20 octobre 2025 1 20 /10 /octobre /2025 02:23

 

On ne les entend ni ne les lit pas mais il ne fait aucun doute pour moi que les élus de la majorité municipale de La Seyne et ceux qui aspirent à les remplacer en mars 2026 doivent refréner leur colère en décryptant le projet de loi de finances 2026 que le gouvernement de MM. Macron et Lecornu soumet à la discussion des parlementaires.

 

Si les députés et sénateurs ne corrigent pas la copie, les collectivités locales vont en effet être arbitrairement mises à contribution pour réduire les dépenses du budget de l'État qui, par ailleurs, fait la part belle aux plus nantis. Au point que les services et équipements publics locaux, régulateurs des inégalités, donc nos concitoyens et les acteurs sociaux et économiques, vont cruellement en souffrir.

 

Mais est-ce donc si raisonnable de refréner sa colère face aux agressions subies d'année en année ? Être élu local, mandaté par une population, n'est-ce pas aussi être combatif pour ses besoins ?...

 

 

Après les purges des années passées, auxquelles La Seyne a en partie échappé en figurant dans la liste des 250 communes françaises les plus fragiles parmi le millier de celles abritant des quartiers populaires reconnus prioritaires ( * ), il faut s'attendre, si le budget n'est pas corrigé, à des jours des plus difficiles.

 

 

UNE INJUSTICE, UN MENSONGE ET UN ACHARNEMENT

 

Ça commence par une injustice. Le gouvernement annonce qu'il veut ponctionner les collectivités locales de « seulement » 4,6 milliards d'euros pour contribuer à la réduction du déficit public, soit plus du double de ce qu'il a déjà confisqué en 2025 (2,2 milliards d'euros). Mais, ce déficit, ce ne sont ni les mairies, ni les intercommunalités, ni les départements, ni les régions, qui en sont responsables : c'est essentiellement l'État lui-même qui, contrairement aux collectivités, n'est pas obligé par la loi d'avoir des budgets en équilibre.

 

Ça continue par un mensonge éhonté. En réalité, si on farfouille un peu comme moi dans les lignes absconses du projet de loi de finances – ce que notre maire et les prétendants à la fonction ne manquent pas de faire, j'en suis certain –, on relève que la douloureuse sera en réalité d'environ 8 milliards d'euros du fait de nouvelles pertes de recettes et obligations de dépenses : entre autres, la réduction des crédits du "fonds vert" (– 500 millions), des agences de l'eau (– 90 millions) ou de l'Agence nationale de l'amélioration de l'habitat (– 700 millions), et la hausse des cotisations des collectivités au régime de retraite des fonctionnaires territoriaux (+ 1,4 milliard).

 

Et ça termine par un acharnement particulier sur les communes et intercommunalités populaires. La mission "cohésion des territoires" perd 5% de ses crédits. On fige les crédits de l'Agence nationale de la rénovation urbaine – l'ANRU, qui finance la rénovation de notre centre ville – pouvant entraîner une trésorerie négative de l'agence dès 2026, donc l'obligation du report des opérations. On réduit de 20% les crédits du programme "urbanisme, territoires et amélioration de l’habitat". On augmente certes de 42 millions les crédits de la politique de la ville, ceux qui, notamment, soutiennent les associations de nos quartiers fragiles, mais on impose de réaffecter 66 millions de ces crédits pour soutenir l'ANRU qu'on étrangle par ailleurs, donc c'est autant de moins pour les actions de terrain pour l'insertion professionnelle, l'éducation préscolaire, scolaire et extrascolaire, le sport, la culture, les droits des femmes, l'accompagnement des anciens, la santé, la prévention de la délinquance, la médiation, etc.

 

 

NE RIEN DIRE NI FAIRE SERAIT COUPABLE

 

Être maire d'une commune comme La Seyne, avec une importante population vulnérable dont les besoins de bienveillance publique sont accrus, c'est certes gérer au mieux avec ce dont on dispose, mais c'est aussi se bagarrer contre les injustices d'État pour obtenir ce qui est nécessaire. Avec leur montée en puissance annoncée, refréner ses ressentiments n'est pas forcément la meilleure des choses. Plus utile serait de poser sur la place publique les récriminations et leurs responsables, s'investir avec d'autres pour protester et exiger, en particulier dans le cadre des associations nationales d'élus locaux, mobiliser ses administrés et les acteurs sociaux et économiques, et bousculer les parlementaires pour qu'ils refusent l'indicible de ce projet de budget.

 

« Si le budget des collectivités ressemble ne serait-ce qu'au squelette de ce qui nous est proposé aujourd'hui [dans le projet de loi de finances], cela justifierait à soi seul la censure », a indiqué André Laignel, maire socialiste d'Issoudun (Centre Val de Loire), premier vice-président de l'Association des maires de France, et président du comité national des finances locales. Il a raison.

 

Chez nous, on devrait s'attacher, dans la perspective des élections municipales de 2026, bien sûr à comparer les programmes et leurs faisabilités, mais aussi à regarder lesquels des élus en place et des candidats s'engagent comme André Laignel dans la lutte contre l'étranglement programmé de notre territoire. Moi, j'ai ma petite idée.

 

______________________________________

( * ) : L’article 186 de la loi de finances pour 2025 a créé le dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales, le « DILICO », qui a permis à l'État de prélever un certain nombre de collectivités sur leurs douzièmes de fiscalité jusqu’à atteindre une contribution totale d’un milliard d’euros. Mais ont été exonérées les 250 premières communes de plus de 10 000 habitants éligibles à la dotation de solidarité urbaine, dont La Seyne fait partie.

Partager cet article

Repost0
Publié par Marc Vuillemot - dans Finances - budget et impôts