Ça se passe sur le petit port du Manteau, ce dimanche aux alentours de midi. J'y suis accueilli par Bernard Baruzzi, le président de l'association qui gère impeccablement ce petit coin de paradis entre terre et mer, avec Raphaëlle Leguen, première adjointe déléguée à la mer, Florence Cyrulnik, adjointe à la culture et au patrimoine, Michel Reynier, adjoint à la démocratie locale, Martial Leroy et Bernard Trouchet, adjoints de quartier, pour la remise des prix du concours de pêche estival.
120 participants à cette activité sympathique qui crée de la vraie vie entre amateurs passionnés de la mer. Soit 40 de plus que l'année dernière... Comme quoi, dans la vie, il n'y a pas que les jeux en ligne et les réseaux sociaux sur le web...
Au moment de l'apéro pour arroser dignement les kilos de poissons ramenés par les concurrents, je croise parmi les invités un psychiatre et éthologue de renom, venu en voisin. Et nous bavardons.
La conversation nous amène à un récent séjour qu'il a effectué dans les favelas du Brésil, ces bidonvilles où survivent tant bien que mal des milliers de pauvres. Il me raconte combien l'effort de Lula, le président brésilien, qui a doublé le budget national de la culture, porte ses fruits. De gueux, des centaines et des centaines de jeunes voués à la délinquance pour leur survie, deviennent des danseurs ou des musiciens reconnus qui portent haut les couleurs de leur quartier, qui ne s'affrontent plus avec la police, et même qui l'invitent à leurs spectacles. Il me narre comment, en offrant des réfrigérateurs aux plus pauvres entre les pauvres de ces bidonvilles de reclus, l'État fédéral brésilien a pu, non seulement gagner en hygiène alimentaire, mais surtout, en devant faire réaliser, par des ouvriers et techniciens d'État, les adductions d'électricité nécessaires au fonctionnement des frigos, ouvrir une porte entre les favelas et les villes ; depuis, les services publics s'y engouffrent, des électriciens aux postiers et aux instituteurs, et les habitants de ces quartiers s'ouvrent sur le reste du pays.
Avec accès à la culture et lutte contre l'exclusion comme maîtres mots, là-bas, la délinquance a chuté de moitié !
Chez nous, dans cette France qui semble revenir à l'Ancien Régime, le leitmotiv, c'est... moins de moyens pour l'éducation, la prévention, le sport et la culture, et un discours effrayant de nos dirigeants incitant à l'exclusion, la stigmatisation, la déchéance, au mépris des principes fondamentaux d'égalité et de fraternité soi-disant inscrits dans le marbre de la Constitution de la République ! À frémir !
Le 4 septembre, jour du 140ème anniversaire de l'instauration de la IIIème République laîque et solidaire, qui mettait fin à près de vingt années de cette dictature de Napoléon III de laquelle ce qui se trame aujourd'hui exhale les pires relents, je serai à Paris, pour répondre à l'appel citoyen "face à la xénophobie et la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité".
J'espère que nous y serons nombreux, de La Seyne et de ce Var qui a su, en 1851, dire "non", avec force et dans le sang et les larmes, au coup d'État du sinistre neveu de Bonaparte, et qui se grandirait en sortant un peu de sa torpeur...