Drapeau de l'Europe seul ou accompagnant la bannière nationale sous l'Arc de Triomphe, promotion d'un territoire par des mugs et des crayons fantaisie, nouvelle face des pièces de monnaie, maintien ou annulation du bain de Noël, couleur de la veste d'une candidate à la présidentielle, tolérance de grignoter dans le bus et le train à condition de le faire sans ôter son masque, publication sur plusieurs pages d'un quotidien local d'un horoscope de l'année et des prédictions d'une “voyante auditive tarologue” et d'une “médium par transcommunication hypnotique”... on le voit, les sujets capitaux qui sont essentiels à la vie des Français, et parmi eux des Varois et des Seynois, ne manquent pas en ce début 2022.
Pendant ce temps...
Pendant ce temps, les gens angoissent devant la crise sanitaire qui aggrave la crise sociale. Tandis qu'on mobilise sur des sujets chimériques l'attention des millions d'entre eux qui peinent chaque jour un peu plus à joindre les deux bouts, les profits de la trentaine d'entreprises les plus bénéficiaires dans le monde, entre les mains de 1% des humains, ont grimpé de plus de 100 milliards d'euros en un an, se fendant tout de même, dans leur grande générosité, de dons pour amortir le choc de la crise à hauteur de... 0,3% de leur résultat d'exploitation.
Pendant ce temps, les pires rengaines qui parodient à peine celles qu'on ressassait dans les années 1920 et 1930, qui ont mené le Monde à la plus sanglante des horreurs qu'ait connu l'Humanité, se diffusent comme jamais avec la complaisance active de certains grands médias et les réseaux sociaux, désignant des boucs émissaires, appelant à une vigoureuse marche arrière conservatrice, à la reconquête d'une “civilisation” soi-disant dérobée, sur fond glaçant de “grand remplacement” et d'exacerbation du sentiment que nous serions devenus des “exilés de l'intérieur”. Des républicains de droite eux-mêmes s'aventurent stratégiquement sur ce terrain glissant. Changer le monde n'est plus de mise, régresser vers l'abomination est de bon ton.
Pendant ce temps, dans ce contexte fou, rien n'interdit pourtant de rêver que 2022 en France, avec ses élections nationales quinquennales, constitue une occasion pour le peuple de la nation des solidarités, des libertés, de l'égalité et l'équité – et de la laïcité, comme je l'évoquais à Noël – d'aborder un grand virage vers la Raison, pour une République écologique que notre jeunesse nous supplie de construire, avec de grandes lois de transition alimentaire, de réforme de la distribution et de reconversion de l'économie et des mobilités, pour une République sociale, avec des revenus de solidarité, l'accès garanti à l'eau et aux énergies, le droit au travail pour tous par la réduction de sa durée légale et le retour à la retraite à 60 ans, la relocalisation et la réduction des écarts de salaires, l'investissement public massif dans la recherche, la santé et l'éducation, la primauté de la Loi sur les accords de branche, la restauration de l'impôt sur la fortune, la taxation accrue des revenus du capital et l'imposition des multinationales ayant une activité en France qui jouent au chat et à la souris avec le fisc national, et une République démocratique, avec la reconnaissance du vote blanc, l'instauration de plus de proportionnelle, une convention vers une VIe République rompant avec la monarchie présidentielle, donnant plus de pouvoirs au Parlement, accordant le droit de vote à 16 ans ou promouvant les référendums d'initiative citoyenne.
Et, pendant ce temps, les gauches et l'écologie, fortes de leurs diversités qui ne peuvent qu'enrichir des perspectives partagées mais que certaines ne brandissent que pour s'afficher incompatibles et éparpillées, font la sourde oreille aux appels pressants à l'unité populaire qui peut encore se construire autour d'un socle commun et offrir une alternative d'espoir.
Craignons, sinon, de ne formuler que des regrets, voire de verser des larmes, au 31 décembre 2022.
Allez, sur ces mots stimulants, bienvenue quelques siècles en arrière et belle année nouvelle à tous !
Mais, pour garder espoir, notamment en notre jeunesse qui, elle, ne se résigne pas, je ne résiste pas à l'envie de chiper à la Ville d'Allonnes, dans la Sarthe, la carte de vœux qu'elle a éditée pour 2022, faisant suite à d'autres de belle et originale facture depuis plusieurs années (son maire, mon ami Gilles Leproust, ne me traînera pas plus au tribunal que Louis XVIII auquel j'ai dérobé l'ordonnance royale ci-dessus, prise il y a tout juste 200 ans, en 1822, pour sauvegarder du covid d'alors, la peste bubonique). Alors croisons les doigts.