Pour ne pas interférer dans la campagne électorale des législatives où il s'agit de battre le Front National, je rédige cet article ce mardi 13 juin, au moment où je me dois de réagir à une étonnante annonce de l'Inspection académique, mais je ne programme sa publication en ligne qu'après la clôture des bureaux de vote dimanche prochain.
Parce que, si ce qui m'a été annoncé est exact et relève d'une instruction du ministère de l'Éducation nationale à ses services départementaux varois, ça friserait la supercherie et confirmerait la politique de bonimenteur que certains accusent le gouvernement de MM. Macron et Philippe de commencer à mener. Comme d'autres gouvernements avant le leur, d'ailleurs...
UNE IDÉE INTÉRESSANTE QUI RECUEILLE L'ASSENTIMENT DE BEAUCOUP...
Tout le monde a bien compris et apprécié l'idée de renforcer l'encadrement des enfants des petites classes de l'école élémentaire dans les quartiers en difficulté bénéficiant d'une attention particulière au titre du dispositif des "Réseaux d'éducation prioritaire renforcés" (REP+). Avec des classes à 12 élèves en CP et CE1, on doit en effet créer de meilleures conditions pour les apprentissages fondamentaux, notamment la lecture et l'écriture.
Au regard des locaux disponibles, et sans aide de l'État aux communes, ce "dédoublement" des classes ne pourra pas se réaliser partout ; ainsi, au quartier Berthe, il y aura à la fois des classes de 12 enfants avec un enseignant et des classes de 24 enfants avec deux professeurs. Pourquoi pas ? En outre, la mesure ne s'appliquera finalement qu'aux classes de CP et non aux CE1. Admettons qu'il faille gérer la pénurie d'enseignants héritée de M. Sarkozy et pas totalement régulée par M. Hollande malgré les 60.000 créations de postes qu'il faut mettre à son actif.
... MAIS UN VÉRITABLE MARCHÉ DE DUPES
Ce qui, en revanche, est bien gênant, c'est que les maîtres supplémentaires nécessaires ne seront pas des professeurs affectés en plus dans les écoles concernées, mais des enseignants qui y exercent déjà comme "surnuméraires" pour assurer du soutien et des pédagogies différenciées en faveur des enfants en difficulté dans le cadre du dispositif officiel "plus de maîtres que de classes" qui porte ses fruits dans les REP depuis 2013 et qui sera ainsi vidé de sa substance... sans que la circulaire qui l'impose ne soit abrogée ! On déshabille Pierre pour habiller Paul.
Cette décision n'est pas acceptable et je soutiens pleinement les enseignants qui, me dit-on, protesteront la semaine prochaine contre ce tour de passe-passe. Et j'en profite pour rappeler ma demande insistante que, comme tous les quartiers populaires défavorisés de France, prioritaires au titre de la "politique de la ville", les deux écoles du centre ancien de La Seyne bénéficient d'un classement en REP+, ce que l'Éducation nationale, pourtant supposée agir pour l'égalité républicaine entre les territoires, se refuse obstinément à décider.