Samedi dernier, c'était fête aux Mouissèques, sur l'Esplanade Marine. Un temps exceptionnel de détente, d'échanges, de spectacles, de convivialité, dans un quartier qui souffre beaucoup de son urbanisation rapide encore inachevée. Comment ne pas être impressionné par le vecteur que représente un tel événement pour relier les gens entre eux : les anciens du coin, qui ont vu des immeubles surgir sans crier gare contre la clôture de leur petite propriété et se battent pour préserver leur cadre de vie, comme les nouveaux résidents, qui ont pu trouver là un moyen de prendre toute leur place dans leur nouveau quartier. Bravo au Comité d'Intérêt Local du secteur, qui s'enrichit peu à peu de la participation des acteurs des associations syndicales des habitants des nouvelles résidences !
D'UN QUARTIER À L'AUTRE, FÊTE ET CONVIVIALITÉ
Et c'est par milliers que les gens sont aussi venus jeudi dernier à la fête de Berthe, au "carré du Messidor". Chapeau aux organisateurs de cette dixième édition, plus d'une vingtaine d'associations et de services de la commune, pour cet événement qui aura demandé des mois de préparation. C'est d'autant plus méritoire que, en dix ans, les moyens financiers et humains de tous ont considérablement diminué et qu'il aura fallu, plus que jamais, bricoler, coopérer, mutualiser, imaginer, pour parvenir à un résultat d'exceptionnelle qualité.
J'y ai passé trois heures, avec d'autres élus et Ladislas Polski, notre candidat MRC-PS-PRG-EELV aux élections législatives. Sans avoir pu aller à la rencontre de tous, faute de temps. Car j'ai, encore et toujours, été interpellé par des dizaines de personnes en souffrance avec lesquelles j'ai chaque fois longuement échangé.
MANQUE DE LOGEMENTS : DES TÉMOIGNAGES POIGNANTS
C'est la question du logement qui est récurrente. Un vrai drame ! C'est en 1965 que l'abbé Pierre a évoqué "l'espoir d'avoir un toit, du travail et du pain". Et, presque 50 ans après, on a le sentiment que rien n'a avancé. Moi, je suis révolté quand je rencontre une dame âgée, malade, en fauteuil roulant, ou telle autre qui élève seule son enfant lourdement handicapé, qui ne parviennent pas à muter de leurs logements en haut d'une tour vers des appartements accessibles. Je suis révulsé quand je discute avec une jeune femme, atteinte d'un cancer, mère seule, qui attend depuis des années qu'on lui propose un logement. Je suis désabusé quand un père me présente sa petite famille en m'expliquant que les siens vivent à douze, de trois générations, dans le trois pièces de ses parents. Je suis désolé quand tel autre me dit qu'il est exaspéré d'attendre et qu'il pourrait fracturer la porte d'un appartement en attente d'attribution pour le squatter, au risque de se faire expulser, ou quand on me propose de l'argent pour faire activer un dossier, ou qu'on manifeste son indignation en pensant que telle famille a bénéficié d'un passe-droit pour être logée plus vite que les autres.
On ne peut pas vraiment dire que je me fasse tancer. J'explique, sans relâche. J'explique que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. J'explique que l'office d'HLM de La Seyne dispose de 5000 logements et qu'il y a en permanence plus de 3000 foyers en attente d'attribution. J'explique que, depuis mon élection, plus de 500 nouveaux logements sociaux ont été construits à La Seyne, mais le besoin est au moins de 11.000 pour l'agglomération toulonnaise. J'explique que l'application de la loi DALO (Droit Au Logement Opposable), qui est une excellente chose en soi, complique les choses parce que ses bénéficiaires, qui ne sont pas forcément d'ici, sont prioritaires pour les attributions et relèguent en queue de liste d'attente ceux qui espèrent un logement, certains depuis une douzaine d'années. J'explique, sans cesse. Mais les gens restent sur leur faim.
LA DROITE, CLAIREMENT RESPONSABLE !
