12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 06:26

http://savoiretpartage.com/wp-content/uploads/2011/11/soldat-francais.jpgLa commémoration de l'armistice de 1918 a connu ce lundi un succès inhabituel de participation. Bien sûr, le soleil était de la partie, mais j'ai été ravi aussi, non seulement de la présence très nombreuse des associations d'anciens combattants et victimes des conflits, de la jeunesse généralement au rendez-vous au travers de la préparation militaire marine et de la classe "défense" du collège Henri-Wallon, des militaires d'active et des réservistes, des pompiers, des policiers nationaux et municipaux, de la philharmonique "La Seynoise" et de la Clique seynoise, mais également d'un grand nombre de personnes engagées dans la course à la mairie pour les élections municipales de 2014, dont certaines titulaires d'un mandat électif acquis en d'autres territoires que celui de La Seyne, jouant des coudes pour figurer au premier rang, ce qui a eu l'heur d'amuser certains, dont moi, mais aussi de troubler, voire offusquer, d'autres, dont des représentants d'associations patriotiques et des porte-drapeaux qui m'ont dit que cet empressement inhabituel troublait la solennité du moment.

Il est vrai, bien sûr, qu'un député, fût-il élu d'une circonscription du nord de Toulon, est chez lui dans toute la France. Il est aussi une réalité qu'un conseiller régional, fût-il toulonnais, est élu des six départements provençaux, alpins et azuréens. Et qu'il ne saurait être question de mépriser les élus de la République. Mais, lorsque une telle volonté de placement bien à la vue des photographes devant le monument aux morts contraint le maire qui, du coup, se retrouvait à n'avoir pas plus de place au premier rang que la députée-suppléante de la circonscription de La Seyne, à demander courtoisement que l'on accepte de se décaler un peu, ça frise le ridicule.


DES POSTURES QUI ONT IRRITÉ CERTAINS, ET DONNÉ À SOURIRE À D'AUTRES

 Si je le relate aujourd'hui, alors que, sur le moment, ça m'a plutôt fait sourire, c'est bien que ça a troublé plusieurs de ceux qui œuvrent inlassablement au devoir de mémoire, au point qu'une petite altercation s'en est suivie sur le sujet lors de l'apéritif qui, traditionnellement, suit la commémoration, entraînant le départ prématuré d'anciens combattants disant être choqués, non tant des circonstances lors de la cérémonie que du mépris qui leur aurait été affiché lorsqu'ils ont fait remarquer, au cours des agapes amicales, qu'il aurait été bien que chacun reste tranquillement à sa place. Vraiment, j'en appelle à la quiétude républicaine.

131111 armisticeJ'en appelle aussi à l'esprit d'indulgente compréhension quant à la tenue des participants aux cérémonies républicaines. Car autre chose a interrogé certains : le fait qu'une des jeunes collégiennes y ayant pris part avec ses camarades portait un foulard. Oh, il ne s'agissait pas d'un voile intégral, loin de là, mais d'une coiffure qui ne dissimulait en rien le visage de la jeune fille, au sens de la loi de 2011. Lorsqu'on m'en a parlé, à l'issue de la cérémonie, je ne voyais même pas à quelle adolescente on faisait référence, tant cette mode, tout à fait légale, fait partie du quotidien de nos teenagers comme la jeune fille en question, vêtue, non d'une burqa ou d'un hijab, mais comme ses camarades d'un jean et d'un haut en vogue dans la jeunesse d'aujourd'hui.

 

UNE JEUNESSE ÉVEILLÉE, COURAGEUSE, ET SENSIBLE AU DEVOIR DE MÉMOIRE

 Alors, oui, on peut toujours s'arc-bouter avec un extrême pointillisme sur les principes républicains. Ayant appris le trouble de certains participants considérant qu'il y a eu une sorte d'atteinte à la laïcité constitutionnelle puisque la jeune fille était ainsi coiffée devant le monument aux morts et le drapeau tricolore, et que ce voile pouvait être interprété comme un signe d'appartenance religieuse, j'ai évoqué la question avec les professeurs, la représentante de la direction de l'établissement scolaire et la responsable académique, également présente, chargée des relations de l'Éducation nationale avec la Défense nationale, qui, elles non plus, n'y ont pas prêté cas, et m'ont dit être assurées que l'adolescente qu'elle connaissent bien n'a eu quelque velléité de ne pas se conformer aux usages, ni a fortiori de provoquer quiconque. Même si, pour l'avenir, les représentantes de ce collège m'ont confirmé qu'elles prêteraient attention à la question, de façon préventive, car il eût été difficile d'interrompre la cérémonie pour ce petit accroc, mettant en difficulté une mineure devant des centaines de personnes, ce en quoi je partage leur sentiment.

131111_armistice_2.jpgCar, ce que je veux retenir, c'est plutôt que, une fois de plus, les enseignants et la direction du collège Wallon, invités comme tous les établissements secondaires de La Seyne par le comité des associations d'anciens combattants à réhausser les commémorations officielles par la présence de jeunes, ont répondu présents. Et les "ados" n'étaient pas là pour une simple présence statique. Ils ont préparé longuement leur venue en classe et dans leurs temps libres, lu à plusieurs voix et avec talent une lettre poignante d'un poilu décrivant l'horreur de la guerre, et déposé chacun une bougie sur la stèle des morts pour la France avant d'observer une minute de recueillement. Ça, tous les adultes présents qui m'en ont parlé l'ont ressenti comme une marque d'espoir en une jeunesse éveillée, courageuse, sensible au devoir de mémoire. Et, de toutes sensibilités politiques, ceux qui m'entouraient ont eu comme moi tendance à vouloir applaudir à l'issue de ce moment empreint d'émotion.

Car l'émotion était bien au rendez-vous, ce 11 novembre. Et c'est cela qui compte et doit rester en nos mémoires.

Demain, je publierai le discours que j'ai prononcé.

Partager cet article

Repost0
Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire