Le Mouvement de la Paix invite les Seynois à un temps de solidarité envers le peuple ukrainien agressé et d’appel urgent à la sortie du conflit par la discussion diplomatique et pacifique.
Ce sera ce dimanche 6 mars à 10 h 30 devant notre Monument aux Morts.
Je souhaite que notre population et toutes ses forces vives prennent part à ce moment symbolique mais porteur de message universel.
Mais ça n’interdit pas de conduire une réflexion sur la situation, ses causes, et les réponses que l'ordre du monde y apporte.
Évidemment, il serait criminel de délaisser le peuple ukrainien. Les présidents russe et biélorusse commettent l’indicible. Avec la situation d’aujourd’hui, il n’est guère de pacifiste qui puisse justifier qu’on doive se contenter de sanctions économiques et d’aides aux victimes et aux réfugiés, et déplorer les livraisons d’armes aux Ukrainiens. L’aide politique, lorsque la crise guerrière est enclenchée, c’est l’apport matériel aux agressés qui doivent défendre leur pays et son indépendance. Ni l’Europe ni les pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ne peuvent en effet le faire à la place de l’Ukraine.
Mais ça questionne tout de même sur les raisons qui, outre Poutine et Loukachenko à mettre au ban de l'humanité, ont conduit à cette cruelle extrémité.
Ça fait des années que les pays occidentaux instillent l’idée que « l’état de guerre » ne doit plus être exceptionnel, qu’il faut gonfler les budgets des armées, quitte à sacrifier ceux de la solidarité sociale, comme c’est le cas aux États-Unis. C’est sûr que l’industrie de l’armement est plus prospère que celle des drapeaux arc-en-ciel de la Paix et que l’élevage des blanches colombes. Mais qu’est-ce que ça a réglé en Libye, en Syrie, au Sahel, en Afghanistan, et ailleurs ?…
Et la France et l’Europe se sont placées à la remorque des États-Unis. Le cycle infernal d’un sprint vers la puissance semble inarrêtable. Au-delà des considérations politiques intérieures du moment qui commandent que soit bannie pour les acteurs publics toute image d’angélisme naïf, l’urgence et l’angoisse l’exigeant, des États de l’Union Européenne géographiquement proches de la Russie et historiquement neutres se sentent obligés d’envisager leur entrée dans l’Alliance atlantique. D’autres, comme l’Allemagne, accroissent leurs budgets militaires. C'est sans fin.
La coopération guerrière dans le cadre de l’alliance strictement militaire qu’est l’OTAN prévaut désormais sur le multilatéralisme et l’exigence de négociation régulatrice permanente dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dont l’efficience paraît peu à peu ramenée à celle de la Société des Nations (SDN) qui n’a pu empêcher l’escalade ayant conduit au carnage de la seconde guerre mondiale.
De Gaulle avait bien raison de se méfier de l'alignement aveugle. Et, dans le contexte de politique intérieure française, à quelques semaines de l’élection présidentielle, des politiciens diplomates de circonstance, y compris certains de gauche, n’ont sûrement pas raison de crier haro sur le baudet Mélenchon qui, en l’espèce, même s'il a commis l'erreur – reconnue – de ne pas se méfier des mensonges de Poutine, pose la question de fond de l’alignement de la France sur les bellicistes occidentaux.
Alors, bien sûr, dans l’instant, ni la France ni l’Europe ne doivent risquer l’indignité en ne venant pas au secours du peuple ukrainien, mais elles ne doivent pas non plus continuer demain à sombrer dans l‘égarement du galop infini vers la puissance. Ça doit interpeller chacun sur les voies qu'ont choisies nos dirigeants actuels. Et questionner sur leurs intentions ceux qui se proposent de leur succéder.