! La Région, autorité organisatrice de transports, a augmenté les offres attractives de tarification, dont la fameuse carte "Zou", a rouvert des lignes et augmenté le nombre de dessertes régionales. Or le moindre incident sur les lignes ferroviaires génère des retards de deux à quatre heures. Les Trains Express Régionaux (TER) bloquent les Intercités qui bloquent les TGV qui bloquent les trains de marchandises. Malgré les contraintes imposées par la Région pour que la SNCF fasse un maximum d'efforts, et les modernisations réalisées depuis 1998, les retards et suppressions de trains perturbent encore beaucoup trop les usagers.

Soyons raisonnables. On ne peut pas en rester là, nos enfants nous le reprocheraient demain. Alors, bien sûr, entendons ceux qui craignent pour leur environnement immédiat, pour la protection paysagère et le devenir des sites économiques agricoles et viticoles, mais ne ratons pas le train de la mobilité. L'État a annoncé que la raison budgétaire et financière commande que l'on soit réaliste et qu'il faut s'avouer que tous les projets de LGV ne pourront être réalisés. Il serait fou que la Région PACA ne soit pas au nombre des programmes retenus par la commission qu'a installée le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, pour faire le tri des projets devant être poursuivis. Même si, et ce serait raisonnable, on oublie le "concept" de LGV pour le transformer en projet global de mobilité qui, tout de même, ne pourra ignorer ni la nécessité de la circulation des TGV, même si ce n'est pas à leur vitesse maximale, ni leur desserte de l'agglomération toulonnaise.

Il est possible de travailler par phases : résoudre le problème majeur du noeud de la gare Saint-Charles de Marseille et la mobilité entre Cannes et Nice constitue une priorité absolue. Régler la question de la mobilité urbaine autour de Toulon, entre Bandol et Hyères, dans l'esprit d'un Réseau Express Régional (RER) est également indispensable, surtout si le projet de Transport en Commun en Site Propre (TCSP) de l'agglomération toulonnaise doit repartir à zéro suite à une probable décision de la justice administrative devant survenir sous peu. Désenclaver le Moyen Var est aussi nécessaire.

Le Président de Région, Michel Vauzelle, a écrit en ce sens au ministre des transports. Avec Jean-Yves Petit, vice-président de la Région chargé des transports et de l'éco-mobilité, nous nous sommes rendus au ministère il y a quelques jours pour plaider cette cause. Je l'ai encore défendue ce mercredi auprès du préfet du Var et de RFF, devant mes collègues maires invités à faire le point, même si certains d'entre eux demeurent hésitants, voire réticents. J'approuve la proposition de Jean-Pierre Véran, président de l'association des maires du Var, de soumettre au vote une sorte de "voeu" lors de notre prochaine Assemblée Générale. Je lui soumettrai un texte.

Sauf à considérer que nous ne voulons être qu'un vivarium pollué pour riches retraités et sans avenir économique pour notre jeunesse, la région de France qui, avec l'Île-de-France, connaît le plus fort développement, où se trouvent trois des dix plus grandes métropoles du pays, qui est au cœur de l'arc Barcelone-Gênes et du pôle euro-méditerranéen, ne peut pas en rester avec des infrastructures de mobilité du XIXe siècle !

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Publié par Marc Vuillemot - dans Transports régionaux et nationaux