Ce jeudi a été inauguré le depôt des bus de l'agglomération toulonnaise, au quartier Brégaillon à La Seyne. Bel équipement, belle intégration paysagère, et utile mise en valeur d'un terrain inexploitable autrement, car très pollué pour avoir été, des années durant, un site de stockage d'hydrocarbures. L'occasion de nous pencher un peu sur nos transports collectifs...

Entre 1995 et 2001, comme adjoint au maire chargé de la politique de la ville et du dévelopement social urbain, j'ai mesuré l'importance d'un moyen de transport collectif urbain et interurbain moderne, propre, rapide, comme élément structurant pour notre grand quartier populaire de Berthe qui entamait sa rénovation. J'ai vu dans la perspective d'un tramway, qui était dans les projets de l'époque, bien avant que ne soit créée la communauté d'agglomération TPM, un moyen majeur de désenclavement et de changement positif d'image du plus grand ensemble d'habitat social du Var, par une ligne en site propre, favorisant son ouverture sur le reste de la ville et sur les communes voisines.

À LA SEYNE, LES TROIS QUARTS DU TRACÉ EN SITE PROPRE SONT RÉALISÉS 

C'est ainsi que, devançant les autres, La Seyne a réalisé elle-même les trois quarts (4,5 des 6 kilomètres) du tracé prévu sur son territoire de la première tranche de la ligne de tramway, reliant le quartier Berthe au centre historique et portuaire de la ville vers le sud, et, vers l'est, à tout le reste du "Grand Toulon", de la gare SNCF de La Seyne jusqu'à l'université de La Garde, en traversant notre pôle de compétitivité mer à vocation mondiale et la ville principale, Toulon. C'est dire que, douze ans après, je suis de ceux qui bouillent que, enfin, les moins de deux kilomètres restants soient réalisés et que circule sur cette voie dédiée autre chose que nos bus traditionnels.

PROJET DE TRAMWAY STOPPÉ : COMMENT REBONDIR ?

Je peux comprendre que des contraintes budgétaires aient amené le Bureau de TPM, dont je fais partie, à se questionner sur la faisabilité de la construction d'une ligne de tramway. Je l'ai toujours dit : si la plupart des communes de l'agglomération pensaient que le tramway n'était plus réalisable au regard de l'évolution de nos finances, je respecterais la démocratie, je me plierais à la majorité, en me disant que mieux valait un Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) que rien. J'ai suggéré que la question soit débattue en réunion du conseil communautaire. Il aurait fallu le faire. Vu l'argumentaire des "pro-BHNS", dont notre président Hubert Falco, une majorité se serait à coup sûr dégagée pour ce nouveau système à la place du tramway, même si, nous, les délégués seynois, préférions ce dernier. La Déclaration d'utilité publique (DUP) pour le tramway aurait ensuite été annulée. Une autre aurait été relancée pour un BHNS. Nous avons peut-être eu le tort de penser que, à quelque chose près, tram et BHNS, c'était la même chose. Or, maintenant, c'est la justice administrative qui a tranché : non, ce n'est pas la même chose. Donc nous n'avons pas respecté notre DUP. Patatras, tout s'écroule ! Et je crains que, avec l'accroissement des difficultés financières des collectivités, notre projet, quel que soit le mode de transport retenu, ne soit repoussé à bien plus tard, même si je comprends l'inquiétude des Toulonnais quant à des travaux sur leur boulevard principal avant l'ouverture du second tube du tunnel. Dommage.

Oui, je le regrette vraiment pour nos populations, pour l'essor économique, pour la structuration urbaine de l'ensemble de notre agglomération. D'autant que la lecture d'un rapport d'experts, commandé en 2009 par TPM elle-même, dont j'ignorais l'existence, me rend désormais perplexe sur ce choix du BHNS. Cette étude, commandée pour nous aider à trancher entre l'un et l'autre des deux moyens de transports, attire clairement l'attention de l'agglomération, confirme "la pertinence du choix initial du tramway", et récommande "une mise en place dès 2014 d'une ligne de tramway"... Gloups !

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