Il y a une semaine avait lieu la commémoration de la fin de la guerre d'Algérie.
Comme chaque chaque année, j'ai prononcé une allocution après le discours de la fédération nationale des anciens combattants d'Algérie (FNACA) et la lecture par Christian Pichard, maire-adjoint délégué aux anciens combattants et à la promotion de la ville, du message officiel de Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État chargé des anciens combattants et de la mémoire. Mon propos...
« Le 19 mars 1962, à midi, suite aux accords d’Evian, est officialisé un cessez-le-feu qui aurait dû mettre fin à huit ans de guerre en Algérie. Les Algériens prononceront l'indépendance officielle de leur pays le 4 juillet 1962. Malheureusement, les combats et les massacres vont se prolonger jusqu'à cette date et même ensuite, parfois avec une violence redoublée. Les principales victimes des derniers massacres seront les Pieds-noirs et les harkis.
« La Nation a souhaité, conformément au vœu de la fédération des associations des anciens combattants d’Afrique du Nord, que le jour officiel soit le jour du cessez-le-feu, mais elle a également décidé d’associer, dans le même hommage, le 5 décembre, les victimes de cette guerre, soldats, appelés du contingent, rapatriés, personnes disparues, populations civiles, victimes de massacres ou d’exactions commis avant et après le 19 mars 1962 en violation des accords d’Evian, ainsi que les victimes civiles des combats de Tunisie et du Maroc.
« De 1952 à 1962, sur ces terres d’Afrique du Nord, plus de deux millions d’hommes ont servi sous les drapeaux. Vingt-trois mille y ont laissé la vie. Ces hommes et femmes, leurs familles, cinquante cinq ans après, gardent leurs âmes meurtries.
« Il est indispensable, dans un monde où les hommes se déchirent encore aujourd’hui, où des populations entières sont réduites à l’exil et dont l’avenir dépend de la charité des peuples, que nous puissions avec solennité, chaque fois que possible, dire notre volonté de paix, d’humanité, et de respect des autres.
« Car, en effet, de plus en plus, c’est l’indifférence qui prévaut, une dureté égoïste d’un côté et trop de souffrance de l’autre. Cela sous couvert de la loi, le tout avec un cynisme, une franchise tels qu’on est effrayé. Comment refuser de voir ces milliers de pauvres gens, femmes et enfants, qui, en dernier espoir, se jettent à la mer ?
« A mes yeux, les replis nationalistes à l’œuvre en Europe, aux Etats-Unis, le Brexit, sont le symptôme de ce malaise qui s’installe. Ce n’est plus « qu’est-ce qui nous rassemble ?» mais « qu’est-ce qui nous différencie ?».
« La xénophobie, la haine et son cortège de violences sont-ils l’étape suivante qui, à défaut de préserver la qualité de vie de quelques uns, détruira, une fois encore, celle de tous ?
« Il m’apparaît donc toujours plus nécessaire de défendre, contre les égoïsmes, contre un nationalisme d’exclusion, une organisation sociale et politique, ouverte à la réflexion de tous, qui, par la discussion, cherche à connaître, à comprendre, les éléments constitutifs de la condition commune aux fins de permettre la réalisation des choix pertinents et collectifs qui « font » le vivre ensemble, dans le plein exercice des droits individuels.
« Nos pensées vont vers les victimes de toutes origines et de toutes confessions, vers toutes les familles endeuillées et meurtries.
« A tous, anciens combattants, rapatriés, harkis, civils je renouvelle l’expression de notre estime. La fraternité c’est la compréhension, le respect, la solidarité. Nous le devons, pour l’idée que nous nous faisons de la communauté nationale. Nous le devons à ceux qui ont démontré leur attachement à notre pays républicain.
« Vive la France républicaine. Vive l’amitié entre les peuples, ici, et partout dans le monde. »