25 juin 2025 3 25 /06 /juin /2025 10:05

 

Ça fait tout de même râler. Quand on a consacré plus d'une décennie à redresser patiemment la barre de finances en piteux état et quand, ayant passé la main, on assiste impuissant à une dégradation accélérée par un laisser-aller coupable, c'est aussi attristant que rageant.

 

Le conseil municipal s'est penché ces jours derniers sur l'exécution du budget de 2024. Ça a été l'occasion pour les élus de l'opposition de gauche de dresser le bilan des quatre années d'une gestion conduite à vau-l'eau, inconsidérément dépensière, sans maîtrise, et sans même que le service public local n'en soit amélioré ni que les investissements nécessaires ne soient réalisés.

 

C'est Anthony Civettini, conseiller municipal communiste, qui s'est chargé d'exposer au nom du groupe des élus des gauches et de l'écologie, chiffres à l'appui, l'inquiétante dérive dont la coalition tumultueuse de la droite seynoise et de son extrême porte la responsabilité.

 

 

L'élu d'opposition a rappelé que « le “compte financier unique” ( * ) de 2024 est le dernier [d'une] mandature chaotique » et que, « avec ceux des autres années du mandat, il constitue donc un élément significatif de bilan. »

 

Il s'est adressé à ce qu'il reste de la majorité municipale : « Les constats édifiants de la grave dégradation des finances communales que les comptes de 2021 à 2024 mettent en lumière relèvent de votre responsabilité pleine et entière. Ces constats, à la lumière des analyses comparée des comptes des dix dernières années, sont éloquents. Nous n’en évoquerons que quelques-uns parmi les plus signifiants. »


 

PREMIER CONSTAT : APRÈS SIX ANS D'AMÉLIORATION CONTINUE PAR LA GAUCHE, LES RÉSULTATS DE LA SECTION DE FONCTIONNEMENT SE SONT DÉGRADÉS D'ANNÉE EN ANNÉE DEPUIS L'ÉLECTION DE L'ÉQUIPE DE DROITE

 

« L’équipe de votre prédécesseur, a-t-il poursuivi, avait patiemment redressé la barre pour dégager chaque année un peu plus d’excédent. Les montants parlent d’eux-mêmes. De 6,2 millions dégagés en 2015, on est passé à 8 millions en 2016, environ 9 millions chaque année de 2017 à 2019, puis 9,5 millions en 2020.

 

« Vous, vous avez dès votre élection lâché la bride des dépenses irraisonnées. Les excédents se sont réduits année après année : 9 millions en 2021, 8 millions en 2022, 8 millions en 2023 (et non les 10 millions affichés parce que vos chiffres était faussés par une créance imaginaire liée à la piscine Aquasud que vous avez ensuite dû annuler), et enfin 7 petits millions en 2024.

 

« Votre équipe porte la responsabilité d’avoir, en quatre ans, quasiment réduit à néant douze ans d’efforts de gestion sérieuse qui avaient porté leurs fruits. »

 

 

DEUXIÈME CONSTAT : UNE GESTION À L'AVEUGLE EMPÊCHANT DEPUIS 2021 DE DÉGAGER DE L'AUTOFINANCEMENT POUR ÉVITER LES RECOURS À L'EMPRUNT

 

« Votre gestion à l’aveugle vous a empêchés, a-t-il continué, dès la première année de votre mandat, de dégager assez d’autofinancement pour éviter de trop importants recours à l’emprunt pour les investissements.

 

« Comme depuis 2021, vous demandez au conseil municipal de voter aujourd’hui une affectation au compte 1068, c’est-à-dire aux excédents de fonctionnement capitalisés, d’un montant exactement identique, au centime près, à votre besoin de financement de l’investissement. C’est à peine plus de 6 millions pour cette année, contre encore près de 8 l’an dernier.

 

« L’équipe qui vous a précédés parvenait chaque année à affecter au 1068 de 1 à 2 millions de plus que les besoins d’investissement. Vous vous en êtes révélés incapables.

 

« Résultat : comme l’impact de la dette demeure lourd, vous ne pouvez compenser par des emprunts d’un montant significatif, et donc vos affichages prévisionnels d’investissement se révèlent n’avoir été que de la poudre aux yeux. En 2024, vous affichiez 17 millions et vous ne réalisez même pas 12 millions. En 2023, vous prévoyiez 19 millions et vous réalisez à peine plus de 11 millions. Et ainsi de suite en remontant jusqu’en 2021. » ( ** )


 

TROISIÈME CONSTAT : ON N'A PAS TENU LES CORDONS DE LA BOURSE DU FONCTIONNEMENT DES SERVICES

 

Anthony Civettini a expliqué : « Vous n’avez pas tenu de façon constante les cordons de la bourse du fonctionnement, à l’exception, il faut le reconnaître, de cette année 2024. Les dépenses des services ont été en légère baisse de 4 % malgré l’inflation lourde. Les charges de personnel sont en hausse limitée à 4 %, dans la moyenne nationale, malgré les contraintes [de revalorisations] découlant des décisions de l’État qui s’imposent aux collectivités et dont ont heureusement bénéficié nos fonctionnaires qui le méritent bien.

 

« Mais vous payez le prix des décisions prises les années précédentes.

 

« Des exemples ? Pourquoi avoir embauché tant de hauts cadres aux niveaux de salaires très élevés alors que vous mettiez au placard ceux, bien moins coûteux, que vous avez finalement rappelés après les départs successifs de vos nouvelles recrues ? Pourquoi remplacer un chef de service des sports par trois fonctionnaires à temps complet ? Pourquoi installer cinq niveaux de hiérarchie pour le service de la démocratie locale ? Et la photo publiée hier par Var-matin illustre ce questionnement : pourquoi faire diriger la police municipale par quatre chefs là où un seul et son adjoint suffisaient ?

