28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 06:59

On m'a demandé de mettre en ligne le propos que j'ai tenu, devant les élus, les anciens combattants, résistants, déportés, victimes des guerres, les corps constitués, notre population et nos visiteurs, lors de la commémoration du soixante-dixième anniversaire de l'armistice du 8 mai 1945. Il fut cette année un peu long, donc peut-être plus pénible à lire qu'à entendre, ce qui avait justifié que, contrairement à mon habitude, j'avais opté pour ne pas le mettre en ligne, mais je réponds néanmoins à cette sollicitation...

 

"Durant les 5 années précédant septembre 1939, le Reich avait insolemment réarmé, annexé des territoires en toute impunité, développé des théories nationalistes, racistes, antisémites. Il ne laissait plus le choix aux démocraties européennes jusqu'à lors trop poltronnes. Ce fut la guerre.

"Et ce furent alors l’avancée irrésistible des Panzer, le réembarquement à Dunkerque, la drôle de guerre, l’exode des populations ; l’appel du général De Gaulle; les pleins pouvoirs accordés à Pétain ; Pearl Harbour et l’entrée en guerre des Etats-Unis ; l’Afrique Occidentale Française libérée, l’occupation de la zone sud ; Stalingrad, qui marqua le tournant du conflit ; Jean Moulin, préfet démissionnaire dès 1940, fédérateur national des différents réseaux, qui initia la création du Conseil National de la Résistance, le 27 mai 1943 ; les deux débarquements, le 6 juin 1944 en Normandie et le 15 août en Provence. La Libération. Une organisation intérieure qui évita l’assujettissement aux Américains…

"Après plus de cinq années de guerre, les 8 et 9 mai 1945, l’Allemagne capitulait sans condition.

"C’est un rapide exposé pour un long affrontement planétaire. prolongement de la Grande Guerre, une sorte de postface du Traité de Versailles.

"Tirons-en toujours les leçons. Ce fut une guerre d’anéantissement, dont les enjeux idéologiques et nationaux, pensés et préparés dans les temps de paix et d’accession au pouvoir, réapparaissent hélas aujourd’hui ça et là sous des oripeaux politico-religieux.

"Ainsi, ultra-national, guerrier, antisémite et raciste, le régime hitlérien a voulu établir la domination d'un peuple sur un prétendu absolument nécessaire large « espace vital ». Il s’est caractérisé par la suppression des libertés, l’omniprésence de la police et du parti unique, la terreur, une économie orientée vers la guerre.

"Or ça existe encore un peu partout, de la Corée à l'Afrique, en passant par le Moyen Orient. Les régimes totalitaires se fondent sur des projets de nature différente, mais présentent des caractéristiques communes toujours en vigueur.

"Ces régimes s’appuient sur l’adhésion d’une partie des populations… mettent en œuvre des pratiques appuyées sur la violence… éliminent les oppositions… uniformisent leur société ou se confortent dans une vision d’un monde coupé en deux, entre « nous » et « eux ». C'est pour ça qu'il faut être vigilants quand, en France et en Europe même, certains n’hésitent pas à distinguer « les Nationaux » et « l’étranger ». Ce populisme, dénoncé par l’histoire, est toujours à l’œuvre.

"Il promet tout par la magie de l’ostracisme et du repliement, mais il réfute être xénophobe ; mais ne l’est-on pas lorsqu’on estime qu’être Français, c’est être né et issu de parents nés en Anjou ou en Guyenne, comprenez en France ?

"Vous savez bien que l’ambiguïté est entretenue ! Les mentalités se rétrécissent. La peur et la suspicion s’immiscent dans les esprits… Or le jugement juste voudrait que, si on renvoie tout le temps à sa supposée origine tel groupe social abusivement et erronément constitué en vue d être ciblé, comme les gens se référant à une confession donnée, alors on doit renvoyer tout le monde à son origine. Et, pour faire court, il faut rappeler que nous venons tous de quelque part : notre grand-père à tous, homo sapiens, est parti d’Afrique !

"Qu’est ce qui a bien pu pousser un élu de la République à dire que posséder une carte d’identité française ne suffisait pas à être Français ? Oh, je sais bien, les choses ne sont pas si simples, mais celui-là a joué sciemment sur l’émotion provocatrice ; pour éclairer le débat, il eût suffi qu’il explicitât sa pensée. Hélas, les raccourcis habilement voilés font du simplisme une arme à détente reportée.

