M. Guttierez, élu départemental d'extrême-droite, n'est plus adjoint au maire. Mais il demeure conseiller municipal. La question est de savoir s'il reste membre de la majorité municipale. Le suspense est à son comble : fêlure, fissure ou fracture ouverte ?
Mais, quoi qu'en diront l'intéressé et la maire ou ses proches, ce n'est sûrement pas dans une divergence de vues sur le projet politique communal, dont les orientations sont très droitières, qu'il faut en chercher la raison...
En tout état de cause, comme à chaque fois qu'elle est aux affaires seynoises, la majorité de droite se lézarde et, se fragilisant, affaiblit son maire. C'est navrant. Les Seynois, socialement plus vulnérables que jamais en ces temps de crise, n'ont pas besoin de ça.
Élu en 2014 au conseil municipal sous l'étiquette du Front National, c'est en promouvant de tristes idées d'exclusion et de stigmatisation que M. Guttierez a recueilli en 2015 une majorité de voix des Seynois du canton du nord de la commune.
LA DROITE ET SON EXTRÊME : UNE COALITION CONTRE NATURE MAIS ASSUMÉE
On trouvait dans son programme de 2015 les habituels refrains si fraternels et si égalitaires du FN : « priorité aux Français pour l'emploi, le logement et les aides sociales, rétablir l'ordre, stopper l'immigration, ... », et puis d'autres engagements populistes qui ne veulent rien dire mais ont un effet anathématisant garanti, comme « refuser les revendications politico-religieuses, cesser de subventionner les associations politisées, ... ».
Mais ses choix politiques contraires aux valeurs républicaines et aux idéaux démocratiques n'ont pas constitué un obstacle à ce qu'il intègre en bonne place l'équipe de la maire.
Et M. Guttierez est loin d'être la seule caution de droite extrême ou d'extrême-droite dans la majorité seynoise...
UNE CAUTION DE DROITE EXTRÊME ET D'EXTRÊME-DROITE, PARMI D'AUTRES...
Il y a six ans, son projet de candidat se déclinait en propositions qui font étrangement écho aux récents couplets du premier adjoint fustigeant les anciens élus de gauche et certaines associations soi-disant complices d'une « cinquième colonne islamo-gauchiste ».
Il témoignait d'autant d'identités de vues avec celles d'un autre maire-adjoint, responsable varois de Debout la France, ce parti ayant soutenu Mme Le Pen au second tour des présidentielles de 2017 en s'engageant à « protéger les Français, mettre de l'ordre, établir une école du mérite, ... ».
Et il n'affichait pas plus de divergences avec une autre adjointe à la maire, candidate en quatrième position en 2014 sur la liste se qualifiant de « vraie droite » de M. Perea, un autre ex-FN, qui fut aussi président de Populisme et Perspectives Françaises (PPF, un sigle qui fait froid dans le dos...), une organisation d'extrême-droite promouvant « un nationalisme de combat, déterminé à riposter aux attaques d'une droite arrogante et d'une gauche bourgeoise »...
Non, vraiment, M. Guttierez est (ou était ? ou sera de nouveau après les élections départementales de 2020 ?...) bien à sa place avec ses collègues de la majorité seynoise avec lesquels il partage des visions qui doivent questionner tous les démocrates.
LA DROITE VAROISE AURAIT-ELLE SIFFLÉ LA FIN DE LA RÉCRÉATION ?
On peut donc imaginer que ce sont, justement, les démocrates varois de droite qui, ayant avec raison, et contrairement à la droite seynoise, opté pour ne pas franchir la ligne jaune d'un dangereux partenariat avec l'extrême-droite, en ont eu assez d'une aventure seynoise à haut risque.
Il ne serait pas étonnant que les responsables varois du parti Les Républicains aient dû sonner la fin de la récréation et exiger que la clarté soit faite avant les élections départementales de juin prochain auxquelles M. Guttierez souhaite probablement être de nouveau candidat.
DÉCIDÉMENT, AUCUNE MAJORITÉ SEYNOISE DE DROITE N'ÉVITE LA FRACTURE
En attendant, fracture réelle, fissure imposée, ou fêlure simulée, ce qui apparaît aux Seynois, c'est que la droite locale se déchire comme à chaque fois qu'elle gouverne La Seyne. Après une première démission d'un membre de la majorité municipale, après avoir dû désavouer – certes du bout des lèvres – son premier adjoint, et après ce dernier épisode, la maire est très fragilisée moins d'un an après son élection.
Sandra Torres, autre candidate de droite en 2020, n'avait pas tort quand elle déclarait à propos de l'équipe qui a remporté l'élection : « Cette "coalition" convoque l'idée de nations en guerre, avec la victoire pour seul objectif, avant de s'en retourner aux disputes et rivalités anciennes. »
Mais il n'y a pas de quoi s'en réjouir. La Seyne a tant besoin de stabilité.
Sans compter que, silencieuse, l'extrême-droite officielle, comptant les points, sûrement sourire en coin, doit se frotter les mains...