Depuis l'aube de La Seyne au XVIe siècle, quand on évoque le centre historique, on parle de commerce. La ville n'a pu vraiment entamer son développement qu'à partir du moment où, dans les années 1600, les consuls de la commune-mère de Six-Fours l'ont autorisée à installer un four à pain et des comptoirs de boucherie. Les commerçants sont au cœur de la vie urbaine, hier comme aujourd'hui. Il est dès lors naturel que ce soit à eux que le préfet et le maire ont réservé la primeur du premier point d'étape de la mise en œuvre, depuis quelques mois, du dispositif de zone de sécurité prioritaire (ZSP). Plusieurs dizaines d'entre eux ont répondu à l'invitation que nous leur avons lancée avec l'aide de leur association "Vitrines Seynoises".
DES MOYENS DE POLICE EN RENFORT
Emmanuel Dupuis, sous-préfet directeur de cabinet du préfet du Var, Marie-Joseph Mazel, directrice départementale adjointe de la sécurité publique, et notre commissaire Patrice Buil, ont aimablement répondu à mon invitation et exposé les actions engagées qui, même s'il s'agit d'un travail de longue haleine, commencent à porter leurs fruits. Si, pour l'instant, il n'y a pas eu strictement d'affectation de postes supplémentaires de policiers au commissariat de La Seyne, la réorganisation des moyens des services, à l'échelon du district de police de la moitié ouest du département, a permis de renforcer les ressources humaines intervenant sur notre territoire.
Les commerçants en conviennent : on voit plus de forces de police qu'avant la ZSP, quel que soit le service auquel elles appartiennent : police urbaine, brigade de sécurité territoriale, CRS, brigade canine, police aux frontières, sans compter les effectifs sans uniforme que l'on ne repère pas forcément (c'est normal !) tels ceux de la brigade anti-criminalité, les "stups", les motards en civil... et les policiers municipaux, dont la présence a été doublée aux heures de plus grand besoin, en particulier aux dernières heures d'ouverture et à la fermeture des commerces.
DES PREMIERS RÉSULTATS SUR LA DÉLINQUANCE
Et les résultats sont au rendez-vous. La délinquance n'est pas éradiquée, bien sûr, mais la courbe est infléchie. Les vols et dégradations ont chuté de 27%, et, parmi eux, les vols avec violence sont en baisse de 77%. Et le taux d'élucidation des affaires, avec identification, arrestation et défèrement des coupables, a crû de 47%. Mais des points noirs demeurent, qui contribuent beaucoup au sentiment d'insécurité : les coups et blessures, en hausse de 6%, et surtout les violences conjugales et intra-familiales, en hausse de 23%, illustrant sûrement l'aggravation des situations sociales et économiques de familles à la dérive.
Le succès est également notable sur les trafics de stupéfiants, dont les démantèlements ont quasiment doublé pour les huit premiers mois de 2013 par rapport aux douze mois de l'année précédente. La mise en service des caméras de vidéosurveillance a aussi été évoquée. Si elles n'ont pas toujours l'effet dissuasif que l'on peut espérer d'elles, elles ont déjà permis plusieurs interpellations en flagrant délit et des peines de prison ont été rapidement prononcées par la justice. On prépare actuellement une deuxième tranche d'installations.
Tous types de délinquance confondus, les chiffres du très officiel "indicateur de pilotage des services" mettent en évidence une diminution des faits de 6,5%, et une augmentation des élucidations d'affaires de 31,4%.
UN BESOIN DE DIALOGUE ET DE COOPÉRATION
Plusieurs commerçants ont reconnu ces avancées, et ce sont plutôt sur des modes concrets de relations aux services de police que des échanges fort utiles et empreints de franchise ont pu s'engager : incitation de la police à la saisir et déposer des plaintes autant qu'il est nécessaire, mais, a contrario, témoignages d'appels téléphoniques au "17" ou à la police municipale suivis trop lentement ou de façon inappropriée d'effets, voire même restés sans suite, besoin de visites des policiers auprès des commerçants qui le souhaitent, affinement des heures utiles de présence policière, suggestions quant à la localisation des futures caméras de la deuxième tranche d'installation...
Ce dialogue est nécessaire. Le commissaire s'est déclaré totalement disponible, donnant de façon très concrète les moyens d'entrer en contact personnellement avec lui. Et il a été présenté les permanences du nouveau "délégué à la cohésion entre la police et la population", personne chargée d'une mission de proximité pour recueillir les doléances et faire remonter les problèmes, qui est quelqu'un qui connaît bien La Seyne puisqu'il n'est autre que... le précédent commissaire, aujourd'hui retraité, tout en restant actif !
Le chemin sera long, mais on est sur la voie. J'évoquerai demain les mesures de prévention et de médiation sociale et éducative qui ont également été à l'ordre du jour de cette rencontre. Mais, d'ores et déjà, grand merci à tous, autorités de l'État, policiers, élus et fonctionnaires communaux, associations et commerçants, qui avez consacré près de trois heures denses à cet échange nécessaire.
Et dont j'espère que les militants politiques de droite et d'extrême-droite qui s'y sont invités sans y avoir été conviés, car il s'agissait bien d'une réunion de travail entre police et commerçants, auront pris connaissance d'éléments factuels leur permettant d'affiner leurs analyses, et sauront reconnaître avec objectivité et fair-play la réalité des choses, avec les avancées et les difficultés, comme l'utilité de cette rencontre.