Il est hasardeux d'analyser le résultat d'un scrutin lorsqu'on ne connaît pas la composition du corps électoral. Ce qui est sûr, c'est que, au maximum, c'est-à-dire s'il n'y a eu que 1,5 millions de votants — ce qui n'est déjà pas si mal — et si tous les adhérents socialistes, au nombre de 120.000 selon la direction nationale — probablement moins —, sont venus voter, leur poids dans la primaire n'aura représenté que 8% des électeurs. On est donc loin d'un Congrès fixant les orientations du PS et je me garderai bien de me réjouir de me retrouver, pour la première fois depuis mon adhésion il y a plus de 30 ans, dans quelque nouveau camp majoritaire de mon organisation politique !
Ceci étant, une majorité de ceux qui ont voté ont clairement dit, quelles qu'aient été leurs motivations, qu'il faut que le projet du candidat socialiste à la présidentielle soit en rupture avec la logique sociale-libérale qui prévaut depuis 2012. Comment pourrait-il en être autrement quand on participe à la désignation d'un candidat de gauche dans un pays où 15% des Français vivent sous le seuil de pauvreté, où la CMU bénéficie à 2,5 millions de personnes, où on compte plus de 120.000 SDF et presque 4 millions de mal logés, tandis que les actionnaires des entreprises du CAC 40 se partagent 56 milliards de dividendes ?
LE SCORE SEYNOIS LE CONFIRME : UN BESOIN DE GAUCHE UNIE
Le résultat à La Seyne, singulier en comparaison de celui du Var, le confirme, notamment dans les quartiers populaires où la mobilisation a été plus importante qu'habituellement. Hamon et Montebourg réalisent plus de 60%, soit 10% de plus que dans le département. Dès lors, bien évidemment, il est clair qu'il faut confirmer au second tour et, si je n'ai pas pris position entre ces deux candidats pour le premier tour après le retrait de ma favorite, Marie-Noëlle Lienemann — retrait qui n'est sûrement pas étranger au score de Benoît Hamon —, je me prononce sans ambiguïté pour ce dernier.
Sa désignation est en effet la condition d'un rassemblement de projet redevenu possible de la gauche. À condition que les Verts réfléchissent avec sagesse et que la posture de Mélenchon, qui semble snober ses propres alliés du PCF et d'Ensemble, évolue d'une perspective lointaine de recomposition vers ce qui est l'intérêt immédiat de notre peuple. Des gens se revendiquant de droite me disaient hier qu’ils aimeraient tant que les Français aient à choisir au second tour du 6 mai entre deux projets de société : l'un libéral porté par leur camp, l'autre antilibéral que nos sensibilités diverses doivent savoir proposer. Si même eux l'espèrent...