28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 04:38

http://www.anacr.com/images/moulinbas.jpgL'association des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR) a convié ce lundi les élus et la population à célébrer le 70ème anniversaire de la création, autour de Jean Moulin, du Conseil national de la résistance, organisme réunissant les divers réseaux de résistants, qui, dans son programme "Les jours heureux", a fixé ses orientations stratégiques pour faciliter la victoire des Alliés contre les armées nazies et a posé le socle de la reconstruction d’une société démocratique et solidaire au lendemain de l'armistice. Après l'allocution de Jeanne Vaisse, présidente du comité local de l'ANACR, j’ai moi-même prononcé un discours...

« Vous avez rappelé les circonstances qui conduisirent à la création du Conseil National de la Résistance.

« Vous avez évoqué l’action de Jean Moulin, fédérateur d’organisations bien différentes, leur rassemblement et la coordination de leurs actions qui permirent la victoire des Alliés et la préparation de la réorganisation du pays, une fois la victoire acquise.

« C’est sur ce dernier aspect que je souhaite nous interroger. Faut-il accumuler les malheurs d’une guerre pour que soient admises et acceptées par une majorité indiscutable des mesures qui, en profitant à tous, demandent à chacun un effort en proportion de ses capacités réelles ?

« On pourrait hélas le croire, tant les résistances au mieux-être de certaines parties de la population sont le reflet assourdissant d’égoïsmes divers, de préservation de prés-carrés historiquement dépassés, ou de conservatismes improductifs.

« Est-ce donc la guerre ou bien plutôt la bonne intelligence des hommes et des femmes de la Résistance qui, au sortir d’un combat si inégal, ont su imaginer une nouvelle démocratie ?

« Une République laïque et sociale où la solidarité est un devoir national à organiser. Oui, à organiser, non pas comme on fait l’aumône, non pas comme une charité, mais comme une dépense nécessaire à la dignité de tous dans un Etat moderne qui se préoccupe de toutes ses populations.

« Vous devinez ma réponse. Qui, je le crois, est notre réponse à tous, ici. « Je veux croire que c’est la bonne intelligence des hommes et des femmes de la Résistance qui les a fait opter simplement et totalement pour la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » ; non pas que les notions de travail et de famille soient mineures, - elles sont simplement réductrices - alors que la Liberté, collective, individuelle, dans le respect du groupe, des groupes, est un espoir universel, que l’Egalité, devant la loi, l’éducation, la formation, le logement, l’accès aux soins, est un objectif universel, que la Fraternité, qui rend possible le partage, car même si nous naissons égaux, les premiers pas des uns sont bien différents de ceux des autres selon que l’on naît ici ou bien ailleurs, est un message universel.

« Un espoir, des objectifs, un message, voilà ce que nous a apporté le Conseil National de la Résistance. C’est de sa réflexion que sont venues les idées de protection de la liberté de conviction des autres, des minoritaires, des faibles, des fragiles et des fragilisés.

« Ce que je veux souligner, c’est que ces femmes et ces hommes ont choisi de résister contre la résignation, contre l’injustice, contre la violence de la vie telle qu’elle est, contre les violences, contre l’arbitraire, contre l’ignominie.

« Ils ont, par cette volonté singulière, qui, je le rappelle, est indépendante de leur histoire, de leur milieu, de leur religion, lié les citoyens que nous sommes à une République solidaire, démocratique, fraternelle. Notre vigilance aujourd’hui est de ne perdre ni la solidarité, ni la fraternité. « Certes ce ne sont que des mots, - mais les mots ne sont dérisoires que lorsqu’ils sont vides de sens – aussi prenons garde à ne pas les réduire à notre bonne conscience car ces mots ont soulevé et soulèveront encore des populations désespérées.

« L’idéal de la Résistance est encore lointain, son but social n’est malheureusement pas abouti, nous devons continuer inlassablement à nous battre pour la paix, la justice, les droits de l’homme, le service public... J’aime à rappeler qu’être citoyen, c’est la capacité, pour chacun, de s’élever au dessus de ses seuls intérêts pour se soucier du bien public et je veux croire Georges Semprun lorsqu’il dit  « Les Hommes peuvent être admirablement solidaires ».

« Solidaires vers des jours heureux... à construire, encore et toujours. »

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire