21 novembre 2016 1 21 /11 /novembre /2016 07:06

Depuis que, à notre demande, il a été classé "quartier prioritaire" par l'État, le centre ancien de La Seyne bénéficie ou est en voie de bénéficier d'attentions publiques conjuguées de la part des administrations nationales, régionales, départementales et intercommunales pour l'aider à sortir du marasme.

Profitant déjà du "contrat de ville" pour soutenir des animations et l'accompagnement social des habitants, des actions renforcées de prévention, de police et de justice au titre de la "Zone de sécurité prioritaire" qui, depuis deux ans, en a fait le site du Var où la délinquance a le plus diminué, il a été retenu dans le "Nouveau programme national de rénovation urbaine" dont la phase d'études va commencer sous peu.

 

ÉDUCATION PRIORITAIRE : LE CENTRE SEYNOIS OUBLIÉ ?

Mais, bizarrement, alors que, en France, 97% des quartiers sensibles bénéficient d'un renforcement de l'action éducative et d'appuis pour la réussite scolaire, en étant répertoriés comme zones d'éducation prioritaire, les autorités académiques ou ministérielles n'ont pas cru devoir faire bénéficier notre centre historique seynois de cette attention particulière, comme c'est le cas pour le quartier Berthe et les autres sites fragiles de l'agglomération TPM, du Var et de l'Académie de Nice.

Pourtant, ainsi que c'est apparu il y a quelques jours lors du bilan annuel du programme de réussite éducative de notre commune, on y relève un pourcentage d'enfants en lourdes difficultés scolaires identique à celui des autres zones varoises sur lesquelles l'Éducation nationale consent des efforts accrus.

Cela confirme que je n'ai pas eu tort, il y a un mois, de saisir Nadjat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, pour que cette anomalie soit réparée. Et j'attends avec impatience qu'elle le soit.

 

MA LETTRE À LA MINISTRE

« Madame la Ministre,

« J'ai l'honneur de vous réclamer en urgence le classement en Réseau d'éducation prioritaire Plus des établissements scolaires du centre-ville de La Seyne-sur-Mer (Var).

« La Ville de La Seyne-sur-Mer cumule en effet des difficultés sociales et économiques qui vont en s'aggravant alors que, dans le même temps, ses efforts de gestion et de mise en œuvre des politiques publiques gouvernementales restent sans précédent.

« Le centre-ville, notamment, a été identifié par l'État comme un territoire à enjeux du fait de sa structure sociale et urbaine particulièrement fragile : 3220 habitants résidant un quartier dégradé, paupérisé, où la pauvreté est disputée entre les marchands de sommeil, l’habitat insalubre et les dealers. Il est difficile, dans ces conditions, de travailler à une revitalisation urbaine, sociale et économique, lorsque la tranquillité minimale est à peine assurée et où, pire, la statistique, ne parvenant plus à convaincre, laisse à l’extrême-droite et aux droites extrêmes le champ libre propre à alimenter un sentiment d’insécurité insondable et pernicieux.

« L'action de "Politique de la Ville" sur ce quartier, comme c'est le cas dans l'ensemble des 1300 autres sites retenus au titre de la loi d'orientation pour la ville, doit ainsi se décliner de façon globale dans un ensemble de directions :

- des opérations de lutte contre l'habitat indigne et insalubre, et de politique de peuplement visant à la mixité sociale ;

- des opérations de renouvellement des espaces urbains et équipements et services publics ;

- des opérations de redynamisation de l'économie, notamment commerciale et des services, et de prévention de l'activité illicite ;

- des opérations de prévention de la délinquance et de lutte contre les déviances ;

- des opérations de prévention et de lutte contre la radicalisation ;

- des opérations d'accompagnement social des populations, en matière d'éducation, d'action socio-éducative, d'appui à la parentalité, de formation, d'accès à l'emploi, de sport, de culture, de solidarité, d'égalité femmes-hommes, d'insertion des enfants, des ainés, des handicapés, etc.

« Pour répondre à ces objectifs diversifiés et complémentaires, deux dispositifs majeurs sont mobilisés :

« 1°) un Programme de rénovation urbaine (PRU) concernant le centre-ville est en cours de finalisation dans le cadre d'un contrat de ville, sous forme d'une Opération d'intérêt régional (OIR) dont le protocole de préfiguration, validé par le comité d'engagement de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU), est sur le point d'être signé ; il fera suite à un autre PRU portant sur un autre quartier populaire de notre ville, reconnu comme l’un des plus importants de France, dont le terme est programmé en 2018 après dix ans d’efforts soutenus ;

« 2°) un classement en Zone de sécurité prioritaire (ZSP) du centre-ville a certes permis, avec les moyens dont disposent à la fois l’Etat et la Commune, c’est-à-dire très faibles au regard des enjeux, la mise en place de dispositifs efficients de prévention et de lutte contre la délinquance.

« Il reste une grande absente sans laquelle seront insignifiants les efforts de requalification urbaine, de prévention des radicalisations et des déviances, d'aide à l'insertion sociale et professionnelle des publics parmi les plus fragiles du département du Var : l’action éducative.

« Contrer la délinquance, recréer un cadre de vie urbain agréable, développer l'activité économique, assurer des mesures d'accompagnement social des populations, lutter pour l'insertion sociale et professionnelle, tout cela est en effet très pertinent, à ceci près, et vous en conviendrez, que, sans éducation, peu de choses sont possibles. Des efforts sont faits en matière de réussite éducative, en mettant notamment l’accent sur la mixité sociale et l'accompagnement des enfants et des familles, mais ils s'exercent sans moyens particuliers, d'autant que relevant du droit commun se raréfient, rendant nos volontés quasiment vaines.

« Il manque donc manifestement un pilier majeur à l’édifice : le classement du centre-ville de La Seyne-sur-Mer en REP, comme le sont les autres sites prioritaires de la "Politique de la Ville", et comme l'est l'autre quartier prioritaire de la commune.

« 458 enfants de 3 à 11 ans, identifiés par les services centraux, se répartissent entre 6 écoles primaires. Trois d'entre elles ont plus de 50% de leurs effectifs qui résident sur les sites "politique de la ville". Il me semble par conséquent manifeste que, la cohérence gouvernant, le centre-ville de La Seyne-sur-Mer doit être classé en REP Plus.

« Il n'est pas acceptable pour moi que perdure une situation exceptionnelle en France, injuste et inégalitaire au regard de l'esprit républicain qui doit guider les politiques publiques, au prétexte avancé par l'administration de l'Éducation nationale que le collège qui accueille les enfants et adolescents issus des écoles primaires du territoire concerné est implanté à l'extérieur du périmètre prioritaire au titre de la politique de la ville.

« Je veux croire, Madame la ministre, que vous prendrez en compte les réalités du terrain en répondant favorablement et sans délai à ma requête de classement en REP Plus des établissements scolaires accueillant les enfants et jeunes de ce quartier prioritaire "Politique de la Ville" qui n'en bénéficie pas..

« Je vous prie d'agréer, Madame la ministre, l'expression de mes salutations distinguées. »

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