30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 14:45

plantu_15mars07-510d3.jpgJ'ai pris hier soir, seul et en mon âme et conscience, la décision de répondre favorablement à une demande de la Préfecture du Var d'accueillir pour quelques semaines à La Seyne quelques familles de réfugiés bosniaques. Leur installation devrait se faire dans les locaux de l'ancienne école Sainte-Thérèse, désormais propriété de la Ville de La Seyne qui doit y réaliser dans les mois à venir des travaux visant à la transformer en logements sociaux.

J'assume mon choix. Tranquille.

Ces personnes de tous âges ont fui leur village, dans la partie serbe de la Bosnie-Herzégovine. Ce sont des Roms musulmans qui, depuis 2005, ont été déplacés et étaient victimes au quotidien d'insultes et d'agressions, sur fond de racisme et de haine inter-religieuse. Beaucoup ont formulé à la France une demande de statut de réfugiés.

Et j'aurais fait pareil si c'étaient des exilés à peau verte de la planète M103 de la constellation de Cassiopée.

Et, déjà, arrivent à mes oreilles des remarques plus ou moins acerbes, du genre... "Et voilà, à La Seyne, on accueille toute la misère du monde. Et on n'est même pas foutu de loger ceux de nos concitoyens qui attendent depuis des années ! Et même on expulse des mères de famille ! etc"

C'est vrai.

Et je voudrais faire passer deux messages.

D'abord, quand certains de ceux qui tiennent ces propos sont les mêmes qui, en cette période de nombreuses commémorations, appellent au devoir de mémoire, j'ai envie de leur dire combien l'occasion nous est donnée de mettre en pratique ce que nous ont appris, en matière de posture solidaire envers les autres, les résistants, les Justes, et tous ceux de notre peuple français qui, en d'autres temps où c'était autrement plus risqué qu'aujourd'hui, ont trouvé la force et le courage de protéger d'autres hommes, femmes et enfants qui en avaient bien besoin.

Ensuite, aux autorités de l'État, j'ai envie de dire que, prenant cette décision, je pense ne faire que mon devoir de républicain responsable. Mais aussi que j'attends d'elles qu'elles jouent pleinement leur rôle en direction de mes concitoyens de La Seyne et de l'agglomération toulonnaise. Ne serait-ce qu'en matière de droit au logement...

Le préfet doit imposer fermement l'application de la loi "Solidarité Renouvellement Urbain" (obligeant à 20% de logements sociaux par commune) à mes collègues maires qui ne la respectent pas.

Lorsque notre Office Public HLM "Terres du Sud Habitat" dispose de logements vacants et que ceux-ci, le temps qu'ils soient remis à la location, sont squattés par des personnes qui s'y installent sans droit ni titre, le préfet doit faire expulser ces tricheurs qui volent la place aux citoyens respectueux des codes et des critères et patientent sur la liste d'attente d'attribution de logements.

Le préfet doit faire passer à la vitesse supérieure l'application de la loi "Droit Au Logement Opposable". Il doit aider à prévenir les expulsions, et, lorsque, heureusement très rarement, elles sont hélas rendues inévitables par la Loi, accompagner aussitôt les foyers qui en sont victimes pour qu'ils retrouvent sans délai un toit.

Il y a une part de "toute la misère du monde" chez nous, à La Seyne. Peu m'importe qu'elle soit d'ici ou d'ailleurs. L'État républicain doit se pencher sur tous, ceux qui souffrent ici des maux affreux du capitalisme, autant que ceux qui, à juste titre, doivent continuer à espérer trouver dans notre France des Droits de l'Homme la terre d'asile qui leur permettra, simplement, de vivre debout.

 

(Précision : d'autres maires du Var - de toutes idées politiques - ont choisi d'agir comme moi. La préfecture me l'a confirmé. C'est très bien.)

(L'image illustrant cet article a été piquée au dessinateur Plantu. Désolé)

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Publié par Marc Vuillemot - dans Rénovation urbaine - aménagements et habitat