9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 07:36

http://www.ghisonaccia.fr/photo/art/default/4170346-6328905.jpg?v=1336462213Ce jeudi a été commémorée la capitulation des nazis. Nous étions une nouvelle fois nombreux, élus, anciens combattants, déportés, résistants, victimes des guerres, porte-drapeaux de leurs associations, représentants des polices nationale et communale, de la défense nationale, dont les jeunes de la préparation militaire marine parrainée par la ville de La Seyne, citoyens seynois et visiteurs, avec les orchestres de la Clique seynoise et de notre Philharmonique. Le discours que j’ai prononcé à cette occasion...

« Du 1er septembre 1939, jour où l’Allemagne nazie a déclenché l’invasion de la Pologne, au 8 mai 1945 qui voit la capitulation de l’Allemagne nazie, on aura sûrement vécu l’une des guerres les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité.

« Les précédents orateurs ont rappelé à notre mémoire des temps forts de cette page de notre histoire. Ce conflit horrible aura a mis en jeu – ignoble gâchis ! - la mobilisation de la totalité des ressources humaines et économiques des nations engagées.

« Rejetant le joug fasciste et nazi, les États qui se voulaient libres et les nombreux mouvements de la Résistance de ceux qui étaient asservis, dans de nombreux pays de l'Europe et du Monde, ont défendu les valeurs de liberté, de démocratie, et les droits de l'homme.

« Cette guerre restera marquée bien sûr par des millions de morts, qu'ils aient été des soldats répondant à l'appel de leurs nations ou des civils décimés par les atrocités commises par les régimes totalitaires.

« Elles ont durement frappé, et j’évoquais ici même il y a quelques jours « die Endlösung », la "solution finale", le génocide des Juifs, programmé en janvier 1942, techniquement et méthodiquement organisé lors de la conférence de Wannsee.

« Alors, on parle, dans les livres d'histoire, de la guerre de 39-45.

« Ces années-là sont certes les bornes temporelles du "conflit officiel", depuis la déclaration de guerre de la France et l'Angleterre à l'Allemagne en réponse à l'agression de la Pologne, leur alliée, jusqu'à la signature de la capitulation allemande de 1945.

« Mais nous-mêmes et nos enfants devrons toujours avoir en mémoire que c'est sur le terreau d'une idéologie funeste qu'a mûri cette guerre.

« C'est bien, en effet, parmi les Allemands et les Italiens eux-mêmes que l'on compta les premières victimes du nazisme et du fascisme, bien avant le début des hostilités guerrières de nos livres d'histoire.

« N'envoya-t-on pas en déportation et à la mort, dès 1927, ceux qui en Italie se refusèrent à adhérer à des slogans comme "Credere, obbedire, combattere" (« Croire, obéir, combattre »), car, pour les fascistes, l'homme ne devait pas trop réfléchir, et ne pouvait se réaliser que par la guerre ?

« Et le Börgermoorlied, le "Chant des marais", qui a, depuis, été entonné dans le monde entier, n'a-t-il pas été composé dès 1933 par des prisonniers politiques allemands internés en camp de concentration par d'autres Allemands aveuglés par le nazisme ?

« Ayons-le en mémoire pour les générations futures : l'un des plus inhumains des conflits qu'a connus l'humanité a germé sur un socle de barbarie plus que sur une simple confrontation entre nations.

« Mais souvenons-nous que, déjà, des années avant le début de la guerre, se levait chez les victimes l'espoir d'un monde meilleur, vainqueur des tenants des idéologies nauséabondes qui avaient submergé les belles nations de Cervantès, de Goethe et de Dante.

Doch für uns gibt es kein Klagen.

Ewig kann's nicht Winter sein.

Einmal werden froh wir sagen :

Heimat, du bist wieder mein !

ce qu'on peut traduire à peu près par...

Mais ne nous plaignons pas.

L'hiver ne peut être éternel.

Un jour, nous dirons joyeusement :

Ô Patrie, je te retrouve !

« Nous n’étions qu'en 1933... six ans avant la guerre et douze longues années avant l'armistice de 1945.

« Et, hélas, aujourd'hui, huit décennies plus tard, l’hydre monstrueuse est toujours tapie au fond des âmes obscures, et ce combat, contre la haine, contre le négativisme, contre le rejet de l’autre, de l’étranger, du différent, est encore et toujours d’une brûlante actualité. Et notre vigilance doit être d’autant plus forte aujourd’hui que la bête, habile, se pare d’habits honorables.

« C’est pourquoi il convient que nous perpétuions, par des cérémonies simples, sans tapage médiatique outrancier, ouvertes à toutes les composantes de notre peuple, mais pourtant solennelles, comme celle d'aujourd'hui, au fond de notre coeur et de notre mémoire, le souvenir de ce comportement exemplaire de milliers d’hommes et de femmes, soldats et civils, qui, au milieu de tant de lâchetés, de trahisons, de tentatives d’avilissements, ont su élever leur vertu d’humanisme, de courage, et d’abnégation.

« Et, aux jeunes qui sont là, je dirai que la véritable leçon, le véritable mérite, sont peut-être ailleurs : ils doivent être, dans les temps de paix que nous avons la chance de connaître, dans notre capacité, au quotidien, à vivre ensemble, les uns, les autres, avec nos différences, mais dans des valeurs humanistes communes.

« Et nous devons toujours nous garder de succomber aux sirènes de ceux qui jouent avec les mots qui incarnent les valeurs fondamentales de la République, tels la laïcité.

« Ce sont des mots qu’ils n’hésitent pas à dévoyer en les utilisant au service d’une sémantique xénophobe, manière de fustiger adroitement, comme on l’entend ça et là, par exemple à propos de la restauration scolaire, non plus les immigrés venant d’une région du monde, mais les pratiquants de la religion qui y est majoritaire, en une habile façon de camoufler les discriminations raciales en discriminations culturelles car cultuelles, instrumentalisant la laïcité afin de faire passer un discours de haine pour des propos républicains.

« Car ceux-là mêmes qui distillent ces messages prônent l’assimilation, donc la dissolution des cultures dans une vision étroite de l’identité. Dans leurs esprits et dans leurs logorrhées de bon aloi, « assimiler », c’est digérer les cultures des autres, c’est nier le droit à la différence et à l’existence de tous et de chacun sur les terres de ce Monde que nous avons en partage.

« L’histoire nous a montré combien il est dangereux de hiérarchiser ainsi les cultures selon un pseudo-degré de compatibilité avec la laïcité. Ça permet, par exemple, à certains faux amis, mais vrais ennemis, des valeurs des Lumières du XVIIIe siècle français qui ont rayonné sur le Monde, d’exclure de la République certains de ses enfants tout en masquant leur xénophobie derrière un discours pseudo-laïc et souvent, de surcroît, pseudo-féministe.

« Et ce sont ces mêmes logiques pernicieuses, et le silence assourdissant de ceux qui en tiraient un profit de l’immédiateté, comme certains, parés des atours de la légitimité élective pour trahir la mémoire de leur pères qui ont résisté à l’indicible, savent encore le faire aujourd’hui, qui ont conduit le monde du milieu du XXe siècle à s’entre-déchirer au point de pleurer des millions de morts et de disparus.

« Alors, le chantier est plus que jamais ouvert, et il est immense.

« Et, il doit nous attacher, à la veille de la fête de notre continent, à garantir durablement la réconciliation des peuples au sein de l’Europe.

« Une Europe aujourd’hui à la fois formidable parce que cette association libre de pays souverains est unique dans le monde, et, très en difficulté parce que trop centrée sur la stricte économie, une Europe qui oublie ses réflexes solidaires imaginés voilà plus de cinq décennies.

« A l’échelle de l’histoire, ces décennies sont un balbutiement. L’union économique était le point de départ d’un projet qui devait renverser les frontières, rassembler les peuples aux antipodes des idées nationalistes. Hélas, le dogmatisme monétaire, l’obsession identitaire, renversent la table et l’ambitieux projet se ratatine comme un mauvais soufflet.

« Voilà ce qu’écrit un commentateur, je cite « L’œuvre commune s’étiole, les peuples se détournent d’une construction dont ils ne comprennent ni l’utilité ni la finalité, et qu’ils voient comme le bras armé d’une ouverture à tous vents, menaçants leurs acquis et leur avenir... L’Europe comme projet démocratique, comme œuvre commune des nations qui ont passé leur histoire à se faire la guerre et qui ont décidé il y a soixante ans de faire vivre la paix, se meurt. Elle meurt de l’inconscience, de l’égoïsme de classe ».

« Notre défi, aujourd’hui encore, est de revenir au projet initial, celui des peuples fraternels, celui qui garantit la paix pour les générations, celui qui travaille à une prospérité collective, celui qui, parce qu’il nous concernerait tous, serait en mesure de redonner, à tous, de l’espoir.

« 69 ans ont passé et l’effroi des peuples, découvrant l’enfer des camps, la folie des hommes, ne peut plus être notre moteur. Il doit être l’ambition d’un projet qui s’occupe des hommes et de leur avenir.

« Dans les valeurs que nous devons nous interdire de dévoyer, il y a la mémoire, qui est le ferment de l’espérance, et le moteur de ceux qui veulent aller de l’avant.

« Souvenons-nous, toujours, afin de ne pas revivre les mêmes erreurs.

« Et que, dans nos têtes, se fredonnent sans cesse quelques mots de la version française du "Chant des marais" :

Liberté, Liberté chérie,

Je dirai : Tu es à moi,

Ô terre enfin libre

Où nous pourrons revivre,

Aimer. »

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire

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Marc VUILLEMOT

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