On m'a dit que ça a surpris son monde. C'est sûr que, lorsque l'État, pourtant animé par la gauche, hésite à prononcer le terme de "nationalisation" comme piste à explorer pour ouvrir une perspective de sauvetage d'une grande entreprise lorraine de sidérurgie qui fait actuellement la une de la presse, on peut être étonné que, à La Seyne, on opte pour préserver et optimiser le service public en en faisant revenir dans le giron de l'institution communale certains pans qui étaient confiés au privé.
C'est pourtant ce que j'ai proposé la semaine dernière au conseil municipal qui m'a suivi. Jusqu'à présent, notre service communal était en responsabilité des seuls espaces verts du sud de la commune. Au centre et au nord, une entreprise privée assurait le travail, sauf pour le parc de la Navale dont j'ai déjà "re-municipalisé" l'entretien il y a trois ans en réalisant une économie annuelle d'environ 400000 euros. Et pour les jardins des écoles, dont l'entretien était - et restera - confié à une structure pour travailleurs handicapés qui effectue un excellent travail. Désormais, la quasi-totalité des jardins et espaces verts de la commune seront entretenus par les services communaux.
Je n'en suis pas à mon coup d'essai depuis le début de mon mandat. J'ai opté pour le retour en "régie municipale publique" d'autres services anciennement "extériorisés" : l'entretien de certaines écoles et bâtiments communaux, le stationnement de surface et le parking Martini (dont je rappelle qu'ils avaient été dévolus, contre tarification, à une entreprise qui allait "faire son beurre" sur les 1200 places du centre-ville), beaucoup de travaux d'entretien et réfection des espaces communaux, l'organisation des réceptions publiques (fussent-elles modestes !) à l'occasion des événements communaux et associatifs (tout en conservant un marché de commandes attribué à un restaurant d'insertion de personnes en difficulté), la plupart des offres de loisirs éducatifs des adolescents et jeunes, une bonne partie des missions techniques du service des festivités, etc.
Ce n'est pas par dogmatisme que je "re-municipalise". Je suis un pragmatique. Si le service rendu est au moins d'aussi bonne qualité et qu'il peut coûter, frais de personnel naturellement inclus, moins cher en étant public, je ne m'en prive pas. Et, 9 fois sur 10, s'ils le souhaitent et si j'ai besoin de personnels, j'intègre dans les rangs des fonctionnaires territoriaux les agents de l'entreprise qui avait antérieurement obtenu le marché.
Un de nos opposants, ai-je récemment lu dans la presse, s'est cru obligé de regretter que, pour effectuer cette "re-municipalisation" des espaces verts, j'ai décidé de faire procéder à l'embauche de quatre personnes, ajoutant, si l'article traduisait bien sa pensée et ses dires, qu'on aurait très bien pu trouver ces quatre agents parmi les 1400 fonctionnaires communaux. Si cette déclaration est avérée, je la trouve choquante. Serait-ce à dire que, dans l'esprit de cette personne qui prétend assumer la fonction de premier magistrat, certains des employés de mairie seraient payés à ne pas faire grand chose pour qu'on puisse si aisément les déplacer de leur mission pour renforcer un autre service ? Et que, pour travailler à la création et l'entretien des jardins et platebandes, n'importe qui, sans formation adaptée, ni qualification, ni expérience, pourrait faire l'affaire ? Pas très sympa pour les enseignants et maîtres d'apprentissage qui mènent nos jeunes aux BEP, Bac Pro, BTS et licences professionnelles en matière d'horticulture. Non, Monsieur, les postes créés seront pourvus par des personnels compétents, à partir de documents attestant de leurs formations et expériences, et à l'issue d'un jury de sélection.
Décidément, avec certains, je n'ai pas la même vision du service public et de ceux qui le servent.