Droit au logement : les "macronistes" ni de droite, ni de gauche, certes. Mais ni même républicains.
J'ai des amis macronistes.
Parmi eux, il en est trois qui comptent vraiment pour moi, et auxquels je me dois de demander comment ils peuvent admettre et supporter, voire défendre, le sale coup fait au droit au logement pour tous qui s'est joué ces derniers jours avec le vote au Parlement de la loi 3DS démantelant un pan vital de la loi "Solidarité et Renouvellement Urbains" (SRU) qui imposait aux communes de garantir dans un délai raisonnable une offre de 25% d'habitat social.
Un sale coup qui nie jusqu'aux fondamentaux de la nation républicaine. Et qui ne peut laisser indifférents mes amis macronistes.
SCANDALE : TROIS FOIS PLUS DE TEMPS ACCORDÉ AUX COMMUNES POUR ATTEINDRE 25% DE LOGEMENTS SOCIAUX !
Sous la pression du Sénat majoritairement à droite, le texte législatif triple désormais le délai consenti par l'État aux communes réfractaires à l'obligation légale de production de logements sociaux pour qu'elles se mettent en règle.
Autant dire que, dans notre département du Var, qui figure parmi les champions de la carence en logement social, les 27.500 familles qui attendent depuis des années dans l'angoisse d'avoir un toit à un coût locatif compatible avec leurs revenus ne sont pas près de voir le bout du tunnel.
Et j'en reviens aux macronistes de mes amis. Je les évoque ci-après du plus âgé à la plus jeune, ils se reconnaitront, et certains des visiteurs de mon blog les reconnaîtront. L'un d'eux était socialiste comme moi et a compté au nombre de mes bras droits lorsque j'étais maire. Le second, aussi impliqué à mes côtés en ayant eu, avec toute ma confiance, la charge de présider notre défunt office municipal d'HLM, émargeait au parti souverainiste très à gauche fondé par Chevènement. La troisième, qui fut également conseillère municipale dans une des équipes que j'animais, celle de 2008-2014, a assumé avec brio la responsabilité départementale du mouvement des jeunes communistes.
ÊTRE MACRONISTE, À LA RIGUEUR... MAIS PEUT-ON ÊTRE ANTI-RÉPUBLICAIN ?
Leurs transitions vers le macronisme n'ont évidemment en rien entaché nos amitiés. Peut-être était-ce moi, me disais-je, qui, arcbouté sur des doctrines d'une autre époque, ne comprenais pas qu'on pouvait faire dans le « ni-ni », même s'ils ne m'en voulaient pas de ne pas être dans l'air du temps. Comme je ne les ai jamais blâmés d'emprunter d'autres routes.
Mais, là, c'est à moi de les interpeler. On n'est plus le « ni-ni », mais dans le déni. Le déni d'une réalité politique anti-républicaine qui s'étale aux yeux de tous, et forcément d'eux-mêmes. Cette réalité dépasse gravement le « ni de droite - ni de gauche » car elle bafoue les fondements républicains de notre nation... celle-là même qui, disposant du cinquième produit intérieur brut du monde, ne peut arguer du manque de moyens pour justifier son indicible mépris du droit à un logement accessible.
Le droit au logement est en effet considéré en France comme découlant de la rédaction des dixième et onzième alinéas du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946. C'est un texte à valeur fondamentale :
« 10. – La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
« 11. – Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence. »
Se fondant sur cette déclaration, le Conseil constitutionnel a d'ailleurs considéré que « la possibilité de disposer d’un logement décent est un objectif à valeur constitutionnelle ». C'était il y a près de trente ans, en 1995.
AMIS MACRONISTES ISSUS DES GAUCHES, REVENEZ AU BERCAIL
Alors, amis macronistes issus des familles de pensée humanistes, vous ne pouvez accepter ce qui vient d'être voté. Ç'en est fini des illusions. Il est l'heure pour vous de rentrer au bercail. Nous vous attendons.
Et puis, regardez, dans notre région, qui sont ceux qui vous rejoignent désormais. Soyez réalistes, ce qui est en train de se jouer, ce n'est que le retour à la partition des partis des droites que nous avons connue jadis : l'UNR face au CNIP, puis l'UDR face aux RI, puis le RPR face au PR, qui ont tous fini par tactiquement se retrouver dans l'UMP puis LR. Et qui, maintenant, tout aussi stratégiquement, s'éloignent de nouveau, une partie d'entre eux ayant bien compris que leur droite libérale est incarnée par Macron et son parti LREM et ses satellites.
Les amis, croyez-vous franchement que vos nouveaux compagnons de marche Christian Estrosi, Renaud Muselier ou Hubert Falco, qui sont certes des républicains respectables, partagent vos visions progressistes, par exemple sur la traduction dans les communes de leurs territoires... du droit de chacun à disposer d'un toit ?