14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 07:10

http://www.ville.gouv.fr/IMG/jpg/myriam-el-khomri_portrait-officiel_crop.jpg"Oui, on partage. C'est dans toutes ces directions qu'il faut que nous allions."

Ça, ce sont les mots de Myriam El Khomri, secrétaire d'État à la politique de la ville, avec laquelle nous avons échangé, deux heures durant, ce mardi, pour évoquer la situation des banlieues et de leurs habitants après les tragiques événements de la semaine passée.

En écrivant "nous", je veux parler de notre petite délégation (*) de membres du bureau de "Ville et banlieue", notre association de maires de communes inscrites dans la géographie prioritaire.

Nous avons rappelé notre position et notre mobilisation dans cette période douloureuse que vit la République, développé tour à tour nos expériences locales et émis des propositions, tant il y a urgence à apporter des réponses sociales, avec des moyens financiers et humains, à conforter les acteurs locaux dans leurs actions quotidiennes, et, notamment, à renforcer l’éducation dans toutes ses dimensions : nationale, populaire, spécialisée. Des pistes ouvertes que nous avions travaillées, dans l'urgence mais forts de nos constantes analyses partagées, et exposées dans le texte que je présente ci-après, en forme de mémorandum, qu'il faut désormais décliner en actes...

 

"En 48 heures, 4,5 millions de personnes se sont mobilisées à Paris et partout en France dans des marches citoyennes. Comme eux, nous, élus de banlieue, avons vécu sous tension, l'horreur puis l'espoir de ces cinq longues journées.

"Notre république sait désormais qu'elle est vulnérable. Forte autant que vulnérable. Et qu'elle peut basculer, dangereusement et peut-être irrémédiablement.

 

LES BANLIEUES SONT SUR LE FIL...

"Or nous le disons depuis longtemps : les banlieues, sont en première ligne. Cette tragédie nationale le rappelle avec brutalité : elles sont aujourd'hui, plus que jamais et plus que tout autre territoire, le révélateur et le théâtre de nos fractures, de nos impuissances, contradictions et faiblesses. Mais aussi de l'avenir possible donné aux promesses de l'humanisme républicain. Les banlieues sont sur le fil, prises entre la révolte et le déni devant cette barbarie, la volonté d'en être et la crainte de trahir, la tentation mortifère de l'identité et la difficulté de s'en sortir, l'intégration et la désintégration.

 

... MAIS LES ACTEURS DES BANLIEUES SAVENT OÙ SONT LES ENJEUX DU POSSIBLE

"Nous, élus de banlieue, savons où sont les enjeux du possible. Nous savons qu'il nous faut d'urgence rebrancher l'économie sur l'utilité sociale et environnementale. Développer la participation citoyenne et donner les moyens de faire ensemble. Combattre la misère et le mal-logement, poursuivre la rénovation urbaine bien sûr, surtout intensifier, amplifier la tâche jamais terminée de l'éducation, avec l'Education nationale et avec les familles dont la confiance et la coopération doivent être systématiquement recherchées. Combattre l'obscurantisme et les fanatismes. Faire comprendre et partager le trésor de la laïcité qui protège les croyances autant qu'elle préserve de leurs débordements. Enseigner à l'école de la République les faits religieux et les cultures de tous. Punir sans complaisance ni culpabilité, et d'où qu'ils viennent, le sexisme, les préjugés racistes et les discriminations. Apprendre ensemble la légalité, rappeler chacun à ses devoirs, à l'impératif de civilité et de civisme. Apporter des moyens à la santé mentale et combattre les toxicomanies. Refuser la banalisation des violences autant que la prolifération des armes. Garantir la présence des services publics en soutenant leurs agents de terrain (médiateurs, travailleurs sociaux, enseignants, policiers, gardiens d'immeubles, professionnels de santé, ...). Travailler partout avec les associations locales à la culture, à la tolérance et au désenclavement des esprits. Redonner confiance et place à tous, en offrant aux énergies disponibles les débouchés qu'elles méritent. Réintroduire l'éducation populaire qui permet l'émancipation des individus."

 

POUR VOIR NOS JEUNES AUX AVANT-POSTES DE LA "GÉNÉRATION CHARLIE"

Oui, pour que les enfants et les jeunes de banlieue puissent être aux avant-postes de la "génération Charlie", nous, les élus des villes de banlieue, nous demandons à participer, officiellement et de plein droit, aux discussions et aux politiques nouvelles qui doivent s'élaborer, sinon dans l'unanimisme imposé, du moins dans le plus large consensus démocratique possible. La ministre a dit oui. Notre rencontre de ce mardi a été un premier temps de travail. Et nous répondrons ce vendredi à une nouvelle invitation pour travailler avec d'autres, acteurs de l'éducation populaire, têtes de réseaux associatifs et d'initiatives. Il y a urgence. Il faut qu'il y ait des jours d'après.

 


(*) : Notre délégation : Catherine Arenou, maire (DVD) de Chanteloup-les-Vignes (78),  Hélène Geoffroy, députée-maire (PS) de Vaulx-en-Velin (69), Gilles Leproust, maire (PCF) d'Allonnes (72), Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny (91), Jean Touzeau, maire (PS) de Lormont (33), et moi-même.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale