19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 04:38

Ce fut une cérémonie empreinte de solennité, ce lundi, à l'occasion du soixante-dix-huitième anniversaire de l'appel lancé par le général de Gaulle, devant la stèle installée sur le Parc Fernand-Braudel des Sablettes pour inviter les promeneurs à se souvenir de ce propos invitant les Français à ne pas se résigner et entrer en résistance après la défaite face aux nazis allemands.

Après les beaux textes lus par deux élèves du collège Paul-Éluard, la lecture de l'Appel du 18 juin 1940 par Christian Durand, président du « Souvenir français »,  et la communication, par notre adjoint Christian Pichard, de la déclaration de Madame Darrieussecq, secrétaire d'État, comme à chaque occasion mémorielle, j'ai tenté une nouvelle fois, dans mon allocution, de tirer, pour le présent et au regard de l'actualité les leçons de l'événement commémoré...

 

« Le 18 juin 1940, à 18 heures, un général deux étoiles proclame à la radio depuis Londres : "La France a perdu une bataille, mais n'a pas perdu la guerre".

« Le 16 juin, en apprenant la démission du Président du Conseil, Paul Reynaud, il avait décidé de partir "dès le matin" pour l’Angleterre afin de poursuivre le combat. 

« Le 17 juin, Pétain avait demandé l’armistice. 

« L'appel du 18 juin était un message d'espoir. Il affirmait que la mondialisation de la guerre ferait la victoire. Il se terminait par un appel à la Résistance.

« Que nous dit-il aujourd’hui ? Que refuser ce qui est présenté comme une évidence est parfois d’une rare clairvoyance ; que la vérité ne se révèle que dans les victoires qui durent ; que les victoires ne durent que lorsqu’elles sont justes.

« Le 10 juillet, 80 parlementaires sur 846 (669 se sont exprimés) ont refusé de donner les pleins pouvoirs à Pétain. Bien insuffisant.

« Pourquoi Charles de Gaulle s’est-il opposé à ce Maréchal présenté comme providentiel ?

« Parce qu’il ne se résignait pas à la défaite ; parce qu’il pensait que ce n’était pas celle de la France ; parce qu’il savait que les batailles se gagnent dans le rassemblement et la cohésion des hommes de conviction et de volonté.

« C’est ainsi que des hommes et des femmes de tous horizons, confessionnels ou politiques, se sont assemblés puis ont été rassemblés par Jean Moulin – un préfet renégat à l’ordre régalien du moment – pour résister, pour s’opposer aux nazis, pour préparer la paix, pour élaborer un programme de justice sociale "Les jours heureux »".

« Soixante dix-huit années ont passé…

 

NE JAMAIS SE RÉSIGNER... RÉSISTER

 

« Dans des circonstances bien moins dramatiques qui n'ont évidemment rien de comparable, j’ai lancé il y a quelques mois l’Appel de Grigny. Je n’étais pas seul, des élus, des acteurs économiques et associatifs… des hommes et des femmes de tous horizons, se sont réunis pour alerter suite à une sorte de capitulation de la puissance publique pour nos quartiers urbains fragilisés. Un rapport, commandé au plus haut niveau, beaucoup de travail et… on sait les suites données : un enterrement élyséen des propositions, portées par l'ancien ministre Jean-Louis Borloo, de résistance à l'impact sur les plus fragiles des affres de l'économie dévastatrice du monde d'aujourd'hui…

« On aurait pu se résigner. Or, jeudi dernier, ici à La Seyne, la septième étape des états généraux de la politique de la ville, initiative des arpètes du fameux rapport, s’est tenue sur le thème de la sécurité.

« Qu’avons-nous entendu ? Que la désespérance n’est pas de mise, que le rassemblement, la cohésion, les convictions et les volontés existent ; qu'un infime pourcentage de la population des quartiers populaires sont des voyous, des dealers. Entendez : presque 100% des habitants ne le sont pas, ils aspirent juste à mieux vivre dans la République.

« Or cette poignée occupe tout l’espace politique et médiatique, nourrissant les peurs et justifiant le retrait des services publics. 

« "Que fait la police ? – Ce qu’elle peut, ma bonne dame !" Avec les moyens qui sont les siens… insuffisants.

 

L'INDIGNATION, MOTEUR DE LA RÉSISTANCE

 

« Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à un autre grand Résistant, Stéphane Hessel. Il nous disait "Indignez-vous !".

« Il y a de quoi, à constater que les politiques publiques se décident désormais à l’encan et au moins-dépensant ; à l’aune des bilans comptables.

« Où est le souffle ambitieux et courageux du lanceur de l’appel du 18 juin 40 ?

« On ne nous parle que de "pognon "! Et, de quelle manière, le plus souvent pour nous en priver.

« Oui, c’est une certitude : l’équité, la justice sociale, ça coûte ! La santé, ça coûte ! L’éducation, ça coûte !

« Pourtant, force est de constater : toutes les dépenses ne se valent pas.

« Des milliards sont octroyés ici et les promesses d’emploi ne sont pas mieux tenues là… Pire, on ferme, on licencie et on alloue des millions d’euros au PDG de Carrefour remercié pour ses échecs. "Indignez-vous", disait l'un !"La flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre",disait l'autre !

« Le Conseil National de la Résistance, lui, parce qu’il a côtoyé le pire, voulait préparer le meilleur… quoiqu’il en coûte ! Persuadé que les petits ruisseaux font les grandes rivières… à l’inverse d’un ruissellement hypothétique… à trop pomper dans la mer d’Aral on en a fait une étendue désertique. 

« Pour finir, permettez que je paraphrase un aphorisme donné jeudi par une participante. Elle disait : "la prévention est comme le ménage dans une maison, c’est quand on ne le fait pas qu’on se rend compte qu’il est indispensable"...

 

UN DÉFI FACE À L'APPAUVRISSEMENT DES VALEURS ÉTHIQUES

 

« Aussi, je vous dis sans ambages que quand on ne se préoccupe plus de justice sociale, la poussière accumulée finit par attirer la vermine, le chancre s’installe, et le déloger devient de plus en plus difficile. La justice sociale est à l’image du ménage dans une maison : ne pas faire c’est se condamner à terme !

« Agir sur le destin, voilà une autre leçon de l’appel du 18 juin.

« L’espoir que portait Charles de Gaulle était de recouvrer la liberté, aujourd’hui il est de vivre ses aspirations selon ses mérites, sans semelles plombées ni cuillère d’argent… Si nous constatons un appauvrissement des valeurs éthiques, relevons collectivement le défi. Responsabiliser chacun dans une conscience collective, voilà la tâche qui incombe au décideur… avec équité, faut-il le rappeler ?

« Permettre la prise de conscience de ce que l’on est, dans l’environnement qui est le sien, et autoriser les personnes à jouer un rôle social dans le travail et dans la cité est notre devoir.

« Dans ce monde de mouvement, chacun devrait pouvoir, dans la mesure irréductible qui lui appartient, être son propre agent de problématique, de décision et de responsabilité. 

« Résistons aux déséquilibres présentés comme évidents car il est possible de faire autrement dans la paix, le partage, l’éducation, en préservant l’environnement, en retrouvant une humanité trop souvent négligée.

« L’histoire, ce sont les hommes qui la font. Demain, mieux et autrement !

« Juste ce que nous a enseigné, depuis Londres, le général De Gaulle. »

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire

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Marc VUILLEMOT

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