28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 06:43

Ce mercredi était Journée nationale de la Résistance. Comme chaque année, La Seyne a connu sa commémoration devant notre Monument aux Morts. J'y ai prononcé un discours...

 

"Je reviens, comme chaque année, du plateau des Glières, haut lieu des résistances d'hier et d’aujourd’hui. J'ai y entendu des grands de la Résistance des années 40, Walter Bassan et Annette Beaumanoir. J'y ai entendu des résistants d'aujourd'hui, invités à porter témoignage comme je l'ai moi-même été en 2012 après notre combat pour notre maternité : Irène Frachon, lanceuse d'alerte pour le Médiator, Denis Robert, menacé depuis ses révélations lors de l'affaire Clearstream, Claire Millot qui se bat pour le migrants à Calais, ou encore Soha Bechara, résistante libanaise qui se bat aujourd'hui pour la cause des Palestiniens.

"Dans ces hautes montagnes de Savoie, le message des différents orateurs est toujours vivifiant et se résume à ceci : « résister à l’oppression, pour la liberté et dans la fraternité, est un devoir ; c’est, encore et toujours, lutter pour l’espérance de lendemains heureux ».

"Je regrette d'ailleurs que l'initiative d'associations que nous avons connue ces dernières années, ce pique-nique citoyen sur la parc de la Navale, se soit étiolée avec les années. Et je formule le vœu de voir renaître cet événement.

"Les Résistants, militants d’une France libre, ont souvent payé de leur vie leur engagement, ils ont montré que les heures les plus sombres ne sont pas dénuées d’espoir et qu’elles peuvent être suivies de grands bonheurs.

"Cette année est particulière, plus de sept décennies se sont écoulées depuis la Libération et sur décision du Président de la République, quatre figures de la Résistance vont entrer au Panthéon « Deux femmes et deux hommes qui ont incarné les valeurs de la France quand elle était à terre ».

"Je comprends qu'on puisse relever que d'autres aussi auraient pu être choisis, tels Marie-Claude Vaillant-Couturier, mais c’est à la Résistance toute entière que l’hommage est rendu, héros connus, méconnus ou inconnus.

"Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay reposeront désormais auprès de Jean Moulin dans la crypte de la montagne Sainte-Geneviève, cette « maison des grands hommes » inventée par la Révolution.

"Résister, alors, c’était risquer sa vie mais aussi vivre dans l’exaltation pour la patrie et pour l’humanité. Ces femmes et ces hommes avaient la conviction qu’après la guerre, ils pourraient créer une société nouvelle, un monde nouveau.

"Deux femmes et deux hommes remarquables dont les biographies et les mérites sont développés dans tous les journaux. Permettez cependant à l’enseignant que je suis de dire un mot sur Jean Zay, dont un groupe scolaire seynois porte le nom.

"Authentique résistant de la première heure, dès le 20 juin 1940, il est assassiné par la Milice en juin 1944. Il fut ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts durant le Front populaire. Son bilan ministériel est inégalé.

"Pour lui, la République repose sur le civisme et l’intelligence des citoyens.

"Il réforme les Ecoles normales primaires et donne « toute liberté d’initiative » à l’instituteur à qui il demande de former les esprits et les corps par la culture et le sport.

"Je passerai sur la création de l’ENA... pour retenir qu'il a initié le sport scolaire, qu'il a préconisé l’entrée du plus grand nombre - et donc des jeunes filles - dans les lycées qu’il voulait plus démocratiques, qu'il a prolongé de 13 à 14 ans l’obligation scolaire, imaginé les réseaux d’orientation, ce qui deviendra le le centre des œuvres universitaires et scolaires en 1955, posé les fondations du centre national de la recherche scientifique. Et participé à la création des centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active, les CEMEA, qui ont formé tant de jeunes Seynois, non seulement à l'encadrement des enfants en colonies de vacances, mais à la vie et à l'engagement citoyen.

"Ce qu'on sait moins, c'est qu'on lui doit aussi la création des théâtres lyriques nationaux, des bibliobus, et la proposition de naissance du festival de Cannes.

"Autant de lieux de formation et d'élévation des consciences du plus grand nombre aujourd'hui menacés par ceux qui ne jurent que par la finance, auxquels se joignent ceux qui, surfant sur la détresse des plus humbles, s'approprient indûment le nom de patriotes, qui est notre bien commun - comme l'est la République..., et ne visent qu'à préparer un retour par la voie démocratique des tenants de ces idéologies funestes qui ont guidé les pétainistes collaborateurs du fascisme et du nazisme.

"Alors oui, l’idéal de la Résistance est encore à atteindre, nous devons continuer inlassablement à nous battre pour la paix, la justice, les droits de l’Homme, l'éducation, la culture, le service public...

"Nous devons continuer et réaffirmer nos repères, notre désir de vivre ensemble, notre volonté de promouvoir une société plus juste, plus égalitaire, plus soucieuse des laissés pour compte."

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire