Il est un nouveau ministère dont le titre a échappé à beaucoup de monde : celui de... la Transformation et de la Fonction publique. Je me méfie toujours des libellés abscons. Ce qui m'inquiète, c'est que le « et » qui relie les deux champs de compétences de la ministre Amélie de Montchalin s'évapore très vite.
Et, même si le « et » demeure, ce qui me questionne et me préoccupe, c'est ce que pourrait receler cette perspective de « transformation »...
C'est le président de la République qui a fixé la ligne dans son discours du 14 juin faisant le point sur la pandémie du coronavirus. On aura retenu la réouverture des bistrots, des écoles et des frontières européennes, mais beaucoup moins le concept de « nouveau chemin » duquel a découlé un discret ordre de mission pour le gouvernement et le Parlement : « L'organisation de l'État et de notre action doit profondément changer ».
En tous cas, nous y sommes. Un ministère est fondé pour s'atteler à la tâche. Avec une titulaire du portefeuille qui n'a sûrement pas été choisie au hasard. Championne du management privé de grands groupes économiques, fière d'avoir créé « deux start-up » pour gérer sa campagne pour la députation puis son mandat de parlementaire, coordonnatrice du groupe des députés En marche choisie pour ses aptitudes managériales de « whip » (en anglais, ça veut dire « fouet », tout un programme...), la ministre pourrait bien mettre tout son talent néolibéral au service du démantèlement des services publics, sur fond des propos entrainants de M. Macron : « Libérons la créativité et l'énergie de terrain »...
La crise sanitaire a pourtant révélé, s'il en était besoin, combien les agents et l'organisation du service public, de l'État, des hospitaliers, et des collectivités locales, est indispensable. La crise économique et sociale qui s'accélère va nécessiter que la nation, plus que jamais, prenne soin de nos populations. Fragiliser la fonction publique serait périlleux.
Ça le serait chez nous au moins autant qu'ailleurs, après les changements politiques intervenus à La Seyne. Les propos de certains élus de la nouvelle majorité municipale, alors qu'ils siégeaient dans l'opposition, dont l'un, aujourd'hui adjoint au maire, estimait qu'il était possible de réduire de 400 le nombre de nos fonctionnaires territoriaux, pourraient résonner en écho aux perspectives funestes que laissent entrevoir les mots présidentiels et la création d'un ministère s'affichant « transformateur » de la fonction publique...