24 septembre 2016 6 24 /09 /septembre /2016 05:39

Ce vendredi soir, à l'initiative du collectif seynois "100% citoyens", avec l'appui de plusieurs associations et structures locales de quartiers, à vocation sociale, socio-éducative, culturelle ou d'insertion, a été proposée une conférence-débat autour du thème de la laïcité dans une société multiculturelle, animée par le philosophe André Tosel.

Merci à celles et ceux qui en ont eu l'initiative et en ont assuré l'organisation, et à Pierre Poupeney, conseiller municipal qui anime la commission communale de la laïcité que nous avons mise en place il y a quelques mois, qui soutient ce type d'initiative. On a besoin de moments d'échanges sur la question.

L'occasion m'est donnée de communiquer une déclaration de notre municipalité seynoise sur ce thème majeur...

 

Parce qu’elle rassemble les personnes, individus et groupes, de manière à ce qu’ils interagissent, au-delà des différences, en se référant à des règles et à des valeurs communes d’action et de pensée, la laïcité fait société.

En effet, être laïque c’est se reconnaître dans ce qu’affirme la Déclaration universelle des droits de l’homme. D’abord, dans son article 1 qui évoque pour chacun la liberté, l’égalité dans les droits et la dignité, la raison et l’esprit de fraternité, puis dans son article 2 « … sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion publique ou de toute autre opinion, d’origine sociale ou nationale, de fortune, de naissance… ».

En outre, la laïcité, par les valeurs qu’elle défend du fait de cette reconnaissance (droits à la sécurité, au travail, aux loisirs, à l’éducation, à la culture), est un complément aux mœurs. Elle se situe dans le plan des règles non écrites de la vie sociale qui nous renseignent sur ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire. Elle permet ainsi de réguler efficacement les interactions de la vie quotidienne.

Dans le contexte actuel où notre vivre ensemble subit des attentats barbares, nous n’abdiquons pas. A l’inverse des intégristes, si intolérants, si destructeurs d’Histoire et de Culture, si provocateurs des démocraties honnies, nous restons respectueux des droits de tous, hommes et femmes. Aussi nous continuons, c’est notre faiblesse et notre force, à nous poser des questions essentielles sur les limites à la restriction des libertés individuelles, sur la distinction des différentes sphères où nous évoluons : sphères de sens que sont l’école et l’administration républicaines et laïques, sphères de contrainte comme les hôpitaux où l’on est reçu selon le tableau de services, sphères de liberté réglementée que sont les rues et les plages, sphères de liberté maximale que sont les lieux privés.

Force est de constater que nous affrontons des forces qui, au nom de l'interprétation des mots d'un livre - qu'il soit la Bible, le Coran, ou n'importe quel autre, nient, par exemple, des affirmations scientifiques admises par les instances les plus sérieuses du monde entier, ou défendent des relations de dépendance et de soumission selon le genre ou l’origine. Elles sortent délibérément de leur cadre légitime, le sacré et la foi, soumettent leurs diktats sur les mœurs et la vie sociale et tentent d’imposer le principe théocratique.

Si tous les croyants sont également respectables, toutes les croyances ne le sont pas. Est intolérable tout ce qui nuit à autrui, tout ce qui porte atteinte à ses droits fondamentaux, à sa vie, à sa sécurité, à sa liberté (la loi punit quiconque pratique ou accepte des mutilations sexuelles par exemple).

Nous réaffirmons l’égalité des femmes et des hommes dans les droits et la dignité.

Nous défendons, inlassablement, une société où les convictions religieuses ne sont pas prises en compte pour déterminer le statut, les droits et les libertés de chacun.

Nous réaffirmons que chacun doit pouvoir penser librement, sans être soumis à embrigadement ou à des pressions de quelque nature que ce soit.

Nous acceptons qu’un individu, un groupe, adopte des opinions ou des comportements que nous n’approuvons pas, dès lors que ces opinions ou ces comportements respectent les opinions de tous les autres, en particulier dans l’espace public.

Nous revendiquons, à ces conditions, non pas une simple tolérance comme le font certains pays qui exigent la soumission, mais une citoyenneté pleine et entière pour tous.

La laïcité n’impose aucun dogme, aucune conviction, elle laisse à chaque personne le choix de sa vie spirituelle : religion, agnosticisme ou athéisme.

Elle accepte les différences et reconnaît le pluralisme. Ce sont les débats institutionnels qui règlent l’évolution des mœurs comme ils ont permis la contraception, défini les condition de l’IVG, décidé de la loi sur le mariage pour tous… et poursuivent la lutte contre les violences faites aux femmes.

Il revient aux laïques, qu’ils aient la foi ou pas, de définir les règles de vie morale des individus. C’est la meilleure façon de contrecarrer les exploitations intégristes qui voudraient déstabiliser notre société et rendre invisible la présence des femmes. Ils oublient que ce sont toujours les femmes qui reconstruisent les civilisations que les hommes se sont appliqués à détruire.

Afin d’éviter les dérives nous prônons la raison, le respect, le dialogue.

Il ne peut y avoir de solutions aux défis que lancent les forces d’exclusion et de soumission que dans l’éducation et le mieux être économique du plus grand nombre. En ces temps de manipulation, de désinformation, de théorie du complot, l’ignorance est notre pire ennemi, l’éducation notre seul salut : la misère et l’ignorance ont toujours fait le terrain du fanatisme.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale