Certains me demandent pourquoi des jours, parfois des semaines, passent sans que je n'écrive rien sur mon blog. C'est juste parce que je fais miennes les réflexions de Voltaire (« On parle toujours mal quand on n'a rien à dire ») et de Coluche (« De tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent »).
L'avantage, c'est que ça laisse du temps et de l'attention pour écouter et regarder les autres. Et se faire une idée des signes qu'ils envoient par leurs propos et leurs postures.
Ainsi, Madame Pécresse, fraichement désignée candidate de la droite à l'élection présidentielle de 2022, affirmait peu après son élection par les militants du parti "Les Républicains" qu'elle est « le barycentre de la droite ». C'est passé inaperçu, mais ça mérite une pause sémantique.
UN PEU DE GÉOMÉTRIE ET DE PHYSIQUE POUR VULGARISER LA SÉMANTIQUE
Le barycentre ? C'est une notion de mathématique trouvant son prolongement en physique, et réciproquement car elle découle du besoin de calcul de l'endroit où se trouve le point d'équilibre de deux points de masses différentes. C'est ce barycentre qu'on recherche quand on utilise une balance romaine, et qu'on comprend aisément en regardant le schéma ci-dessous qui atteste que le barycentre O n'est pas forcément au beau milieu du segment AB (le fléau de la balance) qui relie les deux masses m1 et m2.
Un barycentre, ça se déplace donc en fonction des masses respectives qui sont aux deux extrémités du segment. Alors, s'agissant de Madame Pécresse, les plus sociaux des gens de droite ont du souci à se faire pour le programme qu'elle va proposer aux Français. À l'entendre expliquer que Ciotti (celui qui n'a pas voté Macron face à Le Pen, qui préfèrerait voter Zemmour que Macron, et dont le président de droite de notre Région dit qu'il « est de l'extrême-droite, c'est son porte-parole ») va avoir « une place singulière auprès d'[elle] », on doit s'attendre à ce que le programme sécuritaire, inégalitaire et liberticide de la droite se muscle sérieusement.
CERTAINS TROUVENT QUE LE FLÉAU DE LA BALANCE PENCHE DANGEREUSEMENT
Alors oui, Madame Pécresse est peut-être le barycentre de la droite. Mais sûrement pas le centre géométrique, celui de l'accompagnement un tant soit peu social du capitalisme libéral. Un barycentre très très rapproché de la lourde masse de la droite dure et radicale, pas bien éloignée des totalitaires et xénophobes Dupont-Aignan, Le Pen, Martinez, Philippot et autres Zemmour.
Et son parti Les Républicains cautionne cette « dérive » du barycentre. Ça n'a pas échappé à Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, qui vient de se faire éjecter de la fonction de responsable national qu'il occupait au sein de LR pour avoir relevé que Madame Pécresse « accepte d'endosser cette dérive en faisant siennes les thèses extrémistes d'Eric Ciotti, puisant leurs racines dans les écrits d'Eric Zemmour ».
ET IL EST OÙ, LE BARYCENTRE DE LA DROITE SEYNOISE ?
Toute ressemblance avec une "coalition" hétéroclite locale de gens de LR avec d'autres, qu'ils aient été élus sous la bannière du Front National, ou qu'ils soient adhérents du parti Debout la France de Dupont-Aignan, ou qu'ils aient porté les couleurs du Mouvement Pour la France, ou qu'ils qualifient certains acteurs associatifs « d'islamo-gauchistes », serait bien sûr purement fortuite. Et naturellement exagérée.
D'ailleurs, elle ne s'appelle pas la "coalition de la droite et du barycentre oscillant très très à droite" mais, à mon sens un peu abusivement, “coalition de la droite et du centre".
Et, si nos voisins Estrosi, Falco et Muselier ont senti la « dérive » et ont quitté le navire qu'ils voyaient voguer tribord toute, aucun Perdriau seynois ne semble pointer le bout de son bec pour appeler à un retour à l'équilibre républicain dont se réclamait naguère leur mouvement...