C'était la première fois, depuis 1985 - je crois - que j'ai adhéré au Parti socialiste, après avoir été militant du défunt Parti socialiste unifié, que j'assistais à un Congrès du PS, ce week-end à Toulouse.
Ce que j'en retiens d'abord, c'est que l'on a intérêt à retravailler les infrastructures de nos lignes de chemin de fer car, à cause de deux arbres qui se sont abattus sur les voies et les caténaires du fait des intempéries dans le Languedoc et la Provence, le trajet de retour, qui devait être réglé en cinq heures, place assise réservée, aura duré plus du double, dont la moitié debout et "esquiché" au milieu de quelques centaines d'autres voyageurs, dès lors que les agents de la SNCF, avec savoir-faire, sympathie, et bel investissement professionnel, n'ont eu d'autre ressource, pour rechercher de la fluidité sur l'unique voie restée utile du réseau, que de rassembler en un seul convoi les passagers de plusieurs trains. Heureusement qu'il n'y avait pas dans la rame une parturiente devant accoucher à l'hôpital Sainte-Musse ! Ce genre de situation, c'est hélas monnaie courante, pour une raison ou une autre, sur notre ligne Marseille-Toulon-Nice, et, consolant et rassurant un petit garçon apeuré, craignant de perdre son gros sac de voyage, qui voyageait seul pour aller passer quelques jours de vacances scolaires chez sa marraine, j'ai eu une pensée pour les obstinés qui s'acharnent, certes dans un louable élan militant, à s'opposer à la recherche d'une solution du XXIe siècle permettant un développement des transports ferroviaires par une nouvelle ligne. Qui, je sais, devra bien passer quelque part dans l'intérêt de tous et engendrer quelques dégats collatéraux pour quelques-uns que les techniques d'aujourd'hui sauront tout de même minorer.
Mais je m'éloigne de mon sujet. Ce que j'en retiens, au fond, de ce Congrès, c'est un sentiment d'unité recherchée et de volonté de faire, et faire bien, de la part des socialistes, dans leurs diversités, malgré les entraves imposées par la crise, par les grands patrons hargneux (pas ceux des petites et moyennes entreprises, bien sûr) que l'on n'a jamais vus aussi présents sur la scène publique pour pleurnicher et menacer, par la droite qui ne manque pas d'air pour s'offusquer après les dix ans qu'elle a fait vivre à notre pays, et par beaucoup de médias, stratèges habiles au service des précédents qui, au lieu d'aider à élever les consciences, choisissent d'abrutir, ramollir et abêtir les masses avec des faits divers, des événements du sport d'élite, ou des histoires croustillantes de la vie faussement privée des stars du moment.
Solidaires avec Hollande, Ayrault et son gouvernement, nous voulons et devons l'être. Pour notre peuple qui attend tant d'eux.
Les aider, les accompagner, leur donner le "peps" pour ne pas céder face aux tenants du grand capital, qui sont aussi les tenants des rènes de cette Europe des sales traités qui s'imposent à nos 27 nations, via les gouvernements des pays majoritairement acquis à leur cause de nantis exploiteurs, ça suppose un Parti socialiste fort, militant, coopératif avec les autres mouvements de progrès.
Je le sais, pour être moi-même, à ma toute petite échelle de maire d'une des 36.000 communes du pays, en proie à des situations compliquées, parfois schizophréniques, de choix de gestion, pour sauver ce qui me semble être l'essentiel des acquis républicains, la place des socialistes, radicaux, républicains et écologistes qui gouvernent le pays ne doit pas tous les jours être... rose. C'est justement ça qui doit justifier, imposer, garantir, une parole forte du PS et de ses partenaires de la gauche et de l'écologie, pour assurer un rôle de garde-barrière des limites de compromission (je pèse mes mots, je n'ai pas écrit "compromis") que nos camarades en charge de la France ne doivent pas franchir. Notre peuple attend tant de nous. Et les peuples de l'Europe nous regardent.
Alors, à ce Congrès, il fallait bien que certains nous rappellent à notre rôle historique dont les Blanqui, Barbès, et autres Jaurès, ont assis les fondations. C'est ce qu'ont fait ce week-end Lienemann, Maurel, Guedj, Filoche et d'autres, sous les applaudissements nourris de centaines de camarades, bien au-delà des 28% d'entre nous qui ont soutenu la motion d'orientations politiques que nous avons signée et promue. Ceux-là ont bien fait d'oser l'invitation à l'audace du gouvernement et du parlement.
Oui, il faut tenir les engagements, déjà fort raisonnables, de Hollande ! Ne lâchons rien ! Ni sur le droit de vote des étrangers résidant légalement en France depuis plusieurs années aux élections locales, ni sur la prédominance du travail sur le capital (et donc sur les mesures qui doivent en découler : laissons "ramager", comme on dit en Provence, les "pigeons", les grands patrons des boites supra-nationales, les fonds de pensions, les Jouyet, sous-ministre de Fillon-Sarkozy, dont je tremble à l'idée qu'il a été choisi pour diriger la future banque publique d'investissement, et les Gallois à qui on confie naïvement le soin de produire des "rapports" dont les conclusions, tout dans la nuance qu'elles fussent, ne satisferont de toute façon jamais les appétits des capitalistes), ni sur l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes, ni sur l'accès aux soins de proximité en moins d'une demi-heure de trajet, ni sur le droit au logement garanti, ni sur le non-cumul des mandats, ni sur la révolution énergétique à engager d'urgence pour sauver la planète, ni sur la laïcité républicaine, ni sur l'éducation et la formation permanente assurée à tous, ni sur l'augmentation des bas salaires car c'est la garantie absolue de la productivité utile, ni sur la nécessité d'interdire par la loi les licenciements boursiers, ni sur la possibilité légale de nationaliser des secteurs industriels pour assurer le redressement productif de la France, ni sur la taxation des dividendes outrageux de certains pour servir le pays, ni sur la sauvegarde des caisses de sécurité sociale et de retraite par répartition qui sont un bel exemple de fraternité par les cotisations conjuguées des employeurs et des salariés, et qui ne sont en rien des "charges" mais une mutualisation solidaire.
Ni sur la République, en fait. À quelque chose près, pas bien loin de ce que Roosevelt a engagé aux USA, dans les années '30, pour sortir son pays de la crise de la "Great Depression".
Je fais partie de ceux des socialistes qui pensent que le PS doit peser rudement sur le gouvernement pour l'aider à ne céder sur rien du projet du Président de la République. Seize millions d'électeurs ont confié à Hollande une suberbe mission, dans la pire des périodes que la France a eu à connaître depuis 1945. Soyons en harmonie avec la majorité de notre peuple.
À l'issue de ce 76ème Congrès du PS - le premier pour moi -, un courant va se créer au sein du parti, non pour exister pour lui-même, non pour engager des stratégies d'appareil, non pour gêner Harlem Désir, nouveau premier secrétaire, mais simplement pour nous donner, à nous socialistes, comme à ceux qui comptent sur nous, à penser, débattre, et tirer dans le bon sens, décomplexés. J'étais déjà des courants qui se sont donné cette mission en d'autres temps. Je serai de celui là. Pour la République Sociale.