Il faudrait être mesquin et de mauvaise fois pour estimer que les 5 milliards d'euros du contrat de plan pour la Région Provence soutenu par le plan de relance ne représentent pas un effort certain de l'État, en appui au territoire régional.
Les choix ne sont cependant pas tous à la hauteur des enjeux...
INDUSTRIE, SERVICES PUBLICS ET ÉCOLOGIE : DE GRANDS OUBLIÉS
Le volet industriel fait cruellement défaut. Ne serait-ce que pour le « Grand Toulon », il aurait été indispensable que, dans sa négociation avec l'État, la Région pèse pour que l'État vienne en appui du groupe CNIM à La Seyne et de Transfix à La Farlède.
Les services publics sont également de grands oubliés du plan. Celui de la santé, dont il est inutile de rappeler l'importance avec la situation que l'on connaît depuis bientôt un an, est aux abonnés absents. Les centres hospitaliers de proximité de La Seyne et de Hyères continueront sur la voie de leur mort lente programmée.
Le plan n'affiche pas plus d'ambition en matière d'infrastructures de transports propres. Au regard de l'enjeu environnemental, si l'on excepte l'appui à l'électrification des quais portuaires de la rade de Toulon, dont ceux de La Seyne, il est incompréhensible que des moyens soient prioritairement dédiés aux infrastructures routières, délaissant des programmes structurants comme le transport en commun en site propre (TCSP) de la Métropole Toulon Provence Méditerranée, ou la requalification de la ligne ferroviaire Marseille-Toulon, tant pour permettre le développement du transport de fret en roll-on/roll-off (ro-ro) par conteneurs géants amenés par trains et embarqués sur des navires rouliers au port de La Seyne-Brégaillon que pour assurer les financements de la ligne de RER Saint-Cyr / Toulon / Carnoules / Hyères.
Rien ne transpire enfin pour la rénovation urbaine des quartiers populaires urbains vulnérables, alors même que, on le voit à Hyères, La Seyne, Marseille ou Toulon, la situation ne cesse de s'y dégrader, et que les maires et présidents d'intercommunalités – certes pas ceux de notre région qui ont laissé d'autres se mobiliser pour tous... –, au terme d'un récent bras-de-fer avec le gouvernement, ont obtenu de l'État que 1% du plan de relance leur soit spécifiquement consacré.
ÉQUITÉ TERRITORIALE ET SOCIALE : L'ÉTAT RÉPUBLICAIN DOIT COMPENSER LES DÉFAILLANCES RÉGIONALES
La décentralisation a du bon. À condition que les territoires portent auprès de l'État des projets répondant aux besoins de leurs populations, en matière économique, sociale, urbaine, de structuration territoriale et de développement durable. Et que l'État assume de porter lui-même des programmes, à la place des institutions locales, en cas de défaillance d'opportunité de leur part, au nom de l'unité et l'indivisibilité de la République.
En cette année 2021, au terme du mandat de six ans de la majorité régionale de droite de M. Muselier – et de son représentant local, M. Colin –, on aurait aimé pouvoir porter à son actif quelques perspectives structurantes pour notre territoire ouest-varois. Mais on ne gardera pour souvenir prégnant que le retrait unilatéral de la Région du financement des mesures d’accompagnement social des habitants des quartiers populaires prioritaires ou des chantiers d’insertion offrant aux personnes les plus éloignées de l'emploi une de chance de mettre de pied à l'étrier.
Ah si, tout de même, bien sûr, j'allais oublier une avancée majeure pour le quotidien de nos habitants : le changement de nom de la Région, ayant perdu son appellation historique de Provence qui faisait à peu près consensus pour devenir une sorte de marque commerciale, Région Sud...