14 juillet 2024 7 14 /07 /juillet /2024 07:22

 

Est-ce si critiquable qu'ils prennent le temps de discuter pour s'entendre sur le nom de celle ou celui qui, au nom du Front populaire, pourra être appelé à constituer un gouvernement par le président de la République, alors même que celui-ci semble ne pas être pressé d'accepter la démission de son premier ministre dont la politique a pourtant été sévèrement sanctionnée par le peuple de France ?

 

L'important n'est-il pas qu'ils se soient accordés sur le programme et que la Nation leur ait – certes relativement – demandé de le mettre en œuvre ? En est-on à quelques jours ou semaines après ?

 

 

SOUVENIRS, SOUVENIRS... LES PALABRES PRÉ-MUNICIPALES DE LA GAUCHE SEYNOISE

 

Il revient à ma mémoire les interminables soirées passées tantôt rue Amable-Lagane, au siège de la section du Parti communiste français, tantôt quai Gabriel-Péri, au siège de celle du Parti socialiste, pour constituer les listes de candidatures communes aux élections municipales des dernières décennies du siècle passé.

 

D'éminents camarades de l'un et l'autre des deux principaux partis de la gauche seynoise, pour beaucoup aujourd'hui disparus, maniaient le crayon à papier, alors même qu'étaient démocratisées les calculatrices de poche à la luminescence verte, à grand renfort de divisions à la x-ième décimale, de calculs proportionnels et autres règles de trois, pour tenter d'obtenir le maximum de sièges pour sa propre formation sur la liste commune. D'une élection à l'autre, en fonction des opportunités du moment pour l'un ou l'autre camp, on plaidait tantôt pour une répartition des sièges à la proportionnelle à la plus forte moyenne, tantôt au plus fort reste. On palabrait jusqu'à point d'heure pour savoir si on évaluait les représentativités des uns et des autres sur la base des scores respectifs des plus récentes élections ou aussi des précédentes, des seuls scrutins locaux ou de l'ensemble des rendez-vous électoraux de la décennie écoulée. On discutait ferme pour savoir combien chaque camp devrait "supporter" de laisser de places à des "non-inscrits", à des femmes (eh oui, c'était jadis...), à des entrants, à des représentants d'autres partis minoritaires. On marchandait ainsi chacune des 49 places de la liste, à coup de fausses concessions, de menaces de rupture des négociations, de jeu de la montre, d'impératifs de "retourner vers la base", de chantage à la saisine des instances arbitrales des accords nationaux. Et on finissait par y arriver, les "cosaques" satisfaits d'avoir escroqué les "roses", les "socio-traitres" ravis d'avoir filouté les "bolcheviks".

 

Sauf qu'on avait tellement passé de temps à discutailler sur la constitution de la liste qu'on laissait de côté le contenu du projet pour la commune à soumettre pour six ans aux Seynoises et aux Seynois. On s'arrangerait toujours avec de belles formules sur les documents de campagne.

 

Mais la situation du pays du moment n'a pas du tout la même configuration...

 

 

IL FAUT DU TEMPS POUR PRÉPARER LA MISE EN ŒUVRE ? EST-CE SI GRAVE ?

 

Aujourd'hui beaucoup de médias ne relèvent que les atermoiements des représentants des diverses nuances du Nouveau Front Populaire à accoucher d'un nom. Or on peut imaginer que, dans le conclave où se retrouvent les représentants des partis de l'alliance, c'est l'ensemble des modalités opérationnelles qui doivent être discutées, à la lumière des perspectives possibles de mettre en œuvre le programme sur lequel les sensibilités se sont accordées. Et que les électrices et électeurs ont lu, entendu, évalué et, pour un tiers d'entre eux, choisi. On le suppose et on l'espère, ça ne doit pas concerner que l'identité de la cheffe ou du chef du gouvernement, mais l'ensemble de celui-ci, les responsabilités à l'Assemblée Nationale et dans diverses institutions stratégiques, en intégrant dans la réflexion commune la majorité toute relative, les velléités de M. Macron de gagner du temps – merci les J.O. et J.P. ! – pour contourner le verdict accablant des urnes en recherchant une coalition de sa mouvance libérale défaite avec tout ou partie des autres droites non moins désapprouvées (moins + moins = plus ?), l'estimation des points du programme sur lesquels des majorités de vote pourront se constituer sûrement au cas par cas, les perspectives dans l'hypothèse où toutes les oppositions au Nouveau Front Populaire, fût-ce contre nature par des convergences avec l'extrême-droite, feraient échouer les tentatives d'avancées sociales et écologiques qu'on espère et attend.

 

Tout ça – si c'est bien ce qui se joue dans les alcôves des négociations – n'est pas du temps perdu. Ces quelques jours ou quelques semaines de travail de fond ne peuvent que bénéficier au renforcement de la cohérence et la cohésion de l'unité des gauches et de l'écologie que les Françaises et Français nous ont tant reproché de ne pas avoir réalisée plus tôt. Si c'est le prix à payer pour plus de pouvoir d'achat, une retraite à un âge décent, un avenir environnemental plus durable, des services publics pour tous et en tous lieux, de la santé et du logement, une tranquillité et une sureté publiques assurées, des libertés préservées et une égalité accrue, que les médiateurs de tous nos partis prennent le temps qu'il leur faudra.

 

Avec, à l'arrivée, au moins un peu – sinon beaucoup – de Nouveaux Jours Heureux...

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale