8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 05:16

http://marcelpoulet.free.fr/wp-content/Le%20dormeur%20du%20val.JPGComme chaque année, la commune a volontiers répondu ce 7 mai à la sollicitation des associations d'anciens combattants et de parachutistes de pavoiser au monument aux morts et de tenir une cérémonie commémorative en mémoire de la bataille de Diên Biên Phu qui a conduit en cette année 1954 à la fin de la guerre d'Indochine. Nous y étions avec quelques élus communaux, Christian Barlo, Rachid Maziane et Patrick Valle. Il est toujours difficile, au-delà de l'hommage à rendre à ceux qui ont fait leur devoir de soldats, de repondre à la sollicitation de tenir un propos. Mais je me devais de le faire, m'inspirant d'un article de Carole Vann présentant "Diên Biên Phu vu d'en face", un ouvrage de journalistes ayant recueilli des paroles de vétérans vietnamiens...


“Du côté français, ils furent 16.000 hommes équipés qui avaient été parachutés dans la région. Vos frères, amis parachutistes, des troupes de marine, des régiments étrangers et de l'infanterie coloniale.

“Du côté vietnamien, ils étaient 55.000 combattants vietminh, les « bôdoi », bien moins armés, mais ils étaient surtout 260.000 civils, les pieds nus pour la plupart. Sans oublier les 21.000 conducteurs de bicyclettes qui ont acheminé des armes et des vivres.

“Transporteurs de riz ou de munitions, artistes envoyés au front pour remonter le moral des troupes, journalistes, médecins, infirmiers, femmes et hommes,  ils se sont livrés  à leur combat au côté des « bôdoi », ces « hommes verts » au casque rond.

“On ne refait pas l’histoire. Peut-être que les mêmes valeurs qui guidaient ceux qui avaient libéré la France de l’oppression nazie dix ans auparavant, Forces françaises libres, Forces françaises de l’intérieur, résistants, simples citoyens, hommes, femmes et jeunes qui ont commis de petits et de grands actes de combattants de l’ombre entre 40 et 45, ont guidé ces gens du peuple d’Indochine.

“On ne refait pas l’histoire. Vos frères, amis soldats, ne se sont pas questionnés sur les causes de la colonisation, sur les choix stratégiques de leurs chefs, sur la renaissance d’un Monde au lendemain d’une guerre mondiale dont nous commémorerons demain l’armistice. Ils ont rempli le devoir que la Nation leur demandait d’accomplir, dans la souffrance et la peur, mais aussi avec la force du courage, le sens de l’obéissance et la valeur de la fraternité.

“On ne refait pas l’histoire. Il y aura 60 ans l’an prochain. Ce que je voudrais que nos jeunes générations retiennent, c’est ce témoignage de l’horreur partagée dans chaque camp rapportée par un ancien soldat vietnamien :

“« Je parle français. J’entends parfois des soldats adverses crier avant de mourir. Des frères d’armes illettrés me demandent : “Que dit-il ?” “Il appelle sa maman...” Mourants, mercenaires ou colonialistes, ils sont comme nous, des jeunes hommes qui n’ont pas encore de femme et qui invoquent leur maman avant de s’éteindre. »

“Plus jamais ça !”




> J'ai illustré cet article d'une œuvre de Marcel Poulet, "Le dormeur du val", évoquant le poème d'Arthur Rimbaud. À découvrir dans sa galerie virtuelle sur son très beau site. (je peux naturellement la retirer sur demande)


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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire