5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 19:35

http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcT0c_30B3hHZln5VpzBJCObwtuE7moLXhO7MikDyl4fD4QKT532Il est très brun et, ces temps-ci, il porte un collier de barbe. Les policiers français sont montés dans le train à une gare entre la frontière italienne et Nice. Ils ont contrôlé les identités de divers passagers. La sienne, entre autres. Pourquoi pas. C'est un moyen comme un autre de prévention.

Lorsqu'il a présenté sa carte nationale d'identité italienne, ça ne leur a pas suffi. Il a fallu qu'ils le questionnent sur lui-même et son voyage, les raisons de celui-ci, sa destination, son activité.

Comme ils l'ont fait pour d'autres passagers. Hasard sûrement, mais, s'agissant de ceux de son wagon, plutôt ceux aux peaux mates ou foncées. Une de ses voisines de voiture, qui n'a pas été contrôlée, a avancé une explication : "Ils vous ont pris pour un Lybien". Ils ont fait de même en direction d'une famille d'Italiens d'origine sénégalaise.

Il avait juste pris le train de Milan pour venir faire la surprise d'une visite impromptue à sa bien-aimée. Ma fille.

Il me l'a raconté sans animosité. Juste pour l'anecdote.

Moi, ça m'a mis en colère. Colère et honte. Colère contre moi-même, citoyen d'un État ayant signé en 1995 - 16 ans déjà... (le sien, l'Italie, l'a signée en 1997, deux ans après) - la convention de Schengen, qui prévoit la libre circulation des personnes entre les pays signataires. Colère contre ce ministre de l'Intérieur et ce gouvernement de mon pays qui en rajoutent en donnant des ordres cyniques à notre police pour, à l'image de ce que l'Europe a vécu dans les années 30 et 40, faire de l'Autre, l'Étranger, le Différent, un bouc-émissaire cause facile de tous les maux de notre peuple. Honte contre notre silence assourdissant à nous, les démocrates français, de la droite républicaine comme de la gauche, qui ne pouvons pas faire mine d'ignorer la posture inique que prennent nos gouvernants.

Et j'ai eu une pensée pour nos frères Tunisiens, ô combien plus pauvres que nous, qui ont ouvert les portes de leur pays, lui-même en souffrance, à des centaines de milliers de leurs/nos frères Lybiens, réfugiés fugitifs aux pieds nus, en proie à l'angoisse de ce qui se joue au coeur de leur nation.

Français, nous en avons les moyens, ouvrons notre porte à ceux qui souffrent. Et surtout ceux qui souffrent des effets induits des luttes qu'ils mènent, au prix du sang et des larmes, pour que ces valeurs qui ont fait de la France le pays des Lumières soient enfin en vigueur chez eux. La Liberté, l'Égalité, la Fraternité.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale