7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 20:31

La honte ! Nous, les élus de la République du Grand Toulon, sommes de vils minables. À part mes adjoints, Raphaëlle Leguen et Christian Pichard, et moi-même, pas un député varois, pas un sénateur de chez nous, pas un élu, ni de l'agglomération, ni d'aucune des communes du tour de la Rade, ni de l'autorité portuaire, pourtant tous conviés, n'a cru devoir répondre à l'invitation de l'État à honorer de leur présence le baptême du nouveau navire patrouilleur des douanes, qui aura désormais comme port d'attache la darse des câbliers de La Seyne.

 

JEAN-FRANÇOIS DENIAU, HOMME D'IDÉAL

Un ministre, en l'occurrence Christian Eckert, secrétaire d'État au budget, autorité tutélaire de la douane, avait, lui, fait le déplacement pour être aux côtés de la famille de Jean-François Deniau, présente pour baptiser ce nouveau bateau du nom de cet homme politique, ambassadeur, ministre, commissaire européen, élu local, essayiste, romancier, marin, défenseur des Droits de l'Homme, créateur du prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, et... sauveteur personnellement et physiquement engagé de boat-people, de réfugiés vietnamiens, dont l'État d'aujourd'hui,  sans considération partisane — Deniau était un homme de droite —, a choisi d'honorer la mémoire.

Les organisateurs ont certes indiqué que certains de mes collègues élus varois se sont excusés, mais ces absences affichées sont irrespectueuses des usages républicains. Et graves. Et donneront du grain à moudre aux ennemis de la République.

Je ne veux pas croire que ces défaillances remarquées sont dues au fait que le "Jean-François Deniau", patrouilleur de nouvelle génération de 54 mètres de long sur 10 de large, construit par des chantiers navals français, équipé pour lutter contre tous les trafics, est aussi armé, conformément aux traditions humanistes de la France, pour prendre sa part dans le dispositif européen de sauvetage de ces milliers de clandestins qui tentent de fuir au péril de leurs vies les misères économiques et les drames politiques de leurs pays d'outre-Méditerranée.

 

HONTE D'ETRE VAROIS

Je ne veux pas croire non plus que c'est parce que Jean-François Deniau, droit dans ses bottes républicaines aux valeurs solides, avait démissionné de son parti d'alors, l'UDF, lorsque, il y a presque vingt ans, cinq présidents de conseils régionaux de sa sensibilité ont choisi de faire alliance avec l'extrême droite.

Je veux juste espérer que tous étaient retenus par des obligations de plus haute importance qu'ils avaient antérieurement contractées.

Mais, nous, ce matin, avec mes adjoints Raphaëlle et Christian, en présence des autorités de l'État, des douanes et des finances bien sûr, mais aussi de la Marine nationale, de la police, de la gendarmerie, des affaires maritimes, des délégations étrangères avec lesquelles la France coopère pour lutter contre les trafics et prévenir ou intervenir sur les drames que vivent les réfugiés, nous avons eu un peu honte d'être Varois.

Partager cet article

Repost0
Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale