Si l'on creuse un peu les dispositions du décret qui met le feu aux poudres depuis le 20 juillet dans le monde des associations appelées à assurer des programmes d'action en faveur des populations fragiles, on n'est pas arrivé au bout d'affligeantes surprises.
Car il n'y est pas allé de main morte, le signataire du décret, l'ex-sarkozyste M. Darmanin, celui qui a tweeté en 2013 qu'il « ne célèbrerai[t] pas personnellement de mariage entre deux hommes et deux femmes », et qui a été nommé par M. Macron ministre de l'action et des comptes publics le jour même de... la Journée mondiale contre l'homophobie.
À y regarder de près, en effet, on s'aperçoit que c'est à ceux qui s'occupent des citoyens les plus dépourvus que l'on impose de se serrer la ceinture pour que, pour partie, d'autres puissent disposer des moyens de s'occuper d'autres misérables.
Mais je dis bien « pour partie », car il n'y a pas seulement ça de choquant. Et c'est là que ça frise la turpitude...
EMPLOI, LOGEMENT, SOLIDARITÉ, SANTÉ, CULTURE, JUSTICE, TOUT Y PASSE
Sont ainsi rognées, outre les crédits destinés aux associations intervenant dans les « contrats de ville », et ceux de la défense nationale dont on a beaucoup entendu parler, d'autres lignes budgétaires dévolues à la solidarité nationale et territoriale.
C'est l'aide à l'embauche dans les petites et moyennes entreprises (- 80 millions d'euros), l'intégration et l'accès à la nationalité française (- 40,5 M€), la police nationale, dont les réservistes volontaires (- 110 M€), les concours financiers aux communes, dont la « dotation politique de la ville » destinée à soutenir les villes pauvres abritant des populations pauvres (- 209 M€), l'urbanisme et l'amélioration de l'habitat (- 130,5 M€), les plans d'épargne-logement (- 41,2 M€), la solidarité à l'égard des pays en développement (- 116,2 M€).
Mais c'est aussi l'accès au droit et à la justice (- 10 M€), la protection judiciaire de la jeunesse (- 16,8 M€), l'égalité entre les femmes et les hommes (- 7,5 M€), la prévention, la sécurité sanitaire et l'offre de soins (- 24,5 M€), les politiques sanitaires, sociales, du sport, de la jeunesse et de la vie associative (- 69,7 M€), les services de transport (- 194,7 M€), la démocratisation de la culture (- 39 M€), etc...
SOLIDARITÉ ENVERS LES MIGRANTS, BIEN SÛR, MAIS ENVERS L'INDUSTRIE NUCLÉAIRE, POURQUOI ?...
Alors, bien sûr, il s'agit de financer d'autres opérations que rend indispensables la solidarité républicaine à laquelle la France est attachée, parmi lesquelles le développement de l'emploi par la formation (+ 259 M€), l'allocation pour les demandeurs d'asile (+ 206 M€), des places d'hébergement d'urgence nécessaires à la mise à l'abri des migrants en transit sur le territoire parisien (+ 120 M€), ou le service civique pour les jeunes (+ 62 M€).
Mais ce qui est stupéfiant, c'est qu'il s'agit aussi de financer l'augmentation du capital de l'entreprise New Areva Holding SA, pour la jolie somme de 1.485 M€, sans que n'apparaisse quelque effort demandé au monde de l'industrie du nucléaire, de l'entreprise supranationale, ou du capital financier !
Pas plus qu'on ne semble imposer d'effort au monde de l'industrie agroalimentaire mondialisée, des abattoirs hors normes, ou des fournisseurs de végétaux propagateurs de la Xilella Fastidiosa, pour financer, à hauteur de 101,4 M€, la sécurité et la qualité de l'alimentation.
Et je passerai, sans plus de commentaire, sur une opération immobilière, estimée dans le décret à la modique somme de 164,8 M€, jugée nécessaire à « [la] conduite et [au] pilotage des politiques économiques et financières »...