Face aux lourds désagréments dus à l'urbanisation, on peut manquer de moyens sans sombrer dans l'immobilisme, et faire preuve d'imagination pour améliorer la vie en invitant les citoyens à être eux-mêmes acteurs de changements utiles.
C'est devenu une habitude : je me rends régulièrement dans les quartiers de la ville qui font l'objet d'importantes transformations urbaines. Il y a bien sur le grand quartier Berthe, dont les démolitions, constructions, réhabilitations et aménagements d'espaces publics, se mènent à bon train, plaçant La Seyne dans le club très fermé des cinq communes françaises qui réalisent les plus grands programmes de rénovation urbaine de notre pays et faisant de notre ville le plus important acteur du Var en matière de soutien à l'économie du bâtiment et des travaux publics, contribuant ainsi largement à la prévention du chômage.
Pour autant, cette "révolution de quartier" trouble fortement les habitudes et occasionne bien des gênes pendant les travaux. Et encore, à Berthe, tout se fait en concertation avec les habitants ! Ce qui n'était pas le cas ailleurs, dans certains quartiers ouverts à l'urbanisation à outrance par mon prédécesseur : Châteaubanne, le Gai Versant, les Mouissèques, notamment... où les chantiers se poursuivent, empoisonnant le quotidien des résidents.
Mais, en allant à leur rencontre, en échangeant avec eux sur les problèmes de nuisances, de circulation ou de stationnement, en écoutant leurs propositions de bon sens, comme en ayant installé une équipe chargée de faire appliquer par les entreprises une sorte de "charte" de conduite responsable et raisonnable de leurs chantiers, on parvient souvent à trouver des solutions qui contribuent à d'utiles améliorations mais qui, certes, ne compensent pas le terrible impact de la politique d'urbanisation effrénée dont, enfin beau joueur, Arthur Paecht a fini par reconnaître devant le conseil municipal que ses choix exagérés avaient été une erreur.
Alors, je mobilise nos élus, notamment nos adjoints de quartiers, nos services, de l'urbanisme et des infrastructures jusqu'à la police municipale, en passant par la "Gestion de Proximité Seynoise", sorte de "guichet unique" de recueil de doléances et d'idées, ayant mission de "titiller" les services opérationnels pour faire en sorte que les réponses soient rapides et adaptées (on est ainsi passé en quelques mois d'un temps de réactivité de 3 mois à... 3 semaines !) . Et, inlassablement, on écoute les gens, individuellement ou dans le cadre des Comités d'Intérêt Local et des Conseils de Quartiers, on échange des points de vue quant à des solutions, on pare au plus pressé et on réalise pour le plus long terme.
Mais les désagréments vont encore perdurer. La loi est ainsi faite : lancée dès le premier mois de notre mandat, en avril 2008, la révision du Plan Local d'Urbanisme (PLU) a été réalisée à un rythme parfait par nos services et nos élus mais avec des délais réglementaires incompressibles, et les nouvelles règles ne sont opposables sans risque de recours que depuis... mars 2011.
Jusque là, et pendant trois ans, j'étais bien obligé de délivrer des permis de construire sur la base de l'ancien PLU, ce qui a souvent suscité l'incompréhension de mes concitoyens. "Dura lex, sed lex" ("La loi est dure, mais c'est la loi"). D'autant plus ennuyeux que la loi, pour favoriser la relance économique, a allongé d'un an la durée de validité d'un permis de construire et que les travaux liés à un permis délivré en décembre 2010 pourront commencer en... décembre 2013... trois mois avant la fin de mon mandat... Six ans pour voir enfin l'effet de notre nouvelle politique urbaine !
Mais enfin, ça y est, le nouveau PLU a réduit de 400 à 200 hectares les zones de "super-urbanisation", les contraintes de retrait de construction par rapport à la voirie publique sont plus importantes, les obligations de stationnement sur les parcelles et non sur les voiries sont accrues, et les hauteurs réduites.
Demain, les choses iront enfin mieux. En attendant, un seul mot d'ordre à nos équipes : essayez de "bichonner" les Seynois de ces quartiers autrefois paisibles en trouvant avec eux des solutions de bon sens pour leur vie quotidienne !