J'avoue ne pas bien comprendre la logique qui prévaut dans la tête - ou l'entourage conseilleur - du Chef de l'État.
Je me souviens bien sûr de Chevènement, en 1983, quittant le gouvernement car en désaccord avec "la parenthèse libérale" en indiquant : "Un ministre, ça ferme sa gueule, et, si ça veut l'ouvrir, ça démissionne".
Dans cette logique, qui vaut ce qu'elle vaut, parce que, dans une équipe, on peut aussi discuter, il aurait été compréhensible que Montebourg et Hamon soient priés par le Premier Ministre de remettre leurs démissions après les critiques et propositions alternatives qu'ils ont formulées ce week-end en matière économique.
Mais, là, la démission du gouvernement dans son ensemble, suivie de la désignation instante, dans la foulée, de Valls pour former une nouvelle équipe, m'interroge.
Je crains que ce ne soit interprêté comme un signe de refus de se poser, comme nous, les élus locaux, et n'importe quels animateurs conduisant des projets, le faisons régulièrement, pour faire le point, analyser, faire des choix, réorienter si nécessaire, ou conforter une voie si c'est celle qui semble être la meilleure, ou "le moindre mal", ou la plus consensuelle. Il n'y a de honte ni à revoir nos options, ni à suer pour convaincre nos concitoyens de leurs utilités, sous réserve qu'on soit à leur écoute et dans l'échange, plutôt que d'exiger qu'on "la ferme", et que ça roule. L'injonction "Je ne veux voir qu'une seule tête !", c'était bon lors de mon service militaire.
Cette démarche d'analyse constante, c'est ce que, dans nos communes, nous faisons en permanence, pour essayer de coller aux besoins de notre peuple qui est bien malmené par nos politiques économiques et sociales européennes. Et par leurs traductions nationales. Où est le crime de lèse-majesté que de pointer que la voie allemande chrétienne-démocrate du moment n'est peut-être pas la plus pertinente pour les Européens ?
Alors, bordel médiatique pour bordel médiatique, qui sera vite oublié car surgi à un moment où nos concitoyens sont plus préoccupés par les difficultés de la rentrée - notamment celles de leurs enfants écoliers... -, j'ai le sentiment qu'on va manquer une occasion de trouver une voie utile, de reparler avec nos partenaires de la gauche et de l'écologie, de prendre le pouls des besoins des Français, et de trouver les compromis de gestion socialiste des temps difficiles que nous traversons.
En nous rappelant que, à partir du milieu du XVIIIe siècle, c'est la France du progrès qui a montré la voie aux pays de l'Europe et du Monde, certes non sans souffrance, mais avec une belle détermination, mais aussi avec ses maladresses et même avec ses horreurs, qui fait que, deux siècles et demi après, on en parle encore...
Ce serait dommage de gâcher ça. Et un congrès du Parti socialiste dans l'immédiate foulée, ce ne serait pas non plus du luxe...
Mais, bon, je ne suis qu'un tout petit maire socialiste d'un tout petit bout de France. Et ce que j'en dis...