29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 04:26

http://www.cndp.fr/crdp-creteil/images/stories/resistance/2012-4_leger_dessin_1955.jpgComme chaque année, l'émotion était bien palpable, hier dimanche, lorsque, après avoir lu le message commun des associations nationales de déportés, Jacqueline Bonifay, une Seynoise rescapée des camps de la mort nazis, a égrené la liste de ces camps et, pour chacun, le nombre de victimes de cette barbarie.

Avant que Marie Bouchez, représentant le président de la Région PACA Michel Vauzelle, Hélène Rigal, remplaçante du député Jean-Sébastien Vialatte, puis Pierre Pardon, autre rescapé seynois des camps, et moi-même ne déposions des gerbes, j'ai prononcé une allocution, insistant sur le principe de laïcité facteur de prévention des idées de rejet qui ont conduit, et pourraient encore conduire, à de telles horreurs...

"La déportation, les camps d’internement, de travail, de mort,  resteront à jamais comme la pire des dérives commise par les hommes contre l’humanité. Cette horreur a eu lieu en Europe, foyer de civilisation, dans la première moitié du XXe siècle, après et malgré la Grande Guerre.

"Malheureusement, l’histoire du monde montre que l’homme n’est toujours pas guéri de massacres.

"Un génocide est l’extermination systématique d'un groupe humain, de même race, même si on doit se questionner sur la pertinence de ce terme, de même langue, de même nationalité, de même religion, de même culture, parce que ce groupe de même identité ou partageant les mêmes idées, et uniquement pour ces raisons, sans considération autre que le racisme ou la folie, devient aux yeux des massacreurs un groupe qui ne doit plus vivre. Au nom de quoi ? Je n’ai qu’une réponse, de la folie qu’engendre la haine de la différence.

"Si nous ne devions avoir qu’un seul projet de vie, il serait « Vivre ensemble, riches de nos différences ». Nous avons un outil pour cela, contre tous les intégrismes, tous les rejets, cet instrument majeur est « le principe de laïcité ».

"Quel est-il ? Tout le monde n’est pas au fait de sa définition. La Constitution de la Vème République nous éclaire : La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

"Ainsi, la laïcité garantit la liberté de culte et de pensée à chaque citoyen, mais, en même temps, aucune idéologie, aucune religion, aucun groupe ne doit imposer ses normes de vie à l’Etat et à la société.

"La Laïcité est donc la formidable opportunité de permettre à chacun de pratiquer sa croyance librement et publiquement sans pouvoir en être inquiété. C'est aussi l'engagement de l'État à ne favoriser aucune croyance ni aucun culte par rapport à un autre.

"Il est bon de rappeler cela, ici, où nous n’oublions pas le génocide des Juifs par les nazis. Où nous n’oublions pas, non plus, qu’ils ne furent pas les seuls : les opposants, les handicapés mentaux, les homosexuels, les Tsiganes, les résistants furent aussi des victimes.

"Chacun est donc une victime potentielle dès lors qu’une stigmatisation s’organise.

"Là doit être notre vigilance. Nous sommes là pour combattre ceux qui réfutent les évidences factuelles, ceux qui cultivent un terreau de haine et d’exclusion.

"Aujourd’hui, nous entretenons le souvenir conscient de la longue chaîne des évènements qui conduisirent des esprits ordinaires à se pervertir et à imaginer devoir mettre en œuvre à partir de janvier 1942 « die Endlösung » techniquement et méthodiquement organisée lors de la conférence de Wannsee, cette « solution finale » qui dépasse notre humanité et qui nous fige, encore, dans l’horreur et la douleur.

"Oui, cette cérémonie est un appel à la préservation des mémoires.

"Pour dénoncer les ferments qui ont nourri les idées destructrices ayant légitimé l’internement et l’extermination de millions d’hommes, de femmes et d’enfants pour leurs idées politiques, leurs orientations sexuelles, leurs croyances, leurs origines nationales ou ethniques, leurs choix de vie et de culture, leurs handicaps, nous devons dire, avec force et conviction, que nous défendons une France laïque, où la liberté de conscience, la liberté de penser et la liberté d’exprimer des opinions dans le respect des lois est inscrite dans la constitution.

"Notre volonté doit être, encore et toujours, de perpétuer le projet de vivre ensemble, dans la richesse de nos différences.

"Et la France, la nation des Lumières, a, encore et toujours, le devoir de promouvoir cette idée en forme d’évidence dans l’Europe et dans le Monde.

"Honneur à celles et ceux qui ont péri ou sont revenus effroyablement meurtris de l’indicible. Honneur aussi à celles et ceux qui se sont levés contre la folie. Et vive la France des valeurs de la République."

Partager cet article

Repost0
Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire