Ce jeudi, les militants socialistes devront se prononcer sur la politique que le PS défendra, en vue des élections européennes de mai 2014, auprès des autres socialistes au sein du Parti socialiste européen (PSE) et bien sûr dans notre pays. Les socialistes ont l'occasion de relayer l'attente des Français, et de peser pour une réorientation majeure et urgente de la construction européenne. Il y a de bonnes choses dans les propositions de la direction nationale du PS, mais il y a aussi des silences et des manques d’audace qu’il faut corriger.
C'est le sens de quatre amendements que nous défendons avec le courant "Maintenant la gauche" auquel j’appartiens, proposant une stratégie de sortie de crise, alternative aux choix libéraux et conservateurs que les institutions européennes imposent depuis des années.
PRIORITÉ À LA CROISSANCE
Un de ces amendements vise à donner priorité à la croissance avant la résorption des déficits, à suspendre le pacte de stabilité, et à voter contre le budget en baisse au Parlement Européen.Les politiques d'austérité sont socialement et économiquement dangereuses. Il faut renégocier le cadre macro-économique de l'Union européenne (UE) et stopper rapidement cette folle logique.
En parler ne suffit pas, il faut un acte politique qui rende impérative cette négociation et porte un coup d'arrêt aux "réformes structurelles" que la Commission européenne veut imposer : elle octroie des délais, mais en exigeant des remises en cause des retraites, des dérégulations accélérées de services publics, etc. Il faut demander et annoncer une suspension du pacte de stabilité, d'ailleurs de moins en moins respecté dans l'UE, mais qui pèse comme une épée de Damoclès empêchant toute politique réellement alternative et de relance.
UNE NOUVELLE ORIENTATION POUR L'EURO
Un autre de nos amendements appelle à une nouvelle politique de l’euro, aux changement des formes d’intervention et des missions de la Banque centrale européenne (BCE), et au regain du pouvoir du politique.La crise vient en effet largement d'une politique bancaire et monétaire au service de la finance et non de l'emploi et de l'économie réelle. La BCE doit pouvoir prêter directement aux États, racheter des dettes souveraines, développer la masse monétaire pour soutenir la croissance et l'emploi. L'euro est surévalué et pénalise les exportations. Il n'y aura pas de sortie de crise rapide si cette situation ne change pas. Il faut modifier les missions et la politique de la BCE.
Là aussi, il faut plus que des paroles. Le traité permet aux États de l'euro de fixer la politique de change. Nous demandons une initiative française, par exemple la convocation d’un sommet exceptionnel, d'ici la fin de l'année, pour définir une parité entre l'euro et les principales monnaies mondiales afin de relancer la croissance et les exportations.
LE JUSTE ÉCHANGE PLUTÔT QUE LE LIBRE ÉCHANGE
Un troisième amendement vise à dire non au traité de libre-échange transatlantique, et oui au juste échange. Plutôt que de promouvoir un monde multipolaire où des coopérations et un juste échange fondent les relations entre continents, l’UE poursuit sa politique de libre échange généralisé sans règles sociales ni environnementales. Il faut refuser l’ouverture des négociations pour ce traité qui accentuerait la dilution de l’Europe, la domination américaine, et fragiliserait toute chance d’engager aux frontières de l’UE une politique commerciale de juste échange. Si nous ne réagissons pas tout de suite, il sera trop tard ensuite.
UNE FEUILLE DE ROUTE ET UN CALENDRIER
Un dernier amendement invite à passer des paroles aux actes. Socialistes, nous n’avons pas renoncé à « notre Europe ». Celle qui privilégie la coopération à la compétition. Nous voulons contribuer à un nécessaire « sursaut », et nous devons donc contribuer à construire, concrètement, un rapport de forces. D’où la nécessité de proposer une stratégie, une feuille de route, un agenda, nous engageant à la mise en œuvre des propositions que nous formulons dans les trois précédents amendements.