Et si l'horizon de la coopération de projet entre sensibilités de la gauche et de l'écologie était en voie de s'éclaircir ? La proposition de Jean-Luc Mélenchon de « construire une fédération populaire dans les élections [qui suivront les européennes] et dans les mouvements écologiques et sociaux » doit être regardée comme une porte qui s'entrouvre.
Il est vrai que cette perspective répondrait aux aspirations de nombre de nos concitoyens les plus faibles mais aussi de ceux que l'animateur de La France Insoumise nomme les « classes moyennes plus aisées mais qui n'appartiennent pas à l'oligarchie ». Depuis 11 ans, à La Seyne, la pluralité de l'équipe municipale constitue un gage de d'idées et d'initiatives qui enrichissent le programme partagé. Pourquoi pas, alors, pour la Nation ?...
Si les sondages ne se trompent pas, les intentions cumulées de vote pour les listes concurrentes pour les élections européennes du 26 mai prochain, conduites par Manon Aubry (LFI-GRS), Ian Brossat (PCF), Raphaël Glucksmann (PP-PS), Benoît Hamon (Génération.S) et Yannick Jadot (EELV-RPS), avoisinent les 28%. C'est plus que l'extrême-droite, plus que la droite républicaine, plus que les libéraux « marcheurs ». La gauche est émiettée, mais elle n'est pas rassie.
UNE AUTRE POLITIQUE EST NÉCESSAIRE
Même si tous ne s'y rallient pas d'entrée de jeu, l'idée de cette « fédération populaire » pourrait d'autant plus être une voie vers une alternance nationale pour gouverner autrement, pour peu qu'on s'entende sur un programme de progrès humain et de solidarité, de planification écologique, de rupture avec les traités qui ont inscrit dans le marbre de la constitution européenne l'ordre économique libéral comme seul modèle intangible, celui qui rend impossibles les projets sociaux et de préservation de la planète.
Les parlementaires de la partie gauche des hémicycles de l'Assemblée et du Sénat votent déjà, la plupart du temps, de façon pratiquement identique. Et, dans l'immense majorité des collectivités où les sensibilités écologistes, humanistes et sociales coopèrent pour présider aux destinées d'un territoire communal, départemental ou régional, ces associations autour d'un projet commun sont loin d'être en souffrance.
DÉJÀ, DES RETOURS PLUTÔT FAVORABLES
J'écris ces lignes au lendemain du jour où le Président de la République a résumé lui-même son état d'esprit, après des mois de clameur revendicative populaire, en disant « Est-ce qu'on fait fausse route ? Je crois tout le contraire », et le confirmant, malgré l'annonce de quelques petites mesures démocratiques, sociales et territoriales certes bienvenues, dans des propositions proclamant la poursuite de la libéralisation de la société et de l'économie, l'invitation à plus travailler et à l'effort personnel, la continuation de la réduction de la dépense publique, le rétablissement des frontières et la fermeté sur les migrations, le maintien de la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, et jusqu'à l'éloge de la famille...
Cet été, on sera encore dans les temps pour ouvrir le chantier d'une alternative en vue des futures échéances nationales. À la proposition de Mélenchon, la Gauche Républicaine et Socialiste a déjà dit oui, les communistes et les anciens socialistes de Génération.S ont accueilli plutôt favorablement l'idée, Glucksmann s'est dit d'accord pour discuter avec « toutes les forces de gauche », même si ses partenaires du PS sont bien plus rétifs, comme le sont les Verts.
Mais ce pourraient être les citoyens, un peu las des postures partisanes d'antan, qui pourraient pousser à ce que l'idée de « fédération populaire » fasse son chemin...