J'ai croisé à cette fête le député UMP sortant de la circonscription, maire de Six-Fours. J'aurais dû dire à mes interlocuteurs en désespérance d'aller lui parler de leurs problèmes. Parce que le frein à la politique d'aide d'État au logement social, c'est bien le gouvernement de Sarkozy et Fillon, qu'il a soutenu, qui en est responsable. Sauf La Garde et La Seyne, aucune des communes des alentours de Toulon non seulement ne remplit son obligation légale de disposer de 20% de logements sociaux, mais, de plus, beaucoup d'entre elles ne tiennent pas leurs engagements réglementaires de rattraper leur retard, ainsi qu'en atteste la très officielle carte ci-dessous. Et les sanctions qui leur sont appliquées après constats de carence sont dérisoires pour des villes dont les budgets sont plutôt confortables.
> Carte établie au 5 juillet 2011 par les services de l'État (DREALE PACA - Ministère du Logement), extraite d'un rapport au Comité Régional du Logement
Pour les 12 communes de l'agglomération toulonnaise (sauf Le Revest, non concernée par la loi) plus Bandol et Sanary...
En BLANC : les deux communes en règle avec la loi (La Seyne, La Garde)
En VERT : la seule commune aux efforts reconnus (La Valette)
En JAUNE : les communes qui font un peu d'efforts (Ollioules, Toulon, Le Pradet, La Crau, Hyères)
En ORANGE : les communes qui ne font presque aucun effort : Bandol, Six-Fours, Sanary, Saint-Mandrier, Carqueiranne... donc toutes celles de la circonscription dont M. Vialatte est député, sauf La Seyne...
Je trouve parfois que c'est injuste que ce soit moi qui sois pris à partie, alors que ma ville accomplit des efforts significatifs, me disant : "Mais pourquoi les gens ne vont-ils pas engueuler les maires des autres villes ? Ils ont du terrain, de l'argent, il ne leur manque que la volonté. Que craignent-ils ? Je n'ose pas imaginer qu'ils ont peur des pauvres, des humbles..." C'est peut-être que les gens s'imaginent que ça ne servirait à rien...
VERS LE LOGEMENT POUR TOUS, LE CHANGEMENT, C'EST MAINTENANT
Moi, je crois surtout qu'il faut que ça change. Sans une politique courageuse, ambitieuse et contraignante de l'État, nous n'y parviendrons jamais ! François Hollande a formulé des propositions claires et réalistes pour le logement :
"Dans les zones où les prix sont excessifs, je proposerai d’encadrer par la loi les montants des loyers lors de la première location ou à la relocation. Je mettrai en place pour les jeunes un dispositif de caution solidaire. J’agirai pour que soient construits au cours du quinquennat 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants, soit 300 000 de plus que lors du quinquennat précédent, dont 150000 logements très sociaux, grâce au doublement du plafond du livret A. Je renforcerai la loi SRU, en multipliant par cinq les sanctions qui pèsent sur les communes refusant d’accueillir les ménages aux revenus modestes et moyens. Je porterai à 25% les exigences en matière de construction de logements sociaux et je favoriserai la mixité sociale en imposant une règle des trois tiers bâtis : un tiers de logements sociaux locatifs à loyer modéré, un tiers de logements en accession sociale, un tiers de logements libres. Je mettrai gratuitement à disposition des collectivités locales les terrains de l’État qui sont disponibles pour leur permettre de construire de nouveaux logements dans un délai de cinq ans." (propositions 22 et 23 des 60 propositions de F. Hollande)
Les 10 et 17 juin, à l'occasion des élections législatives, nous devrons donner une majorité solide à François Hollande, en votant pour les candidats de la nouvelle majorité présidentielle. Et c'est pour accompagner ce mouvement nécessaire que j'ai accepté d'être candidat suppléant à l'élection de notre 7ème circonscription, en compagnie du Docteur Ladislas Polski.
J'invite d'ailleurs les visiteurs de ce blog à venir débattre du dur sujet du logement mercredi prochain 23 mai à La Seyne...