Cérémonie non officielle dans le calendrier des commémorations de la République, qui explique que je n'y revêts pas l'écharpe tricolore, mais tellement ancrée dans la tradition seynoise, le 1er novembre est l'occasion d'un rassemblement, dans les allées de notre cimetière, de tous ceux qui veulent honorer la mémoire des Morts pour la France, à l'invitation de l'association du Souvenir Français, relayée et accompagnée par la municipalité et l'ensemble des associations d'anciens combattants et victimes des guerres. Le Souvenir Français veille depuis 1906 sur les stèles et monuments, grands et modestes, en France et ailleurs, qu'il entretient pour conserver la mémoire de ceux ont donné leurs vies pour notre patrie et ses valeurs républicaines, des soldats de l'An II aux victimes des derniers conflits.
UN HOMMAGE RENDU AVEC GALINA BAKULINA, DU CORPS CONSULAIRE RUSSE
À La Seyne, une déambulation nous conduit du mémorial de l'association à la stèle érigée en mémoire des défunts de l'Afrique française du nord, en passant par le monument dédié au souvenir des victimes seynoises civiles des bombardements de 1944 et le carré des tombes, certaines anonymes, des soldats et marins morts en 1916 et 1917 à l'hôpital temporaire n°4 installé en 1914 par réquisition de bâtiments du collège des Maristes, dont 72 russes parmi les 336 qui y furent hospitalisés. C'est pour cette raison que, avec Galina Bakulina, attachée auprès du consul général de Russie de Marseille, et le président du Souvenir Français, j'ai déposé ce vendredi une gerbe au pied du monument mémorial et du drapeau tricolore.
DES SOLDATS ET MARINS RUSSES MORTS À LA SEYNE ENTRE 1916 ET 1917
On reste en questionnement sur la raison de la présence de soldats russes chez nous. Il faut revenir aux liens établis entre la Russie et La Seyne, dès 1872, avec des commandes de navires du guerre pour la marine impériale russe aux Forges et chantiers de la Méditerranée.
Certains chercheurs estiment que, travaillant avec les ouvriers seynois des chantiers navals ou de l'Arsenal de Toulon à la construction de cuirassés et contre-torpilleurs, ils ont été incorporés en 1914 pour aller combattre dans les Vosges, soit dans les troupes françaises, soit dans les unités du corps expéditionnaire russe.
D'autres pensent que ces soldats, de diverses unités intervenant sur les pourtours de la Méditerrannée, ont été amenés à La Seyne depuis divers théâtres d'opérations, pour y être soignés de leurs maladies contractées du fait de terribles conditions sanitaires sur les fronts ou de leurs blessures au combat, parce que, du fait de la présence, depuis la fin du XIXe siècle, d'ouvriers et techniciens russes à La Seyne, une bonne partie du corps médical du corps expéditionnaire russe pour la XVème région militaire, avec une vingtaine de médecins et infirmières, avait été installée à l'hôpital seynois. On émet l'hypothèse que les deux raisons se conjuguent probablement.
LA SEYNE, PARTIE PRENANTE DE LA "GRANDE COLLECTE"
Cette histoire reste à vérifier, à compléter et à affiner. Près de cent ans avant le début de la première guerre mondiale, alors qu'est lancée par la mission du centenaire de 1914-1918 une importante opération nationale de récolte et compilation de documents relatifs à la "der des ders" qui peuvent traîner dans des administrations comme chez des particuliers, sous la dénomination de "La grande collecte", j'ai estimé que La Seyne, si attachée à la mémoire et au patrimoine, doit prendre sa part dans cette démarche citoyenne de culture et d'histoire. Les particuliers sont invités à apporter, du 9 au 16 novembre, les documents personnels qu'ils possèdent sur la "Grande guerre", qui seront numérisés et mis en ligne sur un site dédié, appelé Europeana 14-18.
Découvrant que, hormis les Archives départementales de Draguignan, aucune commune varoise n'est partie prenante de cette opération, j'ai donc demandé dès ce vendredi que nos bibliothèques municipales et/ou notre Maison du patrimoine et de l'image, avec notre service de communication, s'organisent très vite, en relation avec les organisateurs nationaux et départementaux, et, si elles le souhaitent, avec nos associations patrimoniales, pour que, dès le 9 novembre, nos concitoyens seynois comme nos voisins puissent, dans une démarche personnelle active et citoyenne, apporter une pierre utile au projet de "La grande collecte".
La mémoire, ce n'est pas seulement paraître lors des temps forts mémoriels. C'est vivre et faire vivre une démarche constante agissante. Pour les valeurs qu'il nous faut sans cesse rappeler et défendre. Celles qui évitent les guerres.