3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 20:49

Les radios l'ont confirmé. Depuis ce lundi midi, la circulation des trains a pu reprendre sur une des deux voies qui avaient été neutralisées suite à la collision entre un TGV et un tracteur, sur la ligne de Paris à Quimper, à Noyal-sur-Vilaine, où ma jeune collègue Marielle Muret-Baudoin doit être dans tous ses états. La SNCF annonce un simple retard de dix minutes (cliquez sur la capture d'écran ci-dessus) avec, pourtant, des trains circulant en alternance dans un sens et dans l'autre, sur une voie unique.

 

LE MÊME ACCIDENT EN PROVENCE ? JE N'OSE EN IMAGINER LES CONSÉQUENCES !

Comme d'autres, sûrement, je n'ai pas manqué d'imaginer ce qu'un tel accident aurait pu provoquer s'il s'était produit chez nous, sur l'antique ligne de la compagnie des chemins de fer PLM (Paris - Lyon - Méditerranée). Celle qui a été mise en service en 1859, lorsque la Région Provence Alpes Côte d'Azur comptait moins d'un million et demi d'habitants, et qui n'a connu depuis aucune amélioration entre Aubagne et Cannes, alors que nous sommes cinq millions aujourd'hui (et, pout le seul Var, nous sommes passés de 200.000 à plus d'un million...).

Comment aurait-on pu, comme l'ont fait les cheminots bretons, réguler le problème d'un tracteur égaré depuis un vignoble provençal ayant chu sur les rails, par exemple entre la gare de Saint-Cyr-Les Lèques-La Cadière et celle de Bandol, sur la voie ferrée créée sous Napoléon III, alors que celle-ci est déjà, depuis des dizaines d'années, totalement saturée ? Et à la modernisation de laquelle, prévue par la création d'une ligne nouvelle, s'opposent si farouchement les riverains d'aujourd'hui, sûrement nostalgiques des diligences hippomobiles, au point qu'on a repoussé sa réalisation à dans plus de trente ans, c'est-à-dire aux calendes grecques, ce qui a bien arrangé des pouvoirs publics peu offensifs, et sûrement ravis de pouvoir laisser libre cours de priorité aux aménagements ferroviaires des aires marseillaise et niçoise qui, elles, verront progresser sous peu leur essor économique, social et culturel.

J'enrage. D'autant plus que je me suis senti bien seul, comme élu local varois, pour plaider pour ce nouvel outil écologique de développement. Seul contre presque tous, notamment contre ceux qui arguent aujourd'hui de prétextes écologiques, alors qu'ils n'ont pas levé le petit doigt lorsque l'autoroute A57 a été élargie à deux fois trois voies, histoire de dégrader un peu plus la qualité de l'air environnant. Et qu'ils ne le lèveront probablement pas plus lorsque, tôt ou tard, faute de solutions ferroviaires pour le fret, il faudra doubler l'autoroute A8 pour garantir la sécurité et la compétitivité économique des transports de marchandises sur l'arc Barcelone - Gênes. Égoïsme des phraseurs confortablement installés et démagogie des édiles, quand vous nous tenez...

 

ON NOUS SUPPRIME LA LIGNE DE NUIT TOULON-PARIS. ET ON LAISSE FAIRE ?

J'enrage. Oui, d'autant plus que la SNCF vient de décider de la suppression, dès septembre, des lignes de nuit Intercités Toulon - Paris (et retour), qui, elles, n'ennuient éventuellement que le fret. Et, là encore, silence radio complice des bien-pensants (la société nationale me dit que je suis le seul maire du Var à protester...).

Pour les acteurs économiques varois appelés à une réunion de travail avec la direction de leur groupe à 9h30 à Paris, pour les syndicalistes toulonnais devant tenir conseil avec leurs pairs au siège de leur centrale à 9h45 dans la capitale, pour les étudiants doctorants varois devant pointer à leur premier cours de la semaine à la Sorbonne à 9h15, pour les ingénieurs, techniciens et savants — du pôle de compétitivité mer, par exemple — qui doivent rejoindre leurs homologues en Bretagne en début d'après-midi, pour le malade attendu en rendez-vous thérapeutique dans un hôpital parisien de renom avant 10 heures, ou pour l'amoureux brûlant de rejoindre sa belle au clair matin sur un quai de gare, comme dans les films en noir et blanc, il n'y aura en effet, le mois prochain, plus d'autre alternative que de partir la veille s'ils s'obstinent à opter pour le chemin de fer, ou de pousser à la consommation de quelques tonnes polluantes de kérosène en choisissant l'avion, s'ils en ont les moyens. Et ça vaut dans le sens Paris-Toulon.

Tout ça, c'est nul. C'est nul parce que coûteux, en temps, en irrespect de l'Homme et de la Terre, en dynamique économique, en énergie, en équivalent-pétrole, en pollution, en surconsommation (vous allez voir — encore — grimper le prix des nuits d'hôtel parisiennes... car, plus il y a de demande, plus ça vaut !).

C'est nul. Et ça atteste que certains acteurs de la gauche de gouvernement d'aujourd'hui, semblant menottés et baillonnés par les financiers qui tiennent Bruxelles, ne peuvent même plus défendre leurs fondamentaux. Vidalies, Royal, réveillez-vous ! Nous sommes du même camp. Celui des socialistes. Pas de celui de Macron qui, lui, a résolu le problème en autorisant l'ouverture de lignes d'autocars nationales, opportunité dans laquelle s'est engouffré Pépi, patron libéral de la SNCF, qui a saisi l'aubaine pour réduire l'offre pourtant essentielle — et d'avenir — des transports ferroviaires. Dont... notre ligne de nuit, parmi tant d'autres.

Après avoir été de ceux qui ont infligé près de 15 millions d'euros de pénalité à la SNCF pour l'irrégularité de son obligation d'offre régionale, je ne pensais pas finir, dans quelques mois, mon mandat de conseiller régional, président de la commission des transports et de l'écomobilité, sur d'aussi tristes réflexions.

Mais, au fait... j'ai presque fini mon mandat à la Région, mais je ne l'ai pas fini. Et pas mon mandat local. Et si on se bougeait ?

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Publié par Marc Vuillemot - dans Transports régionaux et nationaux