"Eux, les généraux et les soldats des armées de libération de la France, ne se sont pas posé la question. Les Africains, les Malgaches, les Algériens, les Tunisiens, les Marocains, les Indochinois, les Pondichériens, les Tahitiens, les Calédoniens, les Canaques, les Libanais, les Syriens, les Antillais, les Bretons et les Provençaux, qu’ils fussent fusiliers-marins, commandos ou spahis, du groupe naval d’assaut, de la 1ère Division Française Libre, de la 3ème Division d’Infanterie, ou encore des Marsouins de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale, tous ceux-là offrirent leur sang à la France.

"Il l'offrirent à une France qui accoucha, avant même la victoire, d’un programme humaniste inédit, issu du Conseil National de la Résistance, qui institua, entre autres avancées, un système social qu'il nous faudrait mieux sauvegarder.

"Le passé nourrit l’avenir, ne l’oublions pas.

"Les 8 mai, Mesdames et Messieurs, - au-delà de la commémoration de la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe réunies pour le pire autour de l’Allemagne nazie – nous célébrons la victoire sur des idées monstrueuses de haine et de rejet. Nous célébrons, aussi, ce qui a suivi : la réconciliation des peuples au sein de l’Europe.

"Notre défi, aujourd’hui encore, c'est le projet du « vivre ensemble », celui qui garantit la paix pour les générations, celui qui travaille à une prospérité collective, celui qui, parce qu’il nous concernerait tous, redonnerait de l’espoir à tous.

"70 ans ont passé et l’effroi des peuples, découvrant l’enfer des camps, la folie des hommes, ne peut plus être notre seul moteur.

"70 ans ont passé et nous ne pouvons accepter que la terreur soit le moteur de ces nouveaux combattants de l’horreur qui assassinent au nom d’une religion sans vraiment chercher à la connaître ou s’en remettant à d’odieux manipulateurs et falsificateurs.

"70 ans ont passé et il ne faut céder ni à la phobie de l’immigration clandestine, ni à la paranoïa anti-Islam. Qu’on cesse de forcer les gens issus de pays où l'Islam est la religion principale qui a pétri leur culture, à se penser musulmans. Ils ne forment pas un bloc mais sont, comme tous, une communauté humaine citoyenne traversée de tendances diverses, de la libre-pensée à l’intégrisme radical. Ne globalisons jamais et réduisons pas son image à celle de l’extrémisme.

"70 ans ont passé et notre moteur, c’est avoir l’ambition d’un projet qui s’occupe des hommes et de leur avenir.

"Notre moteur, c’est l’Education qui permet de questionner les dogmes et les prétendues vérités, et qui lutte contre la vanité de l’ignorance. Nous devons donner à chacun les outils qui lui permettront de combattre l’uniformité imposée par les fondamentalismes et d’éviter la réaction violente des identités religieuses ou idéologiques.

"Nous avons un libre arbitre, nous revendiquons notre liberté individuelle, sachons l’utiliser. N’oublions pas que la liberté – au nom de laquelle la Résistance s’est levée – est un commandement que l’on se donne à soi-même.

"L’intolérance que nous observons et qui gagne hélas les esprits ne véhicule jamais le bien, ni en politique ni en morale.

"Alors, oui, le 8 mai, devant vous, anciens combattants, porte-drapeaux, élus, corps constitués, citoyens, devant les enfants, je rappelle que des hommes et des femmes que rien ne prédisposaient à agir ensemble, issus de partis politiques différents, de convictions religieuses exclusives, de racines sociales, culturelles, philosophiques diverses, parfois adversaires, ont su se rassembler sur des valeurs communes de solidarité, d’entraide, de préservation des libertés. Ils ont réfléchi sur l’éducation, sur le partage, l’économie, la santé, le transport, sur la conscience d’être un groupe qui avance ensemble.

"Oui, le 8 mai, nous célébrons la réconciliation, le partage, les échanges. Le 8 mai, nous avons foi en l’avenir de jours heureux.

"Vive la France de la République, vive l’Europe de la démocratie, vive le Monde des peuples amis.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire

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Marc VUILLEMOT

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