19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 05:28

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTSvbI4OrLUbqpoBXENIRU25wgfBTSPuYIY1YorZFgySMDhH1iCNous étions samedi rassemblés sur le Parc Braudel des Sablettes, devant la stèle où est apposé "l'Appel du 18 juin" que le général De Gaulle a lancé aux Français depuis Londres pour qu'ils ne se résignent pas à la suite de la capitulation de l'État pétainiste et entrent en résistance contre les nazis et les fascistes.

J'ai prononcé un discours...

"Le 18 juin 1940, à 18 heures, un général deux étoiles proclame à la radio de Londres que « la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Le 16 juin, en apprenant la démission du Président du Conseil, Paul Reynaud, il avait décidé de partir « dès le matin » pour l’Angleterre afin de poursuivre le combat. Le 17 juin, Pétain avait demandé l’armistice.

 "L'appel du 18 juin était un message d'espoir. Il faisait entrer le terme de « résistance » dans le vocabulaire politique du XXe siècle. Il affirmait que la mondialisation de la guerre ferait la victoire.

"Aujourd’hui, une autre mondialisation est en marche. L'humanité est confrontée à une crise d'une ampleur sans précédent qui entraîne un appauvrissement rapide de bien des populations. Cette paupérisation annule les progrès et se nourrit de la destruction de l'environnement. Elle engendre la ségrégation sociale, elle encourage le racisme, elle s'attaque aux droits des femmes et elle précipite dans les nationalismes.

"On met souvent en avant un caractère inéluctable du processus de cette mondialisation devenue mortifère. Et force est de constater que nous vivons déjà dans un monde d’interconnexion et d’interdépendance : en effet, tout ce qui peut se passer quelque part affecte la vie et l’avenir des gens partout ailleurs.

"Aucun territoire souverain, si vaste, si peuplé, si riche soit-il, ne peut protéger à lui seul ses conditions de vie, sa sécurité, sa prospérité à long terme, son modèle social ou l’existence de ses habitants. Mais, à l’inverse, aucun Etat, si fort soit-il, ne peut enrayer la volonté des peuples indignés par les injustices.

"Nous vivons désormais dans une économie financiarisée, dure, caricaturale, dont le seul horizon est le profit, rapide, cupide, cruel pour les victimes. On est bien loin des vieilles notions d’équilibre, de raison, de morale et d’éthique, qui devaient accompagner le capitalisme des origines. La main invisible qui devait réguler les marchés est inopérante et aveugle !

"Nous savons bien, avec Winston Churchill qui a accueilli De Gaulle à Londres, que la démocratie est le moins mauvais des systèmes de gouvernement. Or celle-ci n’existe que dans l’alternance pacifique du pouvoir, lequel a le devoir de faire vivre ce que, en France, on résume en trois mots : liberté, égalité, fraternité ! Et ce n’est pas un hasard si, trois semaines après l’appel du Général De Gaulle, cette devise a été enterrée par l’Etat collaborateur.

"Dans son fond et sans que les circonstances soient à comparer, cet appel de De Gaulle, demeure d’actualité. Le printemps fut arabe, l’été sera-t-il grec, espagnol, européen et indigné ? La jeunesse veut résister. Elle veut croire à un autre possible. Elle ne veut pas se résigner. Elle lance son « appel ».

"Pour les plus modestes, le processus vital est engagé : hausse des prix alimentaires, du logement, de l’énergie… les plus pauvres se restreignent sur le chauffage, l’alimentation, la santé. Le chômage est subi et l’alternative est le temps partiel contraint, la baisse des salaires, le déclassement, l’exclusion.

"Avec pour conséquence le repliement, la frustration, le rejet des autres et de l’étranger. On prétend qu’une solution serait de fermer les frontières !… La délinquance et tous nos maux seraient, forcément, liés à l’immigration. C’est une stigmatisation indigne. On instille doucement le racisme, comme dans les années 30. Heureusement que De Lattre de Tassigny, qui a répondu à l’appel de De Gaulle après l’invasion de la zone libre, ne s’est pas arrêté à de telles simplifications lorsqu’il a réussi l’amalgame des armées d’Afrique et des forces de la France Libre qui ont largement contribué à la libération !

"L’« appel » de notre jeunesse est clair : elle nous exhorte à enfin regarder vers elle et à porter le regard un peu plus loin que notre giron ! Changer la société est pour les jeunes un horizon légitime. L’espoir que portait De Gaulle est aujourd’hui dans leur camp et ce sont eux qui appellent à la résistance.

"Résister aux soi-disant évidences que l’on nous assène. Oui, il est possible de faire autrement. Autrefois, un homme isolé s’est levé et, in fine, la France s’est assise à la table des vainqueurs, aux côtés d’ailleurs de ceux-là mêmes qui voulaient instituer un protectorat américain...

"Que les Etats, les Nations, s’entendent donc dans une nouvelle alliance qui ferait fi des intérêts de profit et dont le caractère inhérent serait de vouloir la paix, le partage, l’éducation. Travaillons à une gouvernance mondiale passant par la préservation de l’environnement et un humanisme retrouvé.

"Cela serait-il foutaise, balivernes, irréalisme ?

"En 1940, le Général De Gaulle était bien seul devant son micro à la BBC… Lorsqu’il imagine l’avenir, ce 18 juin, De Gaulle ne se laisse pas enfermer dans la réalité pourtant accablante de la capitulation. Nous connaissons la suite. Croyons comme lui que la bataille du XXIe siècle n’est pas perdue ; que l’espoir et la volonté ne sont pas vains.

"L’histoire, ce sont les hommes qui la font. Rien ne se transforme ni ne s’adapte sans l’impact des volontés et des passions humaines.

"Le message de De Gaulle, en 2011, ce doit être : demain, mieux et autrement !"

 

> L'image illustrant cet article (la même d'ailleurs "l'appel" figurant sur la stèle du parc des Sablettes) n'est en fait pas la reproduction de "l'Appel du 18 juin" de Charles de Gaulle mais de ce qu'on a appelé "L'affiche de Londres" publiée quelques jours après et qui reprend en substance son appel à la résistance. Voir ICI l'appel et ICI l'affiche.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire