
Cruel dilemme en ces jours d'avant Noël.
Ou bien je renonçais à un volet du programme de rénovation urbaine du quartier Berthe, consistant en la démolition de la vétuste résidence sociale du Fructidor qui abrita pendant quarante ans des travailleurs immigrés, devenus de vénérables chibanis qui, pour la plupart, n'ayant plus d'attache dans leurs pays d'origine, sont relogés dans deux résidences modernes et adaptées, l'une en service depuis quatre ans, l'autre en fin de construction. Et, dans ce cas, le maintien du vieil équipement, fût-il sommaire et entretenu vaille que vaille, aurait permis à l'État de continuer à accueillir à La Seyne, comme c'est le cas depuis deux ans, une soixantaine de migrants ayant fui les malheurs de leurs pays.
Ou bien je poursuivais le programme, et La Seyne, faute d'autre espace d'accueil, ne prenait plus sa part dans l'effort national de solidarité que nous devons aux centaines de milliers de malheureux contraints au déracinement.
DES PLACES D'ACCUEIL DE MIGRANTS EN MOINS, HÉLAS
Je me suis résolu, non sans un pincement au cœur, à opter pour la deuxième solution, pour ne pas rompre l'engagement contractualisé avec l'État de respecter le calendrier de notre rénovation urbaine, et surtout, et fort heureusement, parce que j'ai obtenu la garantie que les migrants réfugiés à La Seyne allaient être relogés dans le Var, notamment au Luc et à Toulon.
Mais ce seront toujours plusieurs dizaines de places d'accueil en moins pour ces miséreux venus d'endroits du monde d'où ils fuient l'horreur quotidienne.
Je suis d'autant plus mal à l'aise qu'une récente circulaire du ministre de l’Intérieur remet en cause les principes même de l’action humanitaire et de la gestion par les associations des centres d’hébergement d’urgence, à savoir l’accueil inconditionnel. Or le ministre de l’intérieur lui-même parle de « tri ». Ça fait froid dans le dos.
BIENVEILLANCE ? PAROLES, PAROLES...

Cette circulaire instaure un recensement des étrangers dans ces centres par des agents publics avec les conséquences dramatiques possibles de remise à la rue, alors même que le Président de la République avait solennellement annoncé que plus personne ne devait dormir dehors en fin d’année...
La bienveillance n’est que dans les paroles, mais la dureté, la violence et l’indignité sont dans les faits. C'est inacceptable.
S'il n'étaient que deux vœux que je voudrais formuler en cette veille du temps de solidarité, de joie et de partage que, croyants ou non, la tradition veut que nous observions, ce serait, d'une part, l’abrogation de cette circulaire « pas très catholique » de M. Collomb, la suppression du délit de solidarité et une attitude humaine des pouvoirs publics en direction de tous les migrants, et, d'autre part, que nous trouvions à La Seyne, ville humaine s'il en est, un autre espace qui pourrait nous permettre de continuer à assurer notre petite part de l'accueil des malheureux fuyant leurs pays de misère, de famine ou de violence meurtrière.
Joyeuses fêtes à tous !