Eh oui, comme je le craignais, pas plus tard qu'hier samedi devant notre Monument aux Morts à l'occasion de la commémoration du cessez-le-feu de 1962 en Algérie, l'abstention a atteint des records dans notre canton de La Seyne... 66 % ! Seul un sur trois de mes concitoyens est allé voter...
Quand on pense que, pas bien loin de chez nous, à l'entour de notre chère Méditerranée, des peuples versent leur sang pour avoir enfin accès au droit de vivre libres et responsables !
Et le pire, c'est que près d'un sur trois de ceux qui sont allés voter a offert son suffrage à cette extrême-droite aussi inquiétante que répugnante !
Ces Seynois-là ne sont bien sûr pas tous, loin de là, des tenants des idées nauséabondes d'exclusion, de rejet de l'autre, de xénophobie, sur lesquelles ont grandi le fascisme et le nazisme. Ce sont des gens qui souffrent gravement, très gravement, des politiques publiques d'aujourd'hui. Et le disent par leur vote.
Et je prends ma part de responsabilité dans leur souffrance.
Oui, pour vouloir sauver l'outil de démocratie de proximité que représente une commune, la nôtre, empêtrée dans une situation budgétaire rendue inextricable autant par les choix de ceux qui l'ont, avant moi, engluée dans un endettement record sans "retour sur investissement" que par les politiques gouvernementales qui coupent chaque jour un peu plus les vivres solidaires aux collectivités locales pour mieux permettre aux actionnaires des grands groupes financiers multinationaux de réaliser des profits inédits, oui, j'ai dû prendre des mesures d'exception que mes concitoyens payent au prix fort.
Je veux parler, pour être très clair, des décisions que, en gestionnaire, je me suis résigné à devoir assumer quant à la réduction des abattements sur les impôts locaux, afin d'éviter une mise sous tutelle de la commune et permettre aux Seynois, via leur conseil municipal légitimement élu, de décider de leur présent et de leur avenir.
Le candidat de mon parti, Patrick Martinenq, même s'il est aujourd'hui, au soir du premier tour, celui qui a la lourde responsabilité d'incarner l'espoir démocratique, en fait les frais. Toute la gauche seynoise en fait les frais. 10% de moins, toutes proportions gardées, que le score réalisé par Vauzelle et sa liste PS-PRG-MRC il y a à peine un an !
Mais c'est tout le camp républicain dans son ensemble qui en a fait les frais.
Je ne suis certes pas seul responsable. "Qui sème le vent récolte la tempête !". Sarkozy, Hortefeux, Guéant, et leurs affidés, à force de distiller des propos contraires aux simples valeurs de la République (je les rappelle, c'est tout bête : Liberté, Égalité, Fraternité), et de les traduire dans les faits par la Loi et les actes, portent une bien plus grande responsabilité. Les résultats nationaux effrayants pour la démocratie se passent de commentaires.
Localement, cette démocratie, justement, aurait gagné en hauteur et en panache - et surtout en efficacité républicaine - si certains candidats n'avaient pas joué les apprentis sorciers en brouillant les cartes de la compréhension des enjeux de ce scrutin. Car, bon sang, il s'agit bien d'une élection cantonale. Pour élire un Conseil général, chargé des affaires du département du Var, avec les missions qui sont les siennes. Et rien d'autre !
Ces missions sont pourtant essentielles, surtout dans un canton populaire comme celui de La Seyne : l'action sociale et solidaire, l'accompagnement des personnes bénéficiaires du RMI et du RSA, le soutien aux personnes handicapées, aux personnes âgées et dépendantes, notamment.
Pourquoi ont-ils évacué ces enjeux majeurs du débat citoyen préalable au vote ? C'est grave. Très grave.
Il y a un an, déjà effrayé par l'ampleur du vote pestilentiel en direction de l'extrême-droite à l'occasion de l'élection régionale, j'avais annoncé un effort significatif à accomplir, malgré les difficultés communales, en faveur de ce que je qualifiais "d'éducation populaire". Nous avons avancé, mais la preuve est faite que c'est insuffisant.
D'autant plus insuffisant que cette droite présidentielle, gouvernementale et parlementaire, joue avec le feu en poursuivant inlassablement sa funeste tâche de liquidation du service public égalitaire, de l'accompagnement des quartiers populaires, et du soutien aux associations qui, sans relâche, oeuvrent pour la régulation du climat social et l'élévation des consciences.
J'ai le devoir, demain, et malgré des marges de manoeuvre pour le moins limitées, d'engager une "relecture" urgente et raisonnée de la politique de ma commune dans ce domaine, tout en entreprenant une lutte sans merci pour que la puissance publique nationale finisse par se mettre au service des plus humbles et des classes moyennes, chaque jour plus étranglés, méprisés, avilis, et victimes d'une politique du "chacun pour soi", en contradiction fondamentale avec les simples valeurs humanitaires de cette République Française qui, naguère encore, éclairaient les opprimés du Monde.
La loi est ainsi faite. Il y avait onze candidats à ce premier tour de l'élection cantonale seynoise. Il en reste deux en lice pour le second tour de dimanche prochain. Un républicain et un ennemi acharné des valeurs de la République.
Je formule le voeu que les neuf autres, de la gauche et de l'écologie bien sûr, mais je n'ai aucun doute pour ce qui les concerne, comme de la droite, malgré les propos effarants de Copé refusant de choisir entre FN et PS, se grandissent en trouvant les mots pour appeler notre peuple à barrer la route à l'obscurantisme repoussant de la droite extrême.