16 juillet 2024 2 16 /07 /juillet /2024 03:11

 

Consensuel est le qualificatif qui convient très généralement aux discours des édiles lors des cérémonies patriotiques telles que celle de la Fête nationale du 14 juillet. Ce fut en grande partie le cas à La Seyne ce dimanche.

 

En grande partie, sauf que quelques phrases tombant comme un cheveu sur la soupe entre évocation historique et exigence de sauvegarde des valeurs républicaines ont pu mettre à mal le consensus qui a toujours prévalu en ces moments solennels. Quel insecte a bien pu piquer la maire de La Seyne ? Pourquoi donc s'est-elle emparée de ce moment universel pour mener une charge de politique politicienne sur des enjeux strictement locaux ?

 

Et en déformant une nouvelle fois à son avantage la réalité des faits.

 

 

MADAME THATCHER, LIQUIDATRICE DU SERVICE PUBLIC, À LA RESCOUSSE

 

Convoquer les mânes de Margaret Thatcher, baronne de Kesteven in the County of Lincolnshire, monarchiste ultraconservatrice et chrétienne méthodiste revendiquée – parce que la religion apporte « l'ordre, la précision et la rigueur » –, était en soi osé pour un temps commémoratif de la fête de la Fédération marquant la chute de l'Ancien Régime et l'avènement de la République laïque, mais se servir d'un de ses propos pour introduire son auto-satisfaction quant à l'accomplissement de sa propre œuvre s'apparente à un numéro de haute voltige de hussarde.

 

Il fallait déjà se hasarder à embrayer avec « si vous voulez que quelque chose soit dit, demandez à un homme. Si vous voulez que quelque chose soit fait, demandez à une femme », sentence de l'ancienne Prime minister britannique, manière aimable de flinguer au passage les 84 maires seynois précédents, mâles phraseurs inactifs devant l'Histoire, comme chacun sait. Or voilà que notre première magistrate a entrepris de vanter ses propres grandes réalisations en matière de services publics, sûrement dans la lignée de l'illustre anglaise qui compte à son actif d'avoir vendu au privé les mines de charbon, le gaz, l'électricité, le transport aérien, les télécommunications, et même les prisons, ne laissant à son successeur John Major que la charge d'en finir en cédant au plus offrant le réseau ferroviaire du Royaume-Uni. C'était un étrange choix de référence tant il est vrai que la "Dame de fer" s'est employée avec ardeur à débarrasser le royaume du maximum de services publics car elle les considérait comme des vecteurs de solidarité entre individus, ce qui avait pour effet de « privilégier » certains d’entre eux... les plus faibles.

 

 

ET HOP, UN NOUVEAU TOUR DE PASSE-PASSE DERRIÈRE LA COCARDE

 

Mais, pour la maire, intrépide s'il en est, qu'importait ? L'essentiel était d'égrener une liste de ses réalisations en faveur du service public local depuis son élection. Et en particulier, et là ce fut hardi en matière de numéro d'illusionnisme, la création récente de "l'Agora des services publics" implantée par sa grâce au quartier Berthe. Oui, oui, en guise d'innovation, on parle bien de la Maison des services publics fondée il y a... un quart de siècle, répondant aux besoins de 44.000 usagers de tout l'ouest Var, que la première magistrate avait décidé de fermer il y a quelques mois mais qu'elle a dû se résoudre à maintenir sous la double pression de l'État promoteur des Maisons France Service qui voyait d'un mauvais œil la disparition de la plus importante du Var, et d'un collectif d'usagers, d'associations, de syndicats et des partis politiques et de l'écologie et de leurs élus au conseil municipal, mobilisés avec succès pour obtenir l'abandon d'une décision aux conséquences qui auraient pu être désastreuses pour les publics. 

 

Là, profiter d'un événement rassembleur et toujours intense en émotion pour faire avaler comme étant une innovation le simple fait de relocaliser ce service historique et de lui trouver un nouveau nom pompeux alors qu'on lui réservait le pire des sorts relève d'une audacieuse bravoure digne de celle des plus grands révolutionnaires. Respect républicain !

 

Vraiment, pour les services publics, ce dimanche 14 juillet 2024 à La Seyne, je devrais dire ce sextidi, 26 Messidor de l'An CCXXXII de la République, le jour de gloire est arrivé.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale