Si certains éditorialistes font tant de foin autour du projet de rencontre nationale entre les Socialistes et les Insoumis prévue ce mercredi, mettant en exergue les possibles – et probables – points de discorde sur le projet, c'est qu'ils sentent que ceux-ci pourraient être dépassés, que la mayonnaise pourrait bien prendre, et que l'Union populaire pourrait être au rendez-vous.
C'est plutôt bon signe. Notre peuple en a tant besoin.
Les médias n'en ont pas fait autant lorsque les Insoumis, les Verts, les Communistes, les Anticapitalistes et ceux de « L'Engagement », le mouvement d'Arnaud Montebourg, ont enclenché de semblables démarches. Symboliquement, en effet, un accord intégrant le Parti socialiste marquerait le retour de celui-ci aux fondamentaux de l'historique SFIO, le "parti-père" des grands courants des gauches, et ouvrirait la voie de la concrétisation de l'unité complète de projet des gauches et de l'écologie, des socio-démocrates à la gauche radicale, qui pourrait bien augurer d'une espérance possible pour les classes populaires et moyennes. Et ça, ça inquiète certains.
CHASSEZ LE NATUREL AUTOCRATIQUE, IL REVIENT AU GALOP
C'est d'autant plus nécessaire que, un peu vite oublieux du fait que seul un cinquième de l'électorat français, soit 14% de la population, a choisi son projet le 10 avril et que les Françaises et Français qui l'ont élu ont pour la plupart voté contre l'extrême-droite et non pour lui, M. Macron a eu tôt fait de faire annoncer par son lieutenant M. Le Maire que la retraite à 65 ans pourrait bien être imposée de force, sans vote de l'Assemblée Nationale, alors même qu'il laissait croire dans l'entre deux tours que, finalement, tout ça pouvait être discuté.
Légitimé par l'élection, le naturel autocratique de M. Macron revient au galop. On ne va pas vers les beaux jours.
AUCUNE DIVERGENCE SUR LE PROJET N'EST INSURMONTABLE
Sur le retour à la retraite par répartition à partir de 60 ans, sur une réforme des institutions conférant au Parlement, émanation du peuple souverain, plus de pouvoir qu'à l'exécutif et, a fortiori, qu'au Président de la République, sur l'augmentation des salaires des plus démunis et des classes moyennes, sur l'abrogation de la Loi Travail, dont on fait à tort supporter la responsabilité à la ministre Myriam El Khomri alors que c'est Emmanuel Macron, alors ministre de François Hollande à Bercy, qui l'a ficelée, et sur la plupart des points du projet de L'Union Populaire, les Socialistes peuvent s'entendre avec les autres acteurs des gauches.
Ils ne devraient même pas avoir à subir l'humiliation d'une reconnaissance du bilan médiocre du quinquennat de 2012-2017, puisqu'ils l'ont fait dès janvier 2019 : « Nous sommes apparus comme incapables d'incarner une réelle alternative au libéralisme mondialisé, une protection face aux nouvelles menaces. » (Olivier Faure, premier secrétaire du PS)
AU NATIONAL ET AU LOCAL, ÉCHANGEZ, ÉCHANGEZ, ÉCHANGEZ !
Dans ce contexte, et sans attendre que les échanges nationaux aboutissent entre les diverses composantes d'un pôle social, démocratique et écologique commun, les instances locales de la 7ème circonscription législative de La Seyne et l'Ouest-Var des mouvements politiques que sont la GRS, la FI, le NPA, le PCF, le POI, le PS, les Verts, et les autres, doivent se parler.
C'est ce qui s'est passé ailleurs, comme non loin de chez nous dans le Vaucluse...
Que nos partis n'oublient pas qu'ils ont l'absolue nécessité de s'entendre sur une plateforme commune, débouchant sur une candidature unique. Le Rassemblement National a recueilli dimanche 37.000 voix dans la circonscription de nos cinq communes (Bandol, Saint-Mandrier, Sanary, La Seyne, Six-Fours), soit 53% des suffrages. Le fait que ce sera évidement très difficile de gagner sur notre territoire ouest-varois ne peut cependant justifier que chacun y aille sous ses propres couleurs, "à l'ancienne", juste pour se compter.
MÊME DANS L'OUEST-VAR, TOUT ESPOIR N'EST JAMAIS PERDU
D'ailleurs, tout n'est pas joué d'avance. Au premier tour, dans notre 7ème circonscription, le total des voix des candidats des gauches et de l'écologie est à 23%, contre 25% pour M. Macron. Moins de 1400 voix les séparent. Mme Pécresse n'a obtenu que 5%. Avec près de 30.000 abstentionnistes et votes blancs et nuls, un réservoir de 28% d'électeurs inscrits existe, notamment dans les quartiers populaires seynois (environ 2500 abstentionnistes au premier tour).
Un binôme unique des gauches et de l'écologie peut figurer au second tour législatif face à l'extrême-droite qui a tout de même convaincu 45% de nos concitoyens au premier tour présidentiel, mais qui peut être divisée (Le Pen n'a obtenu "que" 29% des voix, Zemmour et Dupont-Aignan totalisant les autres 16%). Et, face à l'extrême-droite haineuse, tout peut arriver... si la droite républicaine est vraiment... républicaine. Ce qui n'a hélas pas toujours été le cas...
AYEZ CONFIANCE DANS L'ÉLAN RÉPUBLICAIN JEUNE, FÉMININ ET POPULAIRE !
Et que nos partis n'oublient pas qu'une force populaire exceptionnelle de la jeunesse, des femmes et de la diversité s'est fait jour et a manifesté son exigence d'être actrice du changement comme ça ne s'était pas vu depuis très longtemps.
Elle doit être au cœur de l'incarnation de l'alternance. L'en exclure serait une faute politique, sociale et sociétale lourde et aux effets durables.