3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 05:30

http://www.nexity-logement.com/upload/visuels/programmes/CLEO/0087/07379/PRG_PHOT_07379.jpgOn parle beaucoup de mixité sociale. Et cela se traduit souvent par des déplacements de populations : les gens d'un quartier vont ailleurs ; de nouveaux arrivent, parfois sans que la greffe ne prenne.

À La Seyne, au quartier Berthe, nous l'avons envisagé autrement. Bien sûr, ce quartier ne pouvait rester composé à 95% de logements sociaux. Bien sûr, il fallait introduire de manière très significative de l'accession à la propriété. Mais, même dans une économie de marché, avec l'équipe de notre Office public municipal d'HLM "Terres du Sud Habitat" que je préside, et en particulier son directeur, Joël Canapa, et celui qui est ma "cheville ouvrière" au Conseil d'Administration, le vice-président Jean-Luc Bruno, nous avons voulu démontrer que la volonté politique peut être plus forte que les logiques capitalistes.

Quand nous envisagions cela, le projet de rénovation urbaine était en route et les spécialistes pouvaient se rendre compte que notre quartier avait bougé. J'ai donc voulu m'adresser aux plus gros promoteurs de France pour savoir s'ils étaient intéressés pour investir au cœur de Berthe. Nexity, Eiffage et Constructa ont manifesté leur enthousiasme. Comme ce ne sont pas des philanthropes, ils validaient donc l'idée que la mutation du quartier était acquise.

J'ai donc voulu pousser le bouchon plus loin. L'Office "Terres du Sud Habitat" pouvait vendre du foncier, mais à trois conditions :

* un prix de vente normal, fixé par le service d'État des Domaines,

* connaître le cahier des charges de leur construction pour être totalement sûr de la qualité de ce que les constructeurs privés allaient mettre en vente,

* imposer à ces constructeurs un prix de vente maximum qu'il ne m'est pas très difficile de connaître puisque l'Office est le premier maître d'ouvrage du Var et que nous savons parfaitement ce que coûte la construction d'un immeuble, y compris au regard des règles les plus contraignantes de qualité environnementale.

La loi du marché, c'est cela aussi. Lorsque la puissance publique possède du foncier, c'est elle qui est position de force face au promoteur. Les trois groupes immobiliers que j'ai cités plus haut ont donc accepté. L'immeuble qui sort de terre à l'angle de la future place Saint-Jean est le résultat de cette négociation serrée.

De qualité proche du BBC (Bâtiment Basse Consommation), j'ai imposé un prix de vente hors taxes à 2.000 euros du m², alors que le prix moyen à La Seyne est de 3.400 euros le m². Le résultat est que la moitié des appartements a été achetée par des personnes habitant le quartier dont la situation avait évolué mais qui ne souhaitaient pas s'éloigner. L'autre moitié est également originaire de logements sociaux, plutôt essentiellement toulonnais.

Parmi les acheteurs, il n'y a aucun investisseur, bien entendu aucun "marchand de sommeil", mais principalement ce qu'on appelle des "primo-accédants", c'est-à-dire des familles qui deviennent propriétaires pour la première fois de leur vie.

Je voudrais tirer plusieurs enseignements de cette histoire...

D'abord que, lorsqu'on fait passer le prix d'un T4 de 280.000 euros, qui représente le prix moyen à La Seyne en ce moment, à 160.000 euros environ, pour l'immeuble de la place Saint-Jean par exemple, on permet à des catégories totalement nouvelles d'accéder à la propriété. C'est notamment le cas des jeunes couples de salariés qui en étaient privés jusqu'à présent.

Ensuite, que le bâtiment, ça crée de l'emploi. Ça représente 1,8 emploi créé ou maintenu par logement construit.

Et aussi qu'il y a... béton et béton. Ce béton-là, qui permet à des familles seynoises de libérer un logement social pour d'autres, de devenir propriétaires sans être étranglées, je l'aime. Au contraire de celui qui ne permet qu'à des classes supérieures de payer moins d'impôts.

Enfin, que la politique, ça sert à quelque chose. Et que la volonté politique, à condition d'en avoir, est utile. Et seule la volonté politique a permis ce résultat. C'est donc possible.

Comme il est possible et nécessaire de savoir tirer du nouveau statut des offices publics d'HLM, qui ne nous satisfait pas mais qui a été imposé par une loi votée par la droite, les contreparties qu'il autorise.

En effet, ça donne la possibilité de réaliser des constructions sociales hors du territoire de la commune, permettant, à faible coût, vite amorti, pour le budget de fonctionnement de l'Office, de s'assurer des rentrées sûres de loyers qui confortent nos possibilités financières de réaliser ou améliorer encore plus de logements "très sociaux" pour les Seynois les plus humbles.

Ça stimule aussi notre Plan de Retour à l'Équilibre pour conserver notre outil public communal de construction et de gestion du logement.

Ça offre également des possibilités de mutations aux Seynois qui ont droit comme tout un chacun à la mobilité et voudraient s'installer ailleurs dans l'agglomération.

Et ça permet enfin de faire assurer par un organisme public, fût-il par la force de la Loi un établissement public industriel et commercial, dont la gestion très sociale que nous maîtrisons est unanimement reconnue, une part des constructions rendues obligatoires pour d'autres communes par l'application de la Loi SRU imposant à toutes 20% de logements sociaux.

Alors, ça aussi, c'est de la bonne politique digne de la gauche, faisant œuvre de combat pour les plus démunis de nos concitoyens, d'ici ou d'ailleurs.

On me dit qu'il en est qui voudraient laisser entendre le contraire. Ceux-là n'ont rien compris et jouent dangereusement de l'erreur d'analyse et de l'approche simpliste pour mieux être "politicardement" démagogiques.

Moi, je tiens à rendre hommage à tous ceux qui ont permis et permettent d'aller dans cette voie. Les responsables de notre Office public "Terres du Sud Habitat" que j'ai cités plus haut, mais également l'ensemble de ceux qui participent à sa gestion : certains de mes collègues élus qui s'y investissent (PS, PCF, MRC), dont Rachid Maziane, adjoint en charge du Logement, les autres administrateurs de l'Office, qui y représentent des syndicats (CGT et CFDT), des associations de défense de locataires (CNL et CLCV), des associations familiales, des collectivités territoriales (PS, PG), qui ont été unanimes pour valider la démarche utile de mixité sociale dont je vous ai parlé, et bien sûr les personnels de l'Office et des services municipaux de l'urbanisme et des infrastructures.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Rénovation urbaine - aménagements et habitat