 

« Vous évoquez en filigrane les misères que l’État fait subir aux collectivités. Elles sont réelles, mais on ne vous a pas beaucoup entendus vous en plaindre. Peut-être est-ce parce que, par rapport à d’autres, La Seyne a relativement été épargnée en 2023 et 2024, les dotations de solidarité permettant même un léger écart positif du compte 74 des dotations et subventions par rapport à vos prévisions. Mais vous n’avez même pas su tirer profit de cette situation.

 

 

CONSÉQUENCES : LES INVESTISSEMENTS AU POINT MORT, HEUREUSEMENT QUE LA MÉTROPOLE EST LÀ !

 

Anthony Civettini a donc conclu sa démonstration : « Les conséquences de ces trois constats majeurs sont là : alors que, en moyenne en France, les dépenses d’investissement des communes ont augmenté de 10 % en un an, à quelques mois de la fin du mandat, les nôtres ont stagné à un niveau très bas.

 

« Aucun équipement structurant n’a vu le jour depuis votre élection. Seul l’achat de l’ancien centre des finances publiques pour y installer la mairie sociale est à mettre à votre actif.

 

« Les investissements vraiment visibles par les Seynois ne sont pas de votre fait, mais de la Métropole, cette intercommunalité contre laquelle vous n’avez pas ménagé vos critiques avant votre élection et encore au début de votre mandat.

 

« Pourtant, ce sont 6 millions d’euros de dépenses d’investissement dont La Seyne bénéficie chaque année depuis 2020, dont 4,5 millions pour les plus voyantes que sont les infrastructures, notamment routières, et les espaces verts et sites arborés, sans compter les opérations particulières comme la requalification en cours de l’avenue Henri-Guillaume.

 

« Ce sont autant d’appuis dont La Seyne a pu bénéficier depuis la fin en 2020 de la phase transitoire des transferts de compétences de la Ville vers TPM entamée en 2018.

 

« Heureusement que vous avez laissé la Métropole exercer ses nouvelles compétences ! ( *** )


« Voilà. L’analyse des comptes de ces quatre années confirme une dégradation alarmante des finances communales sans qu’aucune contrepartie n’en résulte pour l’amélioration du cadre de vie et du service public pour les Seynois.

 

« C’est pourquoi notre groupe de gauche, renouvelant ses remerciements aux fonctionnaires communaux et au comptable de l’État qui ont fait leur travail, sanctionnera les orientations financières que votre équipe politique leur a demandé de mettre en œuvre. »

 

Et les élus des gauches et de l'écologie ont – les seuls – bien eu raison de voter contre le “compte financier unique” présenté par une majorité municipale plus accaparée par ses tourments et sa fragilité résultant de ses graves divisions internes que par le souci d'une gestion raisonnable de l'argent public.

 

 

 

____________________________________________

 

 

 ( * ) : Le “compte financier unique” (CFU) est le nouveau document qui remplace à la fois le “compte administratif” que le maire devait établir chaque année pour rendre compte des recettes et dépenses qu'il demandait au trésorier municipal (un agent comptable du ministère des Finances) d'engager et le “compte de gestion” que cet agent comptable devait tenir de son côté pour relater les dépenses et recettes que le maire lui demandait d'exécuter.

 

 ( ** ) : Cette réalité a d'ailleurs été confirmée lors de la séance par le groupe de droite dissident de la majorité municipale fractionnée, dont le chef de file, Jean-Pierre Colin, a reconnu – merci ! – que, sous la municipalité Vuillemot, on parvenait à réaliser 16 à 17 millions d'euros d'investissements annuels, tandis que la gestion désastreuse de l'actuelle majorité l'empêche d'aller au-delà de 11 à 12 millions d'euros.

 

( *** ): Ce n'est hélas pas totalement vrai. La Seyne a ainsi ralenti délibérément la mise en œuvre du programme de rénovation urbaine de notre centre ancien qui relève d'une des compétences exercées par la Métropole : la "politique de la ville". D'ailleurs, le conseiller Anthony Civettini l'a relevé au cours de son intervention :

« Pourquoi avoir tergiversé trois ans pour soi-disant remodeler le nouveau programme de rénovation urbaine du centre-ville ? Une seule opération a été menée à bien par la Métropole : la rénovation de la place Germain-Loro devant les Maristes que vous avez inaugurée parce qu’elle avait été engagée avant votre élection mais retardée à cause de l’épidémie de covid.

« Rien de tout le reste, sur l’habitat, sur la structuration urbaine, sur les équipements publics, n’a pu démarrer alors que le programme était arrêté depuis fin 2019. Avec vos caprices et votre entêtement à vouloir faire table rase du passé, vous avez bloqué la machine de la Métropole. Et vous avez de la chance que les maires de toute la France des villes bénéficiant de ces programmes de rénovation des quartiers populaires vulnérables se soient battus pour obtenir de l’État que le butoir de l’achèvement des travaux soit repoussé à 2030. Sans cela, nos opérations sur le centre ancien que la Métropole ne pourra finalement engager que cette année et en 2026 auraient perdu le bénéfice des financements substantiels de l’État, d’Action Logement et de la Caisse des Dépôts. »

Partager cet article

Repost0
Publié par Marc Vuillemot - dans Finances - budget et impôts