Je ne pouvais imaginer, en évoquant il y a quelques jours la question de l'accueil des gens du voyage sur les communes de l'agglomération toulonnaise, que nous allions être confrontés ce dimanche à des "travaux pratiques" dont nous nous serions bien passés. Des dizaines de caravanes ont en effet investi les stades de rugby de Léry à La Seyne et Fernand Sastre à Six-Fours. Et voilà deux maires de l'ouest Var une nouvelle fois confrontés à des situations complexes, comme chaque année en cette période de mai.
Pour le maire de Six-Fours comme pour moi-même, l'exercice est en effet chaque fois un véritable numéro d'équilibristes, car, malgré le fait que nous disposons d'une aire d'accueil intercommunale, l'absence d'aire de grand passage sur le territoire de Toulon Provence Méditerranée interdit toute expulsion ordonnée par la puissance publique. C'est la Loi.
Je me suis naturellement rendu sur place et, dans la limite de mes prérogatives, j'ai mis les choses au point avec nos visiteurs. Accompagnés par une association dûment reconnue qui les aide juridiquement, ils savent bien, en effet, que le Droit est avec eux ; ils viennent d'ailleurs d'obtenir un jugement condamnant une commune provençale à leur verser 500 euros d'astreinte quotidienne pour n'avoir pas réalisé d'espace pour leur accueil... et ils en sont à 21.000 euros...
DES DROITS ET DES DEVOIRS
Ceci étant, si je ne peux - et ne veux - que me soumettre à la Loi, j'ai précisé avec fermeté, en présence d'un médiateur mandaté par l'État, quelques points fondamentaux, car la Loi ne permet pas tout et n'importe quoi. La police municipale est ainsi chargée de relever les immatriculations des véhicules et identités ; un état des lieux contradictoire est dressé, incluant les dégradations déjà subies par les portails d'accès, et il est clairement entendu que la justice sera saisie en vue d'obtenir réparation du moindre dégât constaté au terme de leur séjour. La police nationale est, de son côté, chargée d'enquêter pour identifier les auteurs de faits dont a été victime un cadre municipal qui tentait de s'opposer à l'intrusion sur le stade ; une plainte est déposée et la Ville assure naturellement la protection juridique à ce fonctionnaire. Et, responsable de l'hygiène et de la sécurité sanitaire, j'ai exigé que les branchements électriques, l'adduction d'eau et le rejet des eaux usées soient réalisés conformément aux règles, et indiqué qu'un titre de recettes sera émis. J'ai enfin expliqué aux gens du voyage que des centaines d'enfants et de jeunes vont se voir privés de pratique sportive, ce qui est d'autant plus désolant dans une ville où le sport est un facteur majeur d'égalité et d'accès à la citoyenneté. Voilà ce qu'il en est, et qui, espérons-le, coupera court aux inepties que j'ai entendues et lues depuis hier, sur fond de propos racistes punissables.
LE TOURNOI DES PETITS RUGBYMEN AURA LIEU
Pour autant, alors que 600 petits rugbymen étaient attendus pour un grand tournoi national sur trois stades seynois dimanche prochain, cette situation sape les efforts et l'enthousiasme des personnels du service municipal des sports et des dizaines de bénévoles de notre club de rugby, l'Union sportive seynoise, qui vont devoir imaginer des solutions de rechange d'autant plus compliquées que, tandis que Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, répondait favorablement à ma demande d'utiliser le stade Fernand-Sastre en remplacement du complexe Léry, ce dernier était lui aussi l'objet d'une même intrusion ! Nos deux villes ont toutefois décidé de coopérer pour que cet événement sportif puisse se dérouler au mieux en mobilisant nos autres équipements et moyens de transports. À charge de revanche.
Mais il faudra surtout que toutes les villes de l'agglomération, et surtout celles situées l'Est qui, seules, disposent de grands espaces, coopèrent pour que le territoire de TPM soit enfin en conformité avec la Loi et que puisse enfin être imposée, éventuellement par voie de justice et, si nécessaire, avec l'appui de la force publique, l'installation des gens du voyage sur les terrains dévolus à leur accueil auxquels ils ont légalement droit. Il y a urgence.
> Dernière info : Finalement, les activités du tournoi de rugby des "Pitchouns" vont toutes pouvoir se dérouler sur d'autes équipements sportifs seynois. Merci de tout de même à la ville de Six-Fours d'avoir proposé son aide.