24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 10:21

Ainsi que je l'évoquais ces jours derniers dans un article de ce blog, plusieurs centaines d'élus locaux et intercommunaux ont alerté par une « lettre ouverte » le Président de la République sur l'aggravation exponentielle de la situation sociale et économique que connaissent les habitants des quartiers populaires urbains fragiles.

Écoutés ce lundi en visioconférence par le Premier Ministre et quatre ministres, neuf de ces maires ont reçu l'assurance que leurs inquiétudes sont partagées par le gouvernement et qu'une partie des mesures qu'ils réclament depuis des mois seront mises en œuvre. Il reste à obtenir les autres et, en premier lieu, à concrétiser les promesses qui, de ce que m'en ont dit certains de ces élus, laissent tout de même apparaître beaucoup de flou.

Mais c'est déjà un pas. Les associations et les habitants de nos quartiers seynois de Berthe et du centre ancien pourront peut-être entrevoir une lueur d'espoir. Les élus de la municipalité seynoise sûrement aussi. Et, parce que l'union fait la force, se joindre aux autres élus, de tous bords, qui vont continuer à pousser et à veiller au grain quant au respect des engagements de l'État...

 

« LES PROMESSES NE VALENT QUE SI ELLES SONT TENUES »

Il y a eu quelques annonces à l'issue de cette réunion à distance. Mais, comme le formulait mon ami Philippe Rio, maire de Grigny, « les promesses ne valent que si elles sont tenues ». Ainsi, il reste à voir si les moyens financiers nouveaux annoncés ne seront pas, comme trop souvent, des crédits qui existent déjà et dont on modifie habilement le libellé, par effet d'annonce, pour donner à penser qu'il viennent s'ajouter comme des mesures nouvelles...

Il en ne faudrait pas qu'il en soit ainsi de l'accord que les maires ont obtenu pour que 1% des 100 milliards d'euros du plan de relance soient explicitement dédiés aux quartiers populaires en difficulté. Que l'État ne s'amuse pas à prendre les élus territoriaux pour des benêts en labellisant « 1% quartiers prioritaires » le financement d'un tronçon de voie routière, prévu par ailleurs, au prétexte que celle-ci traverse un site urbain fragile ! Ce sont de réels programmes spécifiques, centrés sur les quartiers, le renouvellement et la rénovation urbains, favorisant l'insertion professionnelle des résidents, qui doivent être appuyés par cet apport d'un milliard d'euros.

 

DES ENGAGEMENTS, MAIS PAS À LA HAUTEUR DES ENJEUX

Nul ne se plaindra, par ailleurs, des autres annonces. Mais elles demeurent très insuffisantes. Depuis 2018, par exemple, les élus réclament le retour aux « emplois aidés » sous une forme similaire à celle que l'on connaissait avant que l'actuel gouvernement ne les réforme, avec une aide financière significative de l'État à la couverture des salaires et cotisations, et non l'aumône de 2500 à 5000 euros annuels accordée aux employeurs acceptant de créer des « emplois francs » dont l'échec est patent.

Or c'est une toute petite demi-mesure que la ministre du Travail a annoncée à l'issue de l'échange. Certes, il est bien que l'État s'engage à porter à 80% le coût de ces « emplois aidés » qui semblent retrouver les faveurs du gouvernement, que les collectivités locales et les associations puissent enfin en bénéficier à nouveau lorsqu'ils étaient réservés aux employeurs du secteur marchand, et que leur nombre soit doublé. Mais ce « doublement » fera simplement passer de 12.000 à 24.000 postes les possibilités d'emploi, très très loin des 200.000 réclamés car nécessaires avant la crise, et aujourd'hui beaucoup plus au regard de l'aggravation exponentielle du chômage de nos habitants précaires.

 

POURSUIVRE LA PLAIDOIRIE POUR LES PLUS PAUVRES EST UN DEVOIR DE TOUS LES RÉPUBLICAINS

La vigilance et le maintien de la pression revendicative doivent donc demeurer à l'ordre du jour. Les élus se sont donné rendez-vous à Roubaix à la mi-décembre, pour faire le point et faire vivre, sans l'appui de l'État qui en a hélas refusé le principe, le « conseil national des solutions » qu'ils réclamaient, afin de changer de méthode et suivre l'exécution du programme.

Et je dois pour conclure nuancer mon propos sur les élus seynois dont je regrettais qu'ils ne se soient pas joints au mouvement national d'élus territoriaux de toutes sensibilités qui ont tiré la sonnette d'alarme pour les quartiers sensibles. Quatre d'entre eux, l'écologiste Cécile Jourda, les socialistes Olivier Andrau et Bouchra Réano, et le communiste Anthony Civettini, ont bel et bien signé la « lettre ouverte » qui a conduit à la rencontre de ce lundi. Au-delà des divergences, c'est tout le conseil municipal de La Seyne, ville la plus pauvre du département, ou au moins ses composantes républicaines, qui serait bien inspiré de rejoindre le mouvement